Iheaca Aan'Koth - 02 - Une limace baveuse et verreuse

Les boutonneux en smok du centre de la Galaxie auraient probablement de la peine à comprendre Tatooine. Ce tas de sable paumé est régi par des règles assez particulières. Certes, l’empire est présent et il serait probablement faire preuve d’une très mauvaise foi que d’affirmer que les choses ne sont pas mieux à présent. Malgré tout, les hutts, dame Valarian ou les autres criminels de moins grande envergure sont des acteurs importants d’un échiquier complexe. Dans toutes ces batailles et coups fourrés, il faut soit choisir un camp, soit se faire très discret. Mais courber l’échine et se la coincer, ce n’était pas vraiment le genre de Iheaca. Jeune et impétueuse, elle avait décidé de viser haut. C’est ainsi qu’un jour elle persuada Legerad et Luneh d’aller arranger leur cote auprès de Jabba le hutt.

Les trois avaient déjà souvent travaillé ensemble dans la région de Bestine, que se soit pour l’Empire ou de plus petits contractants. Depuis quelques temps, ils avaient fait des missions pour Bib Fortuna. Ceci afin d’être repéré par le conseiller de Jabba, voire peut-être convoqué au palais. Mais ce genre de personnages se fiche pas mal de qui fait les dizaines de contrats qu’il offre chaque jour.

C’est juste après une tempête de sable qu’ils se mirent en route. Leurs speeders filaient à vive allure au-dessus des dunes. Le crépuscule était entamé lorsque les deux tours du palais apparurent aux yeux de la petite équipe. Jamais ils n’avaient vu de structures aussi imposantes. Ils s’arrêtèrent devant l’immense porte principale. Celle-ci était ouverte et les gardes gamoréens ne leur refirent pas le portrait d’entrée. Un premier bon signe, ils allaient pouvoir discuter.

Un rodien leur expliqua qu’ils n’étaient pas autorisés à entrer. Il leur proposait de tout d’abord témoigner leur bonne volonté en aidant pour quelques petits services dont ils avaient besoin. Iheaca dut plusieurs fois se retenir de vider une batterie de FWG5 dans la face de l’humanoïde verdâtre au nez sifflant. Elle n’aimait pas se faire traiter de Worrt et songeaient à régler définitivement les questions de descendance du personnage à coups de blaster. La zabrak aurait aussi volontiers infligé le même traitement à l’humain au bras arraché, qui portait sa main à son entre-jambes en louchant sur Luneh. Ce genre de déchets mendiait généralement quelques temps, aux bons souvenirs de quelques services rendus, avant de finir dans une dune de la mer de sable. Pas de place pour les faibles était la règle sur Tatooine.

Le valet de Jabba était vraiment misérable et pas du genre arrangeant. Il fallut que chacun aille de son côté escorter des incapables ou tuer un ou deux hommes des sables. Iheaca dût aider ses deux amis medics, ces derniers n’étant pas très doués quand il s’agit de combat. Plusieurs jours furent nécessaires pour avoir le droit d’accéder à la salle du trône. Legerad avait quitté les deux femmes au profit d’autres activités. C’est donc avec son amie twilek que Iheaca descendit les marches menant devant le fameux Jabba.

Se tenant en retrait, Iheaca s’étonnait qu’une créature aussi hideuse puisse avoir autant de pouvoir. Le hutt agitait son corps bouffi, on eut dit que l’effort le faisait transpirer une gelée verte qui coulait sur son corps. Fortuna vint voir les deux nouvellement arrivées. S’adressant d’abord à Luneh, le twilek que Iheaca estimait être le plus laid de la Galaxie, étala une purée d’éloges sur les actes de son amie. La contrebandière n’eut pas le droit aux mêmes compliments que la twilek. Peu importe la manière de le formuler, il voulait juste des gens pour faire du sale boulot. Bib ne faisait que d’emballer de la merde avec du papier de soie pour la petite Lulu.

L’hameçon avait une forme de crocs de vipère. Le conseiller de Jabba parlait souvent ainsi et la contrebandière espérait que son amie ne se ferait pas avoir à ce petit jeu. Mais Luneh le trouvait tellement repoussant qu’elle avait plus pensé à fuir l’individu qu’à l’écouter. Il fallut même lui répéter ce qu’il lui avait demandé.

Quelques missions plus tard, et probablement également parce que les charmes de la twilek devait agir malgré elle, les filles eurent le droit de s’adresser directement à Jabba par l’intermédiaire du droïde de protocole. La limace comptait bien abuser autant que possible de son pouvoir et de sa notoriété pour faire travailler des gens à l’œil.

Quelques temps plus tard, et une bonne série de services effectués sans grands remerciements, la zabrak se fit enfin remettre une mission d’importance. Non pas une escorte, une livraison ou une distribution de coups de boule à des hommes des sables, mais une opération qui nécessitait un bon degré de confiance.

Récupérer l’épée de Rantok fut très aisé. Les hommes de main de Valarian avaient bien remarqué Iheaca et s’étaient précipité vers elle pour la combattre. Mais la dextérité et son très rapide pisto-laser n’avait pas permis aux trois combattants d’arriver à son contact. Le temps de crocheter une serrure dans le petit abri voisin et l’épée était entre ses mains. L’objet rayonnait d’une importance toute particulière, c’était le symbole d’un respect. Certes, le respect que les hors-la-loi accordent n’est pas le plus prestigieux. Mais il permet de mieux vivre quand on quitte Bestine et les zones contrôlées par les troopers.

Sautant sur sa moto-jet, la jeune combattante démarra en trombes. A très grande vitesse, elle fonçait dans le défilé. Une petite montée en évitant quelques pierres, et ce fut le grand saut depuis la montagne au sud du palais. Elle se réjouissait d’en finir. Cela faisait à présent des semaines qu’elle était venue la première fois. Là, elle terminait cette mission seule. C’est avec un sourire de satisfaction qu’elle se présentait dans la salle du trône.

Iheaca regardait Jabba glousser ses remerciements d’une sincérité probablement douteuse. Elle comprenait le hutt comme pas mal de gens qui fréquentait régulièrement le palais. Elle souriait comme il convenait et s’inclinait presque par automatisme en guise de remerciement. La contrebandière avait souvent fait ce cirque devant Jabba à présent. Le hutt le plus puissant de Tatooine avec le bras assez long, si on peut parler des bras dans son cas, pour éliminer quelqu’un à Corrusant méritait bien quelques courbettes. Iheaca se demandait quel ridicule cadeau il trouverait cette fois-ci en guide de remerciement.

« Tant qu’il m’offre pas un de ses amuse-gueule » se dit la jeune zabrak en regardant la bassine pleine d’araignées d’eau dont Jabba se gavait si souvent. Elle avait le regard dans le vague, mais savait exactement au ton de la voix quand Jabba aurait terminé. Quand ce fut le cas, elle le remercia en zabrak, car il est toujours de bon ton que l’on soit sous-estimé dans ces milieux. De plus, beaucoup de monde se tranchaient des avis en quelques secondes sur d’autres personnes dans cette faune.

Après une dernière petite courbette, Iheaca se retourna. Une twilek verdâtre se tenait devant elle avec une bandoulière rouge ornée de deux griffes. La contrebandière avait eu le temps de se dire que la danseuse n'avait pas été gâtée par la nature avant d’être fascinée par l’objet. Ce n’était probablement pas très cher payé pour l’effort demandé. Mais l’objet avait une classe qu’Iheaca appréciait beaucoup.

Sans plus tarder, elle mit le sash d’un rouge sombre. Il contrastait avec l’armure ubese qu’elle portait. La zabrak se dit que cela devait bien aller avec son apparence et contribuer au style qu’elle aimait donner dans le coin. Néanmoins, il était temps de quitter cet endroit.

Alors qu’elle avançait vers la sortie, elle remarqua le regard pesant d’un chasseur de prime derrière sa visière en forme de T. Sans s’arrêter, elle dévisagea le personnage en armure mandalorienne. « Quel frimeur » se dit-elle en passant la porte.

 

Créé le lundi 17 septembre 2007 à 18h29 par Iheaca & mis à jour le jeudi 21 mars 2013 à 15h48