Chronique 02

(sous-titre : Ombres)

 

Le lieutenant Uvi't éteignit l'hologramme. Le poste avancé impérial disparut, laissant les deux unités d’infiltrations seules dans la pièce, réunies autour d'une grande table recouverte de plans tactiques.

 

- Bien ! Dit-il, notre opération commencera dans six heures, préparez-vous et rendez vous au hangar.

 

Les deux groupes se divisèrent et se dispersèrent dans la base afin de rejoindre leurs quartiers. Le poste avancé rebelle avait pour couverture d'être un centre de recherche technologique. Les trois bâtiments disposés en arc de cercle ne semblaient pas avoir encore attirés l'attention de l'Empire. La forêt entourant les deux tiers du complexe y étant peut-être pour quelque chose.

 

- Elriele !

 

L'interpellée se retourna. Meriak, un corellien à la face plutôt carrée, semblait essoufflé, comme s'il avait fait tout le tour de la base pour la trouver.

 

- Alors comme ça tu vas faire partie de l'opération Ombres ? demanda-t-il en reprenant son souffle.

 

- Oui le lieutenant Uvi't vient de nous briefer.

 

Elle rangea son datapad qui lui avait servit à télécharger les plans tactiques de la mission et de prendre des notes.

 

- Il en sera aussi alors, reprit Meriak.

 

- Oui. C'est un bon officier de terrain, on ne craindra pas grand chose sous ses ordres.

 

- Mouai.... du moment que les officiers supérieurs ont bien préparé le plan d'attaque...

 

Meriak eu un rire plutôt inquiétant. Son interlocutrice fronça les sourcils :

 

- Ca va, ça va ! Répondit-elle. Tu sais bien que je n'aime pas cet air la !

 

Elle donna un coup sur l'épaule du jeune homme, au regard pétillant et au sourire le plus large possible, puis elle s'éloigna pour rejoindre ses quartiers et passer à l'armurerie prendre le nécessaire pour la mission.

 

Le complexe disposait de trois divisions d'infanterie légère spécialisée, mais le matériel – difficile à faire entrer – leur manquait. Quelques speeders, aucune artillerie, des vaisseaux de transports camouflés en convois de matériel, aucune infanterie lourde... En somme, peu de possibilités. Néanmoins le commandant de la base « Aube » venait de trouver une opération qui, d'après lui, convenait parfaitement au groupe de reconnaissance. Les deux unités sur le point de partir avaient pour objectif de s'infiltrer dans un poste de traitement de carburants d'une société plutôt louche, pouvant couvrir des opérations de renseignement impériales. L'information était en or pour un chef de secteur secondaire, et l'occasion de se faire mousser auprès de sa hiérarchie aussi. L'infiltration devait servir à un piratage de données.

 

H – 30 minutes.

 

Les deux unités de reconnaissance étaient prêtes. Rassemblées autour de leur lieutenant elles attendaient les dernières recommandations.

 

- N'oubliez pas, le but de l'opération est d'extraire et de remplacer des informations afin de dérouter les enquêtes locales pouvant mener à nos activités et positions dans le système.

 

Il montra deux disques de données.

 

- Ces disques contiennent les informations qui devront se trouver dans les terminaux impériaux à votre départ. Belyss et Nareth en auront chacun un. A vous messieurs.

 

Il leur laissa la parole, les deux soldats prirent les disques et les placèrent dans une poche fixée à leur ceinturon. Belyss prit la parole.

 

- Mon groupe et moi nous tenterons de nous infiltrer par l'entrée nord. Nareth votre groupe maintiendra une position de sécurité au sud qui sera notre porte de sortie. Le complexe est vaste, utilisez bien votre datapad, les plans y ont été transférés.

 

Elriele s'impatienta. Bien que ces instructions soient importantes on allait tout de même pas refaire tout le briefing, se dit-elle. Nareth n'ayant rien à ajouter le lieutenant leur souhaita bonne chance avant de repartir vers le centre de commandement d'où il suivrait une partie de leur progression. Sa décision de ne pas prendre part à l'action militaire laissa un froid. Mais c'était l'heure il fallait partir, les deux groupes se séparèrent pour le transport. Le petit poste de recherche disposait de deux landspeeders V35-Courrier qui feraient une parfaite couverture. Elriele monta dans le véhicule du sergent Belyss. Elle allait être au premier rang, comme lors de la mission. Absorbée dans une méditation creuse et surtout remplie de vide elle se laissa portée par le V35-C glissant juste au-dessus du sol caillouteux de la planète.

 

Afin de ne pas éveiller les soupçons les deux landspeeder avaient prit des directions différentes pour se rejoindre à trois kilomètres de leur objectif.

 

La nuit commençait à tomber, le soleil du système corellien disparaissait peu à peu à l'horizon. La végétation d'ordinaire verte se teintait, au fur et à mesure que le soleil glissait derrière la ligne de vue, de violets et bleus pâles propres à l'environnement du système. Derrière quelques nuages on pouvait distinguer Tralus avec à son coté Corellia et à leur opposé, de l'autre coté de la planète devait se trouver Selonia. Tout paraissait calme. L'absence de lune rendait les nuits épaisses sur Talus ce qui allait être un avantage majeur ce soir. Bien qu'en règle générale ce soit plutôt une gène pour les habitants. Le speeder s'immobilisa et les hommes descendirent de l'engin. Nareth était déjà là, son groupe camouflant le premier V35-C. Elriele et ses compagnons firent de même avec leur landspeeder. Belyss, en tant qu'officier le plus haut gradé pour la mission prit la parole :

 

- Nareth, couvrez le périmètre sud à bonne distance, votre point de ralliement est à deux kilomètres et demi. Mes hommes et moi devons contourner le bâtiment. Laissez nous deux heures pour être en place. Aucun contact radio sauf en cas d'échanges de tirs.

 

- A vos ordres, répondit calmement Nareth.

 

Bien que l'obscurité ne permettait pas de voir l'attitude de cet homme, Elriele devina dans son regard que le selonien n'aimait pas beaucoup se faire commander, surtout lorsqu'il avait la responsabilité d'un officier du même rang que Belyss.

 

* Eux et leur orgueil... J’espère que celui de notre groupe ne fera pas tout foirer ! *

 

Le groupe de Belyss devait se frayer un chemin dans une forêt attenante à la partie nord du complexe, le reste de la zone étant un vaste plateau surplombé d'une colline et de quelques formations rocheuses, dont Nareth devrait profiter pour placer ses hommes.

 

* * *

 

Une fois en place il desserra enfin les dents pour donner ses ordres. Toujours un peu amer de l'attitude du sergent Belyss sa voix fut sèche et directe :

 

- Kiepp et Briot vous allez vous poster au bas de la colline, les rochers et les buissons devraient vous couvrir. Qui a le fusil ?

 

- Moi, répondit Caspe.

 

- Bien, vous et votre observateur trouvez un endroit où vous placer à l'Est, si ça chauffe au premier signe de notre repli vous vous ramenez ! Ca ira pour la distance ?

 

- On n’a pas vraiment le choix...

 

Faites au mieux, Belyss et son équipe vont neutraliser les gardes, mais s'il ont un problème vous devrez les aider. Je reste ici avec Hiish en couverture. Personne ne quitte des yeux la porte d'entrée, et attention sur qui vous tirez, les notres vont se trouver au milieu d'un gros bordel s'ils sont poursuivis.

 

* * *

 

Le sergent avançait avec précaution son groupe juste derrière lui. Après une heure de marche ils s'arrêtèrent. Les lumières du complexe en béton renforcé de plaques de duracier étaient apparues à l'horizon à travers les arbres. Comme prévu ils étaient derrière le bâtiment. Celui-ci était flanqué de piliers métalliques collés à la structure extérieure.

 

- Kryss et E'lin vous venez avec moi, les autres occupez vous des gardes.

 

Les trois soldats dont le selonien sortirent leur blaster paralysants. Ils se glissèrent derrière les piliers pour attendre le premier garde : celui faisant régulièrement le tour du bâtiment. Le garde, en uniforme bleu foncé, carabine à la main avançait tranquillement. Tapis dans l'ombre, les rebelles le laissèrent passer. Le manque de spot de lumière à l'arrière du bâtiment jouait en leur faveur. Le sélonien sortit un couteau et poignarda le garde une fois à sa hauteur. Une main sur la bouche et l'arme blanche venant de lui sectionner profondément la gorge, le cri du garde n'eut pas le temps de remonter et s'éteignit au même moment que sa vie. Il tomba sans bruit. Le selonien fier de son coup essuya sa lame sur l'uniforme de sa victime. Les trois soldats avancèrent et passèrent à l'avant du bâtiment, coté entrée et firent leur travail hors de portée de vue du sergent. Néanmoins Belyss semblait nerveux. Le talusien habillé en civil, comme tous ses compagnons, se mordait la lèvre inférieure avec acharnement. Un coup de blaster retentit, suivit d'un râle étouffé. Le comlink grésilla casi immédiatement :

 

- Sergent on a besoin de Lyra !

 

- On y va, murmura Belyss en bondissant hors des buissons suivit des deux jeunes femmes.

 

Elriele s'arrêta devant la porte blindée. Le sélonien faisait moins le fier après avoir reçu un coup de blaster à l'épaule. Lyra Kryss s’approcha du blessé :

- C'est rien bonhomme ! Lui dit-elle pour détendre l'atmosphère.

 

Le ton de la plaisanterie sembla le blesser dans son orgueil. Il fit une moue.

 

Belyss, gardant les pieds sur terre, demanda à ce que les hommes ayant mené l'attaque se replis vers la position de Nareth.

 

- Et vous deux, dit-il en désignant Elriele et Lyra, on entre. N'oubliez pas, nous sommes des membres de la Triade à partir de maintenant.

 

Belyss faisait bien sur référence à la Triade Sacorienne : une organisation criminelle émergeante qui s'employait principalement à provoquer des incidents entre les colons de Talus et Tralus et les habitants de Corellia et Selonia. Leur but étant de prendre le pouvoir sur l'une des deux planètes afin de déstabiliser et renverser le gouvernement corellien. Certes le Tyrant n'était pas une figure très sympathique de la vie politique locale, mais il avait l'avantage d'éprouver un certain penchant pour des activités que l'Empire eu vivement réprouvées. Entre ça et l'anarchie, il ne manquait plus que les impériaux fourrent leur nez là où il ne faut pas, pour « remettre de l'ordre ».

 

L'entrée du bâtiment était vide, le couloir adjacent également. Pas de caméra de sécurité à première vue. Décidemment c'était leur jour de chance. Le couloir de l'entrée menait directement au centre du complexe. Seul obstacle sur le chemin, une porte blindée de 15 millimètres d'épaisseur en duracier renforcé. Elriele sortit son datapad et le connecta au terminal de la porte. Heureusement l'informatique faisait des miracles... Y comprit ouvrir une porte que n'importe quels bras n'auraient pas réussis à forcer. Une fois le code trouvé elle débrancha l'appareil. La porta coulissa dans un léger bruit d'air comprimé relâché et de frottement métallique.

 

L'étonnement des gardes se refléta comme dans un miroir sur le visage des trois rebelles. Belyss leva machinalement son arme et tira. L'homme en uniforme tomba lentement par terre, paralysé par le rayon venant de le heurter. Le deuxième dégaina son arme et tira au hasard pour couvrir sa fuite vers l'alarme située sur un mur à 15 mètres de lui. Elriele restée bouche bée et croyant sa mort arrivée était restée paralysée, son datapad entre les mains et les yeux fixés sur les armes échangeant des rayons blaster de couleur verte et bleue. Lyra, elle, s'était réfugiée derrière le sergent dans une réaction de survie basique et incontrôlée. Le quatrième tir atteint sa cible, mais l'agent en uniforme bleu avait eu le temps d'activer ce qu'il cherchait.

 

- Bloquez les autres issues de la salle et téléchargez les données !

 

Belyss passa son disque de données à Lyra qui se dirigea vers l'ordinateur principal de la salle. Elriele, une fois sortie de sa torpeur, s'occupa de verrouiller les accès de la salle. Celle-ci en forme de croix avait quatre entrées, une au bout de chaque branche. Elle en verrouilla trois et laissa ouverte celle par laquelle ils étaient arrivés. Pendant ce temps le sergent activa quelque chose. En se retournant Lyra vit qu'il tenait toujours son blaster entre ses mains.

 

- Qu'est-ce que vous faites sergent ? Demanda l'infirmière de combat.

 

Sans répondre Belyss s'approcha du soldat inconscient touché par le premier tir et lui grilla une partie de la tête. Le coup de blaster fit sursauter les deux jeunes femmes. Leur supérieur tira dans la tête du second garde avec le même calme et la même précision qui inspirèrent des sentiments de dégoût et d'horreur au deux subordonnées. En croisant son regard dur et distant, Elriele sentit son sang se glacer.

 

* Pourquoi ? Les gardes étaient neutralisés... et cette odeur... *

 

Elle détestait ce mélange d'air chaud, chargé de carbone et de brûlé.

 

- Vous avez finit ?!

 

La voix résonnât dans la tête d'Elriele. Elle releva légèrement la tête en pensant sortir d'un cauchemar. Un rapide coup d'oeil autour d'elle lui suggéra le contraire.

 

- Ou... Oui balbutia Lyra.

 

Son amie se contenta d'un hochement de tête.

 

- On s'en va !

 

* Il vient d'exécuter deux hommes et ça ne lui fait rien... Peut-être que je ne suis pas faites pour le front... *

 

Elle se refusa à pousser plus avant ses pensées. Ce n'était pas le moment. Les gardes commençaient à forcer les portes. La porte par laquelle ils étaient entrés se referma sur des tirs, interrompant ainsi leur trajectiore. Mais comme la porte Est elle n'allait pas tarder à céder. Les rebelles courraient pour s'enfuir, déjà des rayons verts de pistolet et de carabine les poursuivaient. Il passèrent le sas d'entrée et coururent vers la position de Nareth.

 

- Là ! En face !

 

Lyra montra deux soldats sortant des buissons pour couvrir la retraite de leurs compagnons. Cinq soldats les suivaient de prêt. A découvert ils ne pouvaient pas faire grand chose, ils avisèrent une formation rocheuse qui les abriterait et se glissèrent derrière à mi-chemin de l'autre groupe rebelle. Les carabiniers de Nareth, une fois le champ libre commencèrent à riposter aux tirs impériaux. Lyra se leva soudain, mais Belyss, dont la carrure imposait un certain respect, l'obligea à se rebaisser en faisant pression sur l'épaule de la jeune femme d'une main ferme. Un allié venait de s'écrouler, touché au ventre. Il y avait peu de chance qu'il survive, son corps prit de spasmes ne bougeât bientôt plus. Elriele avait l'impression de tout réaliser en retard. Il allait rester l'esprit en alerte, vif à prendre une décision, repérer rapidement l’ennemi, être attentive aux réactions alliées et à leurs mouvements. Elle commença elle aussi à tirer. Elle sentait que son coeur accélérait ses battements. Chaque tirs lui bloquait une fraction de seconde la respiration. Elle déchaîna une sorte de fureur qu'elle ne se connaissait pas. Elle voulait que chaque rayon craché par son arme soit plus agressif, mortel si ce n'est impitoyable, dispensant une mort méritée. Un tir venant de l'Est perfora la tête du commandant de l'unité de gardes.

 

* Caspe ! *

 

Le sniper avait fait mouche au premier coup. La mort s'était répandu chez sa victime de manière instantanée en coupant toutes les connexions nerveuses et en brûlant une partie du crâne et ce qu'il contient. Le garde s'écroula, projeté sur le coté par la violence de l'impact.

 

Les hommes en uniforme se réfugièrent derrière des containers par réflexe. Lorsqu'un finit par en perforer un, l'explosion qui s'en suivit ne laissa aucun doutes : ils traitaient bien du carburant ici. Le souffle de l'explosion permit aux rebelles d'avoir un moment pour s'enfuir avant que des renforts n'arrivent.

 

* * *

 

Arrivés à la base les blessés furent emmenés à l'infirmerie. Des morts il ne restait que leur plaque nominative sur un casier bientôt vide, un lit au carré dans les quartiers de la 2è section et deux corps proches d'un complexe en partie enflammé éclairant une nuit épaisse.

Créé le mercredi 10 octobre 2007 à 0h08 par Elriele & mis à jour le mardi 20 novembre 2007 à 22h35