Chronique 06

 

 

 

La lame droite, assez fine et d’une bonne longueur paraissait solide. La poignée assujettie à l’arme était finement travaillée. Elle comprenait un garde légèrement arrondie et une bande adhérente, recouvrant le bois d’Endor sculpté, pour qu’elle n’échappe pas des mains de son propriétaire. Elriele observa un moment l’arme, en essayant de jauger sa solidité, ce serait bête que la poignée éclate au premier coup donné, ou que la lame se fissure.

- Attention petite fille tu risques de te couper avec ce genre d’outil !

Le falleen s’était approchée de la jeune femme brune qui observait ses étalages.

- Il est solide ton couteau ?!

- C’est du duracier allégé, avec ça tu trancheras ce que tu veux. C’est un beau modèle !

- Combien ?

- T’es sure de savoir t’en servir ? Rétorqua le vendeur.

Elriele détestait ce genre de type balançant des menaces ou des affronts insignifiants puisqu’ils se prennent pour des durs sans en être. Il suffisait de leu faire peur ou de les défier pour les faire douter et les rendre moins sures d’eux. Ainsi ils remballent leur sentiment de domination et d’intimidation derrière une certaine forme de respect, ou de peur. Elriele prix un ton sec :

- Je te montre si tu veux…

- Bien…

Il fut interrompu par la suite de la phrase de la jeune femme :

- … Mais ce que je risque de couper ne va pas plaire à ta compagne.

Le falleen hésita un court instant et déglutit lentement. Puis son visage s’éclaira et dans un rire rauque il reprit :

- Bien ! Bien ! T’as pas peur toi !

Si le vendeur était un peu plus attentif, il aurait remarqué que son interlocutrice avait la main prête à bondir sur son blaster. Elriele ne cessait d’essayer de prévoir chaque mouvement brusque du falleen. Elle avait plus peur que son expression fermée ne le laissait paraître.

- Ca fera 250 crédits !

- Les voilà.

Elriele allongea l’argent sur le comptoir.

- T’es consciente que ce genre de jouets ne sert pas a grand-chose contre un blaster ?

La jeune femme prit l’arme contondante et tapota son pistolet à sa ceinture.

- T’en fais pas pour moi, je me débrouille.

Elle enveloppa l’arme qu’elle venait d’acquérir dans un grand morceau de toile déchiré qu’elle avait apporté et s’en alla.

La chaleur et la luminosité du soleil tatooinien l’accablèrent dès sa sortie de l’armurerie.

* T’as le don pour te mettre dans de ces situations toi ! * Pensa-t-elle pour elle-même.

 

* * *

 

Le tir vola. Rapide et sans pitié il atteint sa cible une fraction de secondes après être sortit de la cellule d’énergie et avoir été projeté par le canon de l’arme de son propriétaire. Le rodien touché au bras se roula parterre sous la pression de la douleur, dans un cri qui résonna dans le vide. A vingt kilomètre de la ville la plus proche, en plein milieu du désert, il y avait peu de chances que quelqu’un l’entende.

- Non, non, non ! Tu n’iras nulle part tant que je n’aurais pas ce que je veux.

- Tu m’as brûlé le bras ! Tu ne t’en sortiras pas comme ça !

- Estimes toi heureux, je visais le dos…

- Et t’es même pas foutu capable de viser correctement ! Heureusement que je ne fais plus d’affaires avec toi !

Elriele remit son blaster dans son étuis à sa ceinture et sortit de son landspeeder un tissus roulé. Le synthétiseur de voix du rodien cracha encore par-dessus la voix de l’alien :

- Qu’est-ce que tu veux ?!

Elriele répondit calmement. Cette fois c’était elle qui contrôlait la situation, et elle reconnu prendre un malin plaisir à le faire.

- Et bien, tu as eu la merveilleuse idée de te tirer avec ma cargaison… sans me donner mon argent !

- Ho ces vieilles caisses ! Tu me tires dessus pour ça ?!

- Oui. Maintenant tu as deux solutions : tu me les rend de gré ou de force.

Elriele déroula le tissu et empoigna son épée en duracier dont la lame brillait au soleil. Le rodien s’affola. Son synthétiseur de voix s’emballa dans le nombre de traductions à faire dans un si court lapse de temps. Puis il se reprit :

- Holà ! Holà ! T’énerves pas, je peux pas te les rendre… Je ne les ai plus !

Visiblement il disait la vérité, incapable de se relever pour le moment, à la merci de la jeune femme, il n’avait pas de raison de mentir.

- Dans ce cas tu vas me rembourser !

Voyant la lame se rapprocher dangereusement et prit de panique le contrebandier ne se fit pas prier longtemps.

- Ok, ok ! Mais on doit retourner en ville pour ça. J’ai l’argent dans les soutes de mon vaisseau à Mos Espa.

Ce fut une victoire aisée pour la jeune contrebandière. Une mission quasi-avortée allait se révélée assez lucrative et peut-être même y aurait-il un petit bonus.

- Intéressant, il y a quoi d’autre dans les soutes de ce vaisseau ?!

- Ri… rien !

Le rodien était de nouveau hystérique, ses gros yeux rouges cherchaient un moyen de se tirer de ce mauvais pas. Elriele leva alors son arme dans un geste menaçant ce qui délia la langue de sa victime.

- D’accord ! D’accord ! Il se peut qu’il y ait aussi quelques épices.

- Et ben voilà… tu vois quand tu veux. Rétorqua-t-elle en reposant son arme.

- Non s’il te plaît, c’est du convoyage pour Jabba. Si tu les prends il va me tuer ! Et toi avec !

- Hmmm…

Elriele réfléchit un instant. Elle avait la vie du rodien entre ses mains. Cette sensation nouvelle de suprématie s’imposait à elle, mais obscurcissait sa vision des conséquences de ses actes. Elle fronça les sourcils. Elle avait assez d’ennuis comme ça pour le moment. Il était inutile de s’attirer les foudres de la grosse larve baveuse. Surtout qu’un chasseur de prime ou même l’Empire à ses trousses attirerait sûrement l’attention ce que son employeur ne voulait pas bien sur. D’un autre coté la perspective de mourir traquée comme un durni était peu réjouissante.

Elle jeta le rodien dans son landspeeder et alla prélever son dû en crédits. Une fois l’argent en sa possession elle s’empressa de rejoindre son contact à Mos Esley. Elle lui remit la somme moins sa commission. L’humain qu’Elriele rencontra était le même que d’habitude. Dans les un mètre quatre-vingt cinq, les cheveux frisés. Portant une barbe rajoutant quelques années à sa trentaine bien tassée. Un nez large et les yeux aussi sombres que sa peau cuivrée par le soleil de la planète désertique.

- Je vois que tu as récupéré ta cargaison. Dit-il d’une voix calme et autoritaire.

- Pas vraiment, mais le bureau des plaintes m’a donné une petite compensation.

L’humain sourit.

- Ta prochaine mission.

Elriele examina dans son datapad le disque de données que lui tendait son interlocuteur. Elle demanda :

- La commission ?

- 1 000 crédits.

- J’accepte, encore quelques missions comme celles-la et j’arrête.

- On en reparlera…

Le regard de son contact se fit insistant. Il remit sa cape et sortit de l’ombre du bâtiment derrière lequel ils s’étaient retrouvés. Elriele attendit quelques minutes et disparut à son tour dans la foule de Mos Esley.

 

 

Créé le dimanche 6 janvier 2008 à 17h48 par Elriele & mis à jour le mercredi 20 mars 2013 à 14h06