Rommor Ep10

l regarda le visage désormais familier dans la glace et donna le dernier coup de rasoir, donnant une dernière touche à ses cheveux, Rommor Jethro sortit des toilettes de l’astroport pour retrouver son châperon à l’air inquiet.

«Je sais, je sais ils ne se sont pas foulés sur la garde robe dont ils m’ont doté, mais ce n’est pas une raison pour faire pareille figure mon ami !»

Le pauvre homme avait écris soucieux en grosses lettres d’Akabesh sur son front, s’il croisait une patrouille impériale il avait plutôt intérêt à ce que sa couverture soit bonne.

«Alors vous êtes bien sûr, ici ?»

Rommor se pinça l’arrête du nez avec l’air affligé.

«C’est la cinquième fois que vous me posez la question, oui Tatooine ira très bien…Ce voyage fut fort agréable, au revoir et bonne chance.»

Il serra la main de l’agent rebelle comme s’il n’était déjà plus là et embrassa la vue de la ville sale et bruyante de Mos Esley…Son moment de conquête mentale fut interrompu par l’homme à côté de lui qui voulait décidément voir le bien partout.

«Si vous voulez reprendre contact nous avons un agent à Anchorhead…»

Rommor sentait sa patience s’éroder.

«N’y rêvez même pas et maintenant filez avant de nous faire repérer tous les deux.»

Rommor prit son sac sur l’épaule et marcha dans la chaleur écrasante et sèche de la place de l’Astroport, il s’enfonça rapidement dans la foule pour ne pas avoir à subir le sempiternel « Et que la force soit avec vous » des boy-scouts de Mon Mothma.

La cantina de Mos Esley, fameuse pour être un des endroits les plus mal famés de la galaxie… Orlol Roxx pénétra bruyamment, son fusil entre les bras, le Barabel jeta un regard circulaire sur l’assemblée noyée dans des vapeurs suspectes et jeta son dévolu sur un coin de bar pour commencer son numéro.

«Qu’est-ce que je te sers ?»

Le barman toujours aussi afable que difforme se savait chez lui, et les deux soldats des troupes de choc qui harcelaient régulièrement les non-humains les moins virulents du bar lui garantissaient que les blasters resteraient gentiment là où ils etaient.

«Si t’as autre chose que de l’urine de bantha dans ton trou à rat, sers-moi !»

Le Barabel riait fort, aussi fort que ses cordes vocales de saurien le lui permettaient, en pratique cela donnait un coassement désagréable qui irrita quelques-uns des habitués…Mais bien sûr il n’y avait pas que des habitués, le Barabel posa ses yeux jaunes à pupilles fendues sur la pire engeance existant après les avocats et les diplomates bothans : le fléau galactique des touristes.
Juché sur un haut tabouret, le petit humain sirotait gaiement une boisson probablement sophistiquée et pleine de mauvais sucre, Orlol Roxx fit claquer sa langue d’enthousiasme, c’était son jour de chance. Il bouscula de sa patte griffue la frèle créature et l’invectiva dans un basique haché.

«Toisssssss, huuuuu-main…Diissssss-moi, aaaaaa ton avisssssss qui essssst plus puissssant, Jaaabba ou Daaame Valarian ?»

Etonné l’humain roula des yeux comme des billes et haussa les épaules.

«Je sais pas, ils jouent dans quelle équipe ?»

Sa réponse fit éclater de rire la faune locale et le Barabel  le saisit par le col.

«Jaaabba fini ! Ici Orlol Roxx fait ce qu’iiiiiil veut et perssssonne l’en empêcher !»

Le petit humain eu un sourire désolé.

«Moi pour ce que j’en dit.»

Et alla voler contre un mur où il se cogna méchament la tête, Orlol Roxx se tourna avec un air de défi vers la porte de l’arrière salle où il savait que Talon Karrde menait ses affaires…Dame Valarian saurait récompenser sa bravoure.

«Euh, excusez-moi…Vous n’avez pas été très civil tout à l’heure et j’estime que…»

Orlol Roxx se retrourna et baissa les yeux sur le pitoyable humain.

«Toi partir horrrrrrs de la vue d’Orrrrrrrlol Rrrrrrroxx !»

Le Barabel bon prince se retourna et laissa une chance au touriste d’aller voir ailleurs s’il y était, il y avait déjà bien assez de façons de mourir à Mos Esley. La vibrolame sectionna ses vertèbres cervicales et Orlol Roxx s’effondra comme un pantin désarticulé…Le petit homme amena doucement au sol le cadavre du Barabel, essuyant son poignard sur ses vêtements.

«Non vraiment tourner le dos à quelqu’un c’est impoli mon ami, mais c’est surtout très stupide.»

Rommor Jethro délesta rapidement le corps du Barabel de ses crédits et menus objets, mais il fit surtout main basse sur le fusil blaster de ce dernier avec une certaine satisfaction. S’accoudant au bar, il finit son verre et fit signe au barman de remettre ça. De l’autre côté du bar, les troupes de choc firent mine de n’avoir rien vu et quittèrent rapidement la scène du crime, pour eux un barabel de moins c’était déjà ça.

«Très franchement, Jabba et Valarian ne boxent pas dans la même catégorie si vous voulez mon avis.»

Le Barman resservit l’étranger aux manières sucrées et l’arrêta au moment de payer.

«C’est la maison qui offre, il y a quelqu’un qui voudrai vous voir.»

Pointant la porte de l’arrière salle, il attira l’attention de l’inconnu au couteau sur un homme sombre aux cheveux longs qui lissait sa moustache l’air occupé. Rommor Jethro se permit un sourire et marcha à la rencontre de Talon Karrde.

On lui avait conseillé de se mettre au vert quelques temps, pour cela Karrde avait donné à Rommor les coordonnées d’une ville toute proche sur le plateau de Mezric où les impériaux n’allaient pas souvent et où les hommes de mains de la Valarian n’iraient pas non plus le débusquer…C’était juste au cas où, exactement le mode de pensée préventive qu’affectionnait Rommor Jethro.
Marchant sur la piste poussiéreuse, le lourd fusil en bandoulière, Rommor essuya son visage couvert de sueur et maudit encore le magasinier rebelle qui lui avait refilé ces fringues. Cette planète aride n’était que caillasse à perte de vue, sans parler de la faune aggressive ni des autochtones. Traînant les pieds, Rommor se rassura en se disant qu’il n’avait plus qu’un kilomètre à parcourir…Puis il réalisa que la ville de Mos Atlas se trouvait au sommet d’un plateau et jura de plus belle.

L’ambassadeur de Bothawui et sa sixième femme étaient justement en vacances ce jour-là, ils devaient rejoindre un chasseur Rodien qui leur avait promis un safari exceptionnel, voir même d’approcher un terrible dragon Krayt. Lorsqu’ils virent l’épave en flammes sur la route de Mos Esley, le bothan de bon cœur s’arrêta en être civilisé pour voir s’il pouvait porter assistance aux victimes de l’accident. Surgissant du sable, trois pillards Tusken se ruèrent en hurlant sur le couple de Bothans non armés, l’ambassadeur regretta finalement que son speeder fu un coupé deux places…Si seulement il avait emporté son droïd de sécurité personnel. Mais il était trop tard, le Tusken brandit son Gaaderfi et s’apprêta à broyer le crâne du bipède canidé devant lui.

Cette vieille pétoire, un DTL-20 que l’on avait amputé de sa crosse, ne disposait même pas d’un scope…Rommor se demanda bien à quoi pouvait servir une arme pareille, puissante certes mais imprécise et avec un capacitor aussi gourmand qu’un hutt affamé. D’un autre côté à une distance pareille même s’il faisait mouche il y avait de grandes chances pour que la décharge traverse le Tusken et le Bothan, avec un rire amusé Rommor Jethro pressa la détente.

Le bruit de la détonation blaster figea les assaillants, et surtout le premier car il n’avait plus de tête, à cinquante mètres de là, un voyageur exclama bruyament sa satisfaction et tira dans la direction générale des deux autres Tuskens qui dégerpirent sans demander leur reste. L’Ambassadeur fut rejoint par son épouse bouleversée et leur sauveur s’approcha.

«Joli tir monsieur, vous êtes une fine gâchette !»

L’homme était jeune et visiblement hilare, inconscient du danger.

«Non pas monsieur, je visais l’autre Tusken !»

Le Bothan déglutit difficilement en riant, ça ne pouvait être qu’une plaisanterie.

«Comment pourrions nous vous remercier ? Vous nous avez sauvé la vie !»

Jouant avec son fusil, l’humain considéra sérieusement la proposition du Bothan.

«Ah, ça je veux bien être damné…Un X-31 modèle Korvet, bel engin ! Et pour tout vous dire j’adooooooore sa couleur !»

Avant que le Bothan n’ait pu répondre, l’hurluberlu sauta dans son speeder, démara et fila en trombe en les salutant de la main.

«Mos Esley c’est de l’autre côté, faites attention aux Scyk ces sales bêtes sont vraiment méchantes !»

Monsieur l’ambassadeur stupéfait ne put qu’agiter désespérément la main, un vague sourire dépité sur le visage…Son précieux speeder de collection n’était déjà plus qu’un point distant derrière un nuage de poussière.

«Charmant jeune homme.»

Mos Atlas était une petite ville proprette et bien jolie, mais ce que Rommor aimait particulièrement ici c’est qu’il n’y avait pas plus de soldats impériaux que de ces saletés de Scyk à traîner dans le coin. Il s’arrêta sur la grande place face au bâtiment imposant qui devait être la mairie, et descendit pour déchiffrer les panneaux, il fut stupéfait de lire : Musée de la Robe.
Un hoquet de rire le saisit, puis il se tordit complètement de rire et retourna vers son magnifique speeder de sport rouge farfouiller dans les vide-poches. Il y trouva quelques objets sans valeur mais finit par dénicher la cache secrète de liquide de l’ancien propriétaire, pécule probablement utilisé pour des loisirs n’ayant pas l’agrément de ses douze épouses. Bien décidé à se distraire un peu et visiter cet insolite musée au milieu du désert, Rommor Jethro pénétra dans la fraicheur agréable du bâtiment.

Et si en effet il y avait des robes, il y trouva aussi des vendeurs de prêt à porter et soupira d’aise en commençant ses redoutables emplètes. La première chose qu’il acheta fut un pantalon confortable, il y adjoint quelques chemises et trouva son bonheur : un blouson de cuir rouge assorti à son speeder, un tel jouet ne pouvait être conduit sans gants, qu’à cela ne tienne Rommor en acheta…Satisfait il parcourut avec curiosité l’étal comme seuls savent le faire les adeptes avancés du shopping, ceux qui savent que lorsqu’on a acheté ce dont on avait besoin, il faut encore trouver ce dont on a envie, un accessoire inutile mais qui viendra telle la cerise sur le gateau illuminer votre journée et qui fera de votre crise consumériste un acte confinant au divin.

Le choix de Rommor s’arrêta sur un accessoire dont la nature le surpris lui-même, un casque…Un casque de swoop en cuir noir avec la paire de lunettes assorties. Il était là, perdu dans la masse de tous les autres accessoires mais la main du jeune homme semblait comme attirée par cet objet unique et étrange. Il le toucha et ressentit presque un contact électrique, un sourire béat se dessina sur le visage de Rommor qui signifia au vendeur qu’il voulait celui là, tout de suite et ce quel qu’en soit le prix.

Dressé face au ravin surplombant Mos Esley et sa région, Rommor, son casque fièrement enfoncé sur la tête respira l’air pur de l’altitude…Il sentait une énergie entreprenante couler en lui, heureux il étendit les bras comme pour dire à l’univers qu’il voulait se rabibocher avec sa mécanique céleste. Mais l’univers est un petit vieux rancunier, toujours prompt à vous filer un coup de pied dans le tibia alors que vous ne vous y attendez pas. Il se manifesta sous la forme d’un Scyk apathique endormi à quelques mètres de là et qui décida subitement que la jambe de la créature devant lui pondrai sûrement de beaux petits Scyks. Selon le rituel d’accouplement très complexe de ces charmants ovipares, le lézard rouge signifia à sa promise qu’il désirait la féconder en lui aggripant fermement le cou avec sa machoire.

Rommor avait beau être matinal, il eut mal.

Dans un soubresaut désespéré pour échapper à l’étreinte du monstueux lézard rouge, Rommor s’empara de son fusil et essaya de tuer la créature ; il l’effraya tout au plus et elle partit blessée dans son orgueil de mâle éconduit, Rommor lui sentit qu’en plus de l’univers, la gravité devait lui en vouloir aussi…Il glissa sur un caillou et tomba à la renverse dans le ravin.

A la surprise générale, après avoir survécu à des batailles spatiales, une execution sommaire, des combats clandestins et autres opérations commando derrière les lignes ennemies, Rommor Jethro s’en était encore une fois miraculeusement sorti. Il avait atteri sur un amas de branchages appartenant à une famille de Mynocks plutôt indignée qui volait en cercles au-dessus de lui en signe manifeste de protestation, il palpa son corps endolori et s’assura que tout était en place. C’est en se levant qu’il remarqua la grose caillasse qui aurait du lui défoncer le crâne, il caressa la surface de son casque légèrement bosseleé et réalisa que ce courageux petit objet avait fait obstacle à lui tout seul à la mécanique implacable de l’univers. Ce casque lui avait tout simplement sauvé la vie.
 

Rommor enleva son casque avec respect, voir même une certaine révérance…A l’intérieur une petite étiquette portait la griffe de son créateur, en lettres de feu un nom s’écrivait : Moira. Mais il ne vit pas l’étiquette, et longtemps avec son casque sur la tête ne comprit pas que l’univers avec ses croques en jambe et autres vâcheries essayait de lui dire quelque chose, à la façon d’une intelligence supérieure tentant de dialoguer avec une fourmi, mais il lui parlait bel et bien. Il ne falait pas être un Jedi pour s’en apercevoir…l’Univers se retroussa les manches et en désespoir de cause se remit au travail.

Créé le samedi 2 juin 2007 à 23h30 par Guinch & mis à jour le mercredi 20 mars 2013 à 14h06