Iheaca Aan'Koth - 03 - Le Selenore

Cela faisait déjà plus d’une année qu’elle squattait un coin de la chambre de Luneh à Bestine, quand sa mère lui demanda de revenir à Mos Espa pour quelques temps. Sans trop savoir pourquoi on lui imposait ce retour, la zabrak avait compris que c’était très important. Sa mère avait employé un ton solennel en lui parlant.

Arrivée dans la petite maison en bordure de ville, elle fut très étonnée de voir son père présent en ces lieux. Certes, elle le voyait de temps en temps. Mais cela avait plus souvent été dans un astroport ou une cantina entre deux voyages à bord des grands transporteurs. Cette fois, il était là dans la maison de sa mère. Un instant Iheaca vit l’image de la famille qu’ils auraient pu être. Mais ses parents semblaient aussi heureux d’être ensembles qu’un Jawa et un Tusken auraient pu. La réalité reprit sa place rapidement, mais malgré tout elle était très contente de revoir ses parents. Ces derniers faisaient apparemment des efforts pour ne pas s’arracher les cornes.

Durant la soirée, sa mère lui expliqua que le moment était venu pour elle de montrer qu’elle était une adulte. Son père avait planifié tout le voyage pour que ce dernier ne coûte pas grand chose. Inutile de dire que ça n'allait pas être de la première classe, le but était de voyager plus ou moins clandestinement de Tatooine à Iridonial. Ca ne lui faisait pas peur, au contraire, ça donnait un peu de piquant au tout. Surtout, ce serait son premier voyage spatial, son premier saut hyperspatial. L’idée d’être dans un vaisseau la réjouissait. Tout ceci s’annonçait plutôt bien.

Iheaca fut étonnée d’apprendre qu’ils ne se rendraient pas à l’astroport. Un vieux vaisseau Sullustant les attendait dans le désert. En fait, il ne les attendait pas eux, mais plutôt la cinquantaine d’esclaves réunis dans un coin de désert par Valarian pour être exportés. Il y avait un peu de tout dans ce groupe. Iheaca était triste pour eux, mais ils avaient tous l’air d’être complètement anéantis, des morts dans l’âme comme le disent les zabraks. Outre le fait d’être convoyée avec des esclaves, Iheaca regrettait également l’aspect du vaisseau, sa vieillesse et surtout le fait d’être cantonnée à la soute. Après des heures, dans la sueur, les pleurs et l’inconfort d’une soute vint l’atterrissage.

Zarhima n’avait jamais vraiment décrit Iridonial à sa fille. Ce fut donc une autre gigantesque claque dans les rêves et illusions de Iheaca. Sortant du vaisseau le plus pourri de la galaxie, elle mettait pied sur une planète encore moins accueillante de Tatooine. Son regard se promenait sur la planète des zabraks. Les lacs noirs rongeaient toute végétation dans leur entourage. De grandes flaques grisâtres et légèrement phosphorescentes semblaient émerger puis disparaître dans l’eau. Le plateau sur lequel ils s’étaient posés n’avait pas mieux que des mousses comme végétation et un vent violent balayait cette plaine. Une imposante chaîne montagneuse débutait non loin et à son pied les lumières d’une grande ville abritée dans une vallée.

Marchant entre ses parents en direction de la ville, elle observait les nuages sombres qui se déplaçaient à la vitesse de swoops. Au sol, le vent était suffisamment violent pour renverser des rontos. « Quand je raconterai ça à Lulu, elle me ne croira pas » se dit-elle. La ville était fort agréable, contrastant avec le climat. Diverses installations technologiques avancées semblaient gérer la météo capricieuse de la planète. Khaz’Thek devait chercher un ami qui les emmènerait dans leur clan. Cela laissait, aux deux femmes, quelques heures à passer en ville. Zarhima voulut faire quelques achats spécifiques. C’est donc seule que Iheaca parcourut les rues. Elle remarqua qu’il y avait des humains qui se comportait un peu comme les seigneurs du crime sur Tatooine. Les esclaves leur étaient destinés et ils avaient dû corrompre beaucoup de soldats impériaux car ceux-ci semblaient plus enclins à aider ces derniers que la population locale.

Son père vint les chercher à l’heure avec une autre zabrak. Il semblait très en colère et elle de son côté semblait ne pas être ravie d’être présente. L’AV-17 de Cilense était conçu pour les voyages en dehors des agglomérations zabrak. L’ambiance semblait électrique, Cilense et Zarhima semblaient toutes deux très hostiles et méfiantes. Mais ce n’était probablement pas le moment de poser des questions.

Cilense était membre d’un autre clan que Iheaca et ses parents. Son tatouage, comme trois grandes griffures différait radicalement des lacets et courbes qu’arboraient ses parents. La jeune zabrak n’en avait évidemment pas. Mais elle était sur Iridonial pour son Selenore, les rites de passage à l’âge adulte chez les zabrak. Si elle les passait avec succès, elle aurait-elle aussi le tatouage de son clan. Pour Iheaca, qui ne connaissait pas dutout son clan d’origine, c’était surtout le fait qu’elle serait considérée en tant qu’adulte dès ce moment. Fini les petits sourires condescendants que l’on fait aux enfants.

Le Landspeeder filait à travers les vallées étroites, qui ressemblaient à d’énormes sillons grattés dans la planète. A chaque endroit où le vent pouvait s’engouffrer, le véhicule était fortement bousculé et plusieurs fois la trajectoire fut difficile à maintenir. Il fallut plusieurs heures de déplacement pour arriver à destination. Un temps que Iheaca investit dans l’admiration de cette planète aussi fascinante qu’hostile. Il lui semblait que les planètes avaient formé les races à leur image. En ayant dû affronter cela durant des dizaines d’années, on pouvait comprendre que les zabraks étaient capable d’endurer beaucoup physiquement et mentalement. Cela lui rappelait le jour où elle s’était plantée son couteau de survie dans la main regardant Hgrek dans les yeux, alors qu’il affirmait que seul les trandoshans avaient des capacités physiques valables. La rêverie envahit la fille à l’arrière du speeder. Elle se mit à imaginer le monde des Twi’leks : des fleurs, des gentils animaux qui viennent se promener dans des jardins luxuriants, des oiseaux qui chantent des berceuses, un monde de coussins et de tapis doux. « N’importe quoi » se dit-elle en se rappelant que la galaxie sortait tout juste de cette foutue guerre engendrée par le désir de pouvoir des Jedis. C’est comme si tout le monde nageait dans un lac d’Iridonial en essayant d’y survivre le plus longtemps.

C’est dans une vallée secondaire, abrité à l’intérieur d’une gigantesque fosse qu’un camp avait été formé par les zabraks du clan Iridonia. Ce cratère d’une vingtaine de mètres de diamètre, possédait de nombreuses grottes et cavités. Les campements provisoires étaient installés dans ces abris et cinq grands brasiers siégeaient dans la partie centrale. Il n’y avait que six jeunes qui n’avaient pas leurs tatouages, Iheaca semblait clairement la plus âgée d’entre eux. Les cinq autres avaient tous au moins fait une des épreuves préliminaires. Ce n’était pas le cas de celle qui avait été élevé sur Tatooine, ses parents avaient convenu qu’elle passerait les trois épreuves sur leur planète originelle.

Non contente de constater que la plupart des autres zabraks passaient leur selenore plus jeune, elle s’en était plainte un peu à son père. Très sèchement, il lui avait répondu : « C’est ainsi, et tiens toi prête à tout moment à présent ». Après cette rapide conversation, elle avait pris le temps de découvrir les autres jeunes. Tout d’abord, celui qui semblait le plus fort, Orthz dont l’une des épreuves avait été de rejoindre cet endroit seul et à pied. Puis Tahia, dont on lui raconta qu’elle avait dû calculer un saut hyperspatial sans droïde et unité d’astrogation. Jer’Mog avait quant à lui décrypté une énigme complexe qui lui avait été soumise et combattu une panthère des marais. Ce dernier n’avait plus que l’épreuve commune à mener. Jirgal n’attendait plus que l’épreuve commune lui aussi, mais il ne fut pas loquace quant à ses précédentes épreuves. Enfin Shila avait passé avec succès une épreuve que Iheaca ne comprenait pas vraiment. Basé sur une séquence de sons cryptés, qu’il fallait reproduire en créant une flûte, elle avait dû désactiver une serrure magnétique qui la maintenait enfermée.

Sa première soirée dans le camp fut très agréable. La jeune zabrak apprit que ses pairs vivaient en fait tous séparément et ne se retrouvaient qu’occasionnellement. La plupart vivaient sur d’autres planètes ou voyageaient et possédaient leurs propres vaisseaux. Chacun racontait ses aventures, ses rencontres et ses découvertes. La contrebande semblait être une activité courante dans le clan, banalisée au point d’être une activité tout à fait naturelle. Son père ne semblait pas tout à fait d’accord avec certains points. Iheaca constat d’ailleurs qu’un certain nombre de reproches lui étaient adressés pour avoir emmené Cilense sur leur lieu de réunion. Sa mère par contre était accueillie les bras ouverts comme si le clan ne l’avait pas vue depuis une éternité. Quant à elle, pour beaucoup elle était la nouvelle curiosité et c’est à une véritable avalanche de question qu’elle dut répondre. Tout ceci l’empêcha de déguster les nombreuses viandes et fruits qui étaient grillés pour la fête de retrouvailles.

Le lendemain matin, très tôt, ses parents la réveillèrent. Ils avaient un air grave et lui tendirent des vêtements souples et solides, ainsi qu’un harnais et un couteau de survie. Sans mot dire, ils la laissèrent se préparer en l’attendant dehors. Quelques instant plus tard, Iheaca sortait de la grotte une boisson énergétique à la main et un fruit dans la poche. « Alors ? » demanda-t-elle. « Le temps est venu pour toi d’affronter l’épreuve physique » répondit sa mère. En se mettant en route Khaz’Thek répondit aux interrogations de sa fille : « Tu vas devoir escalader un pic sur lequel il y a des nids de Lerrarks. Ton épreuve est de nous ramener un œuf ».

Elle s’était déjà amusée à escalader des pics dans le désert de Tatooine. La grimpe ne lui faisait pas peur. C’est ainsi qu’elle aborda l’escalade en toute confiance, assurant prise après prise, elle avançait rapidement. Mais le tout prit une tournure tout à fait différente quand elle atteignit la hauteur à laquelle le pic sortait de la vallée. Des vents violents venaient s’écraser en rafale contre le pic, entraînant parfois poussières et projectiles avec eux. Iheaca s’abrita du côté protégé pour poursuivre l’ascension, en espérant que les nids seraient également du côté abrité. Plus haut il lui semblait distinguer une sorte de cavité, une trentaine de mètres au-dessus d’elle. Il était clair que peu de prédateurs devait pouvoir atteindre cette cavité et il était devenu très peu raisonnable de continuer sans attaches. Elle utilisa sa première attache pour y fixer la corde qu’on lui avait confiée. Chaque prise nécessitait d’être contrôlée et assurée, tellement le vent semblait vouloir dénuder le pic de tout ce qui y était accroché. Arrivée vers la petite grotte au milieu de la paroi, Iheaca osa un regard à l’intérieur. Soudainement, une queue munie de plusieurs pointes en émergea. Le coup la frôla alors que la zabrak se projetait sur le côté. Utilisant cet élan pour se balancer, elle se lança pour attraper un petit promontoire plus éloigné de la cavité. Pendant ce temps, la queue frappait les bords de l’antre de tous côtés. Quelques secondes plus tard, la créature semblait s’être calmée. Iheaca en profita pour s’accrocher au bord de la grotte et tenter de ramper à l’intérieur. La créature avait une forme de reptile se tenant comme un singe. Sa tête lui évoquait un peu son ami d’enfance trandoshan. Le lerrark fit un bond sur Iheaca. Les pattes de la bête étaient munies de cinq très puissants doigts, dont deux étaient opposables. L’un bloquait le bras de la zabrak, l’empêchant d’utiliser le couteau qu’elle tenait en main. La créature rouait l’intruse de coups, mais Iheaca était parvenue à tenir la gueule et les crocs acérés loin d’elle. Après que la queue du lerrak lui ait infligé une douloureuse blessure à la cuisse, une idée traversa l’esprit de la combattante. Tournant sa tête, elle utilisa ses cornes pour percer le cou de la bête. Le sang coulait à flots sur son visage. Mais une minute plus tard son adversaire lâchait prise. Après avoir repoussé la créature en dehors de la cavité, elle fouilla l’antre à la recherche d’œufs. A peine avait-elle mis dans un récipient l’objet de son épreuve qu’un cri de lerrak se fit entendre. Iheaca se coucha sur le dos et quand la tête du reptile de présenta à l’entrée, elle lui envoya ses deux pieds en pleine mâchoire. Le coup arracha la créature de la paroi. Emportée par le vent, elle se stabilisa en l’air grâce aux membranes qu’elle avait sous les bras. Le lerrak parvint ainsi à se poser à près d’une centaine de mètres du pic.

Après quelques minutes de récupération, la jeune zabrak fixa la corde à l’entrée de la cavité. Le rappel pour descendre fut aisé malgré la douleur à la cuisse. Ses parents l’attendaient en bas. Ils étaient très fiers de la réussite de l’épreuve. Zarhima avait pris sa holocam et immortalisa plusieurs fois ce moment. Des images qui ne plurent pas tellement à Iheaca, surtout en raison du sang qui lui couvrait la majorité du visage.

Son aspect fit sensation en rentrant au campement. Les gens voulaient savoir quel avait été l’épreuve et l’issue de cette dernière. Elle fut obligée de raconter plusieurs fois ce qui s’était produit avant de pouvoir enfin aller se laver. Puis, sa mère improvisa quelques points de souture pour la plaie de sa jambe. Enfin, Iheaca put se reposer un moment et le sommeil ne mit pas longtemps à venir.

Les jours suivants, furent plus calme. Elle avait espéré faire l’autre épreuve dès le lendemain. Mais rien ne s’était produit. De nombreuses discussions lui avaient permis d’en apprendre plus sur son clan, ses traditions et les membres qui le composaient. Cilense avait disparue, ce qui n'était pas plus mal selon presque tout le monde et une vieille zabrak avait rejoint le camp dans l’après-midi. On lui avait dit qu’elle avait des pouvoirs surnaturels, certains évoquaient la Force. Iheaca doutait fortement que le « truc » des Jedis existe vraiment. Des gens qui avaient si souvent menti au reste du monde pouvaient bien terroriser des populations avec des pseudo pouvoirs. Leur truc était peut-être simplement comme celui des Fallens, des histoires d’hormones et de phéromones.

C’est quatre jours plus tard, dans l’après-midi, alors que pour la première fois, la couverture nuageuse s’était dissipée, que son père vint la chercher. « Iheaca, il est temps que tu passes ta seconde épreuve. » lui dit-il en arrivant d’un bon pas. « Cette épreuve est différente de la précédente. Elle te demandera d’autres qualités, d’autres approches pour la réussir. »

Souriant, elle lui répondit : « T’inquiète, je suis prête ».

Il l’emmena dans le fond du cratère. Ce dernier avait été débarrassé de tout sauf d’un élément bâché au centre de cette place. Les membres du clan s’étaient tous installés dans des cavités à mi-hauteur. Son père lui redonna le harnais et le couteau de survie. Il lui laissa le temps de se préparer. Puis avant de monter s’installer à mi-hauteur, il lui dit simplement : « il faut le neutraliser ». Ca semblait simple au premier abord.

Iheaca s’approcha de la masse sous la bâche. Cela avait l’air d’être environ triangulaire, deux mètres de large et peut-être un peu plus de trois de long. Le tout n’arrivait pas plus haut que ses hanches. Elle essaya de deviner ce qui pouvait se trouver en dessous. « Prête ? »cria sa mère. Elle fit signe qu’oui de la tête. Ses parents retirèrent alors la bâche avec les cordes prévues à cet effet.

Le regard de la zabrak se figea sur l’E-web monté sur le dos de cette sorte de droïde sur répulseur. « Sont malades » se dit-elle. Apparemment, l’engin n’avait pas de générateur ou d’accumulateurs chargés. Il ne bougeait pas encore. L’alimentation devait provenir des panneaux solaires.

Iheaca saisit son couteau et découpa rapidement sa chemise et les jambes de son pantalon. Puis installa les morceaux de tissus afin de couvrir les plus de cellules solaires possibles. « Ca me donnera un peu plus de temps » se dit-elle, alors que quelques expressions d’approbations se faisaient entendre du public.

Mais le temps manquait. Il fallait chercher au plus vite le boîtier de contrôle. « Merde, il doit être en dessous ». Elle le trouva à l’arrière, presque inaccessible sous le droïde. Si elle laissait suffisamment d’énergie au droïde pour activer ses répulseurs, le panneau serait plus facile d’accès, mais cela lui laissait aussi un potentiel combat plus important. Avec la pointe son couteau, elle commença à dévisser la plaque. Le droïde chargeait ses condensateurs pour agir. Quand le panneau tomba au sol, le droïde enclencha ses répluseurs et se mit en marche arrière à vive allure. Iheaca s’accrocha afin de rester à l’arrière non-exposée au canon laser. Elle lâcha juste avant que le véhicule ne percute le mur. Ile ne semblait déjà plus avoir d’énergie. Mais ses vêtements étaient tombés et il se rechargerait vite.

La zabrak se releva et versa de grandes poignées de sable sur les panneaux solaires avant de se précipiter vers le panneau devenu plus accessible en raison de l’accident. Regardant l’intérieur, une grimace marqua son visage. « Salauds » pensa-t-elle. Tous les fils étaient blancs et indifférenciables les uns des autres. Trouver les bons allait être un enfer. L’idéal aurait été une pince d’analyse magnétique. Iheace jeta un rapide coup d’œil à son couteau de survie. « Ca va pas le faire » se dit-elle « autant faire de la chirurgie à la vibro-hallebarde ». Les noms des puces avaient également été effacés, cela aurait été le cauchemar de l’ingénieur. Cherchant des solutions plus radicales, elle constata qu’il ne serait pas possible de casser les cellules solaires trop bien protégées. L’idéal serait de tout recouvrir. Une idée lui vint en tête. Changeant de plan, elle ramassa quelques pierres et les enfonça dans le canon de l’E-Web en faisant très attention. Soit-il perdrait toute son énergie à les sortir, soit-il essayerait de faire sans le laser. Ceci fait, elle s’éloigna attendant que le droïde reprenne conscience.

Elle n’eut pas à attendre bien longtemps. Allumant à nouveau ses répulseurs, il fit quelques mouvements secs pour faire tomber le sable. Puis après avoir localisé sa cible, il enclencha ses fusées cherchant à renverser son objectif.

Iheaca se tenait en face de lui, alors que le speeder était parti à pleine vitesse, elle lança son couteau dans la rétro-fusée. Puis roula sur le côté. Le droïde percuta les planches masquant l’entrée de l’une des cavernes. La zabrak s’était mise intentionnellement devant.

Après s’être relevée, elle s’avança pour regarder à l’intérieur. Puis s’adressant au droïde : « Ca manque de soleil, hein ! ». Son père et sa mère descendirent la rejoindre. Tous les trois se souriant les uns aux autres. Les autres membres du clan semblaient également satisfaits par le spectacle.

Deux jours plus tard, tous les jeunes avaient réussi toutes leurs épreuves. Ce qui était une grande fierté pour le clan. La vieille zabrak, qui était considérée comme une sorcière ou un oracle, annonça le soir venu que le lendemain serait le jour de l’épreuve commune. Un repas fut servi aux six jeunes, et on les laissa seuls pour la soirée.

Le lendemain, ils se réveillèrent pour constater qu’ils étaient seuls. Tous les membres du clan étaient partis durant la nuit. Dans un container, ils trouvèrent des vêtements appropriés pour leur voyage commun, ainsi que de l’équipement divers et un holo-projecteur. Ce dernier fit apparaître l’image du chef du clan. Ils devaient ensemble arriver dans un ancien temple. Tel était leur épreuve commune. Le regard de tous reflétait la volonté de réussir.

L’holo-projecteur comprenait aussi de nombreux écrits historiques, géographiques et un important répertoire de créatures d’Iridonial. Ils commencèrent donc par étudier les documents pour trouver les localisations possibles pour le temple. Cela prit un temps fou, à chaque fois des doutes virent mettre à mal des hypothèses. Aucune conclusion sérieuse ne put être trouvée avant la mi-journée et ils n’avaient que jusqu’à la prochaine aube pour trouver. Jer’Mog et Tahia découvrirent la position la plus probable d’une construction passée. Rien dans les écrits historiques n’en parlait. Mais ce serait l’endroit idéal pour une structure abritée. D’un autre côté dans un endroit trop peu pratique en terme d’accès pour qu’une société douée dans les constructions y reste. Toutefois, il fallait confirmer au plus vite cette hypothèse. Ils décidèrent d’envoyer deux des leurs en avant au pas de course pendant que les autres avançaient avec un paquetage complet. Ainsi, Iheaca et Orthz entreprirent une ascension pour aller observer la vallée en question. Sans une minute de répit, ils gravirent la falaise. Deux heures plus tard, ils étaient en mesure de confirmer qu’il y avait des traces d’anciennes civilisations zabrak dans cette vallée voisine. Ils utilisèrent un fumigène afin de communiquer ce message, puis s’empressèrent de rejoindre leurs camarades.

Ils se retrouvèrent en milieu d’après-midi, peu avant l’intersection qui leur permettrait de rejoindre la vallée de destination. Arrivés à la jonction, ils découvrirent un autre obstacle sur leur route. Toute la zone était inondée par l’eau noire caractéristique de cette planète. Ils auraient pu nager, mais la densité de bulles d’acides ne recommandait pas cette solution. Ils construirent donc en toute hâte un radeau. Cela leur prit jusqu’à la nuit tombée. Deux heures de perdues, qui n’étaient pas vraiment prévues.

Après avoir débarqué de l’autre côté du lac dans l’autre vallée, après près d’un kilomètre de navigation en ramant avec des branches, le constat était évident. Il fallait aller vite. Un pas de course s’imposait, sinon au moindre obstacle ils échoueraient.

Jirgal trouva de quoi les aider. Une plante à mâcher qui stimulaient les efforts dans la durée. Chacun en prit. Echangeant régulièrement de personne à l’avant afin de motiver les autres dans la marche, ils trouvèrent un très ancien chemin dallé avec de grandes ardoises. Le chemin était bordé de statues représentant des animaux ou des hommes à tête d’animaux. Iheaca ne reconnaissait aucune des créatures. Mais ses collègues natifs d’Iridonial semblaient les identifier.

La nuit s’était bien installée quand les faisceaux de leurs lampes révélèrent une façade de construction fort ancienne. Mais l’endroit semblait désert. Pas un seul membre du clan ne semblait être là. Seul le vent était audible, soufflant sur le plateau en haut de l’impasse dans laquelle ils étaient. Shila semblait atterrée. « On a échoué » soupira-t-elle. « La ferme » répondit Iheaca « c’est peut-être profond ou une sorte de tunnel. On devrait entrer ». « Ouais! » dit Orthz. « En plus, on n'a pas le temps de trouver autre chose, donc autant s’éclater à explorer ici » commenta Jer’Mog.

Contrairement à ce que laissaient croire les apparences externes, le temple était plutôt grand. Ils étaient au bas d’une construction avec plusieurs étages qui semblaient monter vers le grand plateau en haut. Iheaca suivait Orthz qui montait une série de marches. Soudainement, déboulant d’un couloir latéral se tenait devant eux la vieille zabrak. Elle avait une torche à la main. A la lumière de cette dernière le temple avait l’air encore plus grand. Les ombres semblant créer des couloirs dans toutes les directions. « Que nous veut cette squill » se dit Iheaca. La sorcière regarda droit dans les yeux de la native de Tatooine. Si bien qu’un instant, la jeune zabrak se demanda si elle n'avait pas prononcé ces mots.

Avec un dialecte zabrak que Iheaca avait beaucoup de peine à comprendre et avec un air solennel, elle leur dit qu’ils avaient trouvé le lieu de leur épreuve. Elle les emmena dans une pièce et leur ordonna de se changer. C’était un bonheur de retirer les vêtements sales. Après s’être débarbouillé et enfilé d’agréables vêtements qui avaient un air de cérémonie, la vielle les emmena dans une autre pièce. Un grand buffet y était installé. N’ayant mangé que quelques barres de céréales et bu de l’eau minérale, ce repas était accueilli avec joie. Ils se mirent tous à table.

Après les premières bouchées prises avec empressement, l’atmosphère se détendit. Ils évoquèrent les différents moments du Selenore. La sorcière avait disparu. Ils dégustaient la victoire, la fierté de la réussite, tout autant que le repas. Plongé dans l’effervescence de la joie, détendus par l’alcool, stimulé par le gabaki vert qui brûlait dans les braseros, les pensées se troublèrent pour les jeunes dans la pièce. Leurs corps commençaient à se languir d’un contact. Leurs regards s’imprégnaient de désir. Leurs respirations s’accélérant, les effluves imprégnaient encore plus leurs êtres. C’est l’esprit planant, que virent tout d’abord les caresses, puis les baisers. Enfin les premiers rires complices et les premiers gestes plus explicites d’un désir charnel. Leurs esprits en transe, ils ne se souviendraient que de certaines images. Bien incapable de réciter ce qui s’est produit le reste de la nuit.

Les rayons du soleil commençaient à chauffer la peau de sa main, quand les tambours commencèrent à battre en rythme. La salle dans laquelle ils avaient mangé, n’avait plus de plafond. Iheaca constata être dans une sorte de cour intérieur. Sur les balcons, les membres du clan battaient les tambours sur un rythme tribal. Elle était couchée nue à côté d’Orthz. Son regard croisa le sien, s’échangeant cette expression d’embarras des personnes qui ne savent pas, mais croient deviner. Elle mit rapidement ses vêtements. Un mal de crâne rare troublait ses pensées.

Les tambours cessèrent soudainement. Le chef du clan prit la parole pendant quelques minutes. Le discours parlait de l’âge adulte, de leur succès dans les épreuves du Selenore et du tatouage. Suite au discours plusieurs personnes entrèrent dans la cour. A chaque fois trois personnes par jeune zabrak. Les tambours reprirent leur rythmes, et les tatouages commencèrent. Iheaca a encore de la peine à se souvenir de quelque chose de plus douloureux. Mais par fierté et pour que le tatouage soit le plus réussi possible, il ne fallait pas bouger. Deux zabraks aidaient le tatoueur à maintenir les jeunes le plus immobile possible. Broyant un os entre ses dents, Iheaca faisait son possible pour ne pas bouger. Mais les tatouages durent longtemps et l’on ne peut supporter aussi longtemps la douleur. C’est donc alors qu’elle était inconsciente que le tatouage facial fut terminé.

Quand elle reprit conscience, sa mère était à côté d’elle. Elle aurait voulu sourire, mais cela lui était douloureux. En lui tendant deux cachets et un verre d’eau, Zarhima lui dit : « Avale ça et essaie de ne pas le vomir ». Iheaca fit la moue, mais s’exécuta. Puis sa mère la prit dans ses bras, lui murmurant à l’oreille sa satisfaction et ses félicitations.

Son père vint la féliciter plus tard. Il était transporté de joie. Ce qui étonnait tout de même un peu Iheaca, qui se rappelait ne l’avoir vu au plus une centaine de fois sur Tatooine. La zabrak passa le reste de la journée seule. La plupart des membres du clan comptaient repartir le lendemain. Après une immense fête que tout le monde était en train de préparer.

Les jeunes adultes dînèrent ensembles. Sans la présence des drogues et de l’effervescence de la réussite, les discussions semblaient plus sérieuses. Iheaca voulut quand même préciser à Orthz de ne se faire aucune illusion. Pour Jirgal et Shila, il en serait peut-être différent se dit-elle à la fin du repas. Tout le reste de la nuit, la musique et la danse investirent le temple. Une fête comme jamais Iheaca en avait connu.

Ses pieds étaient douloureux au matin quand elle s’endormit, et ce n’est qu’en début d’après-midi qu’elle se réveilla. Sa mère terminait les préparatifs de départ. Iheaca eut un pincement nostalgique en comprenant que déjà le voyage prenait fin. Elle sortit discrètement de la pièce en piquant au passage l’holocam. La zabrak voulait conserver d’autres images de chez elle, de la planète des siens. C’est jusqu’à saturation de la mémoire de l’appareil qu’elle enregistra des images de la région. Puis, il retourna vers ses parents.

Ces derniers l’attendaient ensembles assis sur un banc en grande discussion. Son père se leva et prit des bagages. « Kizern va nous ramener sur Tatooine. Il compte justement aller refourguer quelques containers de pièces détachées à un vieux toydarien qui vit là-bas » annonça-t-il. Il devait s’agir du vieux Watoo, il arrivait presque plus à voler. Mais c’était toujours un sacré filou qui refourguait presque toutes les pièces détachées imaginables. Iheaca avait fait des petits boulots pour lui, surtout avant les courses de pods.

Ils empruntèrent une volée de marche que Iheaca n’avait pas encore découverte. Celle-ci débouchait sur le plateau en dessus du temple. Posés autour du trou donnant sur la cour où avait eu lieu la fête se trouvaient trois magnifiques vaisseaux spatiaux. Les lumières de ces derniers contrastaient avec le ciel sombre et les nuages gris qui défilaient haut dans le ciel. La jeune zabrak restait figée dévorant les modèles de ses yeux. S’avançant pour les observer de plus près, le pilote de l’un de vaisseau lui dit : « Fais gaffe, si on les aime trop, on a plus de foyer, plus d’attaches. Il ne reste plus qu’eux à la fin ». Iheaca le voyait comme un camé. « C’est ça » se dit-elle. Il se trouvait qu’ils allaient retourner sur Tatooine avec le zabrak en question. Le vaisseau était celui que la jeune femme jugeait le plus sympa. C’était essentiellement une question esthétique, car de toute évidence les trois transporteurs légers avaient subi de nombreuses modifications et personnalisations. Dans ces conditions, difficile d’estimer leurs performances.

Après avoir posé ses affaires dans le vaisseau et fait un rapide tour de l’intérieur, Iheaca s’imposa dans le cockpit. Vu qu’elle persistait à rester malgré le silence du pilote, à observer tout ce qu’il faisait, le contrebandier lui proposa de prendre le siège du copilote. Elle ne se fit pas prier deux fois. Dévorant chaque minute passée à cet endroit, elle posait sans cesse des questions. De l’utilité d’un bouton, à un processus de vol en passant par des indications des instruments de vol, tout l’intéressait. Jamais le zabrak n’avait eu un tel interrogatoire sur le pilotage et son vaisseau. Elle regrettait presque la vitesse du voyage hyperspatial quand ils pénétrèrent dans l’atmosphère de Tatooine. Mos Espa se dessinait dans le sable du désert. Ils étaient à la fin du voyage.

Sortis du transporteur léger, les trois zabraks avançaient vers le désert. Iheaca regardait les deux soleils en train de se coucher presque simultanément. Les ocres et les ors laissaient leur place au rougeoiement du ciel. Les couleurs se fondaient les unes dans les autres pour offrir cet exceptionnel spectacle où terre et ciel ne paraissent être qu’un. La toute récente adulte dégustait le spectacle quelques dizaines de pas devant ses parents restés à l’arrière. Un sourire émerveillé éclairant son visage, elle se retourna pour voir si ses parents admiraient également le coucher de soleil.

Et pour la première fois, Iheaca ne put réprimer les larmes qui envahirent ses yeux. Son père et sa mère se tenaient derrière elle enlacés, il murmurait quelque chose alors que sa mère se laissait aller, sa tête au creux se son épaule. La jeune zabrak savait lutter contre la tristesse et la douleur, mais elle était impuissante à lutter contre le bonheur qui l’envahissait.

Créé le lundi 17 septembre 2007 à 18h33 par Iheaca & mis à jour le jeudi 21 mars 2013 à 15h48