Rommor Ep18

(HRP : Note de l'auteur: Par bien des aspects cet épisode est dérangeant, dans un premier temps il saute directement à la fin de la guerre civile galactique et dévoile beaucoup d'éléments que j'aurai pu introduire autrement, concernant l'apparition d'un personnage connu de l'univers de Star Wars je désire juste préciser que l'idée qui peut sembler saugrenue au départ va me servir plus longuement dans la suite. Cette dernière mettra en scène le géniteur de Rommor dans sa prime jeunesse (époque ancienne république). Enfin vous jugerez sur pièce, merci et bonne lecture!)

Les abords du palais impérial en cette nuit fraiche n’étaient plus que véhicules blindés, positions fortifiées et ruines ; le général Jinto, tout vêtu de camouflage urbain, tapotait distraitement le canon scié de son fusil blaster, arme qu’il emportait jusque dans le poste de commandement mobile. Jinto était un chef de guerre aux manières spectaculaires, aimé de ses hommes pour son excentricité et sa générosité, il toisa d’un air moqueur le colonel Madine, son ancien supérieur alors qu’ils servaient dans l’armée impériale et écouta tomber les rapports.

«Yo Crix, quand est-ce qu’on sabre le champagne ? Il paraît que le vieux a un cellier à tomber par terre !»

Madine lui lança un regard désaprobateur, la bouche pincée avec son habituel air guindé ; Jinto s’esclaffa et regarda la projection tactique, la nouvelle tomba sur la fréquence radio du groupe d’assaut, une voix mal assurée pourtant l’homme à l’autre bout du communicateur était un sacré briscard de specforces.

«Groupe d’assaut pour PC, salle du trône…Sécurisée, le lieutenant est mort, pertes estimées à 60% chez nous et 99% chez l’ennemi ; nous avons un prisonnier ici et il vaudrait mieux que vous veniez voir je crois.»

Jinto sauta sur ses pieds, avant que quiconque ait pu dire un mot le grand soldat avait enfilé le sas de sortie et courrait parmi les décombres pour rejoindre le palais ; c’était un homme de terrain. Il passa la grande porte et on lui indiqua le chemin, tout du long il dut enjamber les cadavres que l’on n'avait pas encore sortis, il y en aurait pour des jours avant que le palais ne puisse accueillir une entrée triomphale des vainqueurs, il faudrait mettre des droïds au travail. Puis au bout du corridor d’honneur aux murs constellés d’impacts de blasters, il vit les grandes portes soufflées par les explosifs, et la scène de fin du monde qu’était la salle du trône impérial.

Les corps mous étalés sur le marbre noir et luisant, l’odeur d’ozone des armes à énergie, le sang épais et noir maculant les tentures et bien sûr l’odeur des fluides corporels accompagnant toujours la mort. Ses specforces, un groupe de combattants à la dure, ne tenaient pas vraiment la zone, la plupart blessés recevaient des soins, l’air éprouvé par la férocité des combats ; le sergent ayant parlé à la radio eu l’air soulagé de voir arriver Jinto, à côté de lui, moulé dans l’armure noire des commandos impériaux, un homme à l’air farouche était encadré par deux soldats.

A son visage Jinto lut que ce n’était pas le moment pour une plaisanterie, très franchement il ne pensait pas qu’ils se reverraient dans cette vie… Mais il avait eu raison d’avoir confiance en la force, le chemin les avait amenés là. Jinto s’arrêta à quelques pas et considéa le corps enroulé dans le drapeau impérial que son vis-à-vis ne semblait pas vouloir lâcher, il soupira et lui posa une main amicale sur l’épaule.

«Toutes mes condoléances mon ami.»

Rommor n’eut qu’un bref signe de tête lourd de sens et assurant sa prise saisit un crystal de données depuis son baudrier, le glissa dans la main de Jinto, serrant furtivement cette dernière avec détresse.

«Escortez le hors de la zone des combats, amenez-le où il veut puis laissez-le partir. »

Les soldats saluèrent leur commandant puis suivirent le commando impérial vers la sortie du palais.

Le centre d’information au combat du super-croiseur « Liberté », jamais dénommé autrement que par l’acronyme CIC à bord, servait de poste de commandement avancé à l’Alliance dans sa campagne de libération des mondes du noyau.
La bataille d’Endor il y a de cela quelques mois avait été un tournant fantastique mais il n’y aurait pas réellement de paix avant que les rebelles soient à Coruscant. Et le palais impérial se trouvait à présent à 80 kilomètres en dessous d’eux. L’Amiral Ackbar n’était pas préoccupé par l’assaut Terrestre, Coruscant en ce qui le concernait s’était rendue avec son gouverneur planétaire suite à la défaite de l’escadre de l’amiral Grammel et la fuite du super destroyer Gardien en hyperespace.
Le Calamari réprima un glapissement d’exaspération en voyant pénétrer le grand homme en armes sur son pont, le général Jinto d’habitude responsable de l’entraînement des Specforces à camp Delta avait tenu à participer aux opérations, il fit un signe de tête au commandant de la fotte et marcha directement vers le cercle des leaders politiques du mouvement pour la restauration de la république. C’est très nerveux qu’il annonça la nouvelle la plus importante depuis la mort de l’Empereur Palpatine.

«Le palais impérial vient de tomber.»

Et un tonnerre d’applaudissements et de hourras éclata alors sur le pont à l’ambiance d’habitude studieuse… Mais Jinto restait roide, considérant d’un air perplexe une grande femme qui le regardait impassible, comme attendant autre chose. Il lui remit un crystal de données, probablement un rapport en lui serrant la main puis s’en retourna à un univers qui était le sien, Ackbar croisa le regard de la conseillère et y lut une certaine lassitude, la guerre civile avait été longue et émaillée de deuils pour chaque membre de l’Alliance Rebelle.

<--Début de l’Enregistrement-->

Les Empires s’écroulent toujours, et les hommes eux courrent en essayant d’esquiver les briques qui tombent de leurs idoles brisées.

Le récit suivant fut une autre époque aurait été un chant épique et glorieux qui serait passé de père en fils, aujourd’hui c’est un secret honteux, une lèpre qu’il convient de cacher et que je réserve donc à vos seuls yeux ma mère.

Vous avez sûrement eu vent de rumeurs à mon sujet, n’y prêtez pas attention ; je côtoie certains de vos agents de terrain et j’aime prêcher le vrai et le faux, habitude d’espion j’imagine. Cette après-guerre qui est celle de votre triomphe sera celle de ma bonne fortune, comme tous les gens détenant des secrets je vais enfin concrétiser ma totale reconversion dans le monde du renseignement privé ; ma petite entreprise comme vous avez pu l’apprendre est plutôt florissante, le Soleil Noir et les Hutts partis notre honorable syndicat s’impose comme la plus puissante organisation du milieu.
Mais je ne suis pas venu me vanter de ce que vous considérez sûrement comme indigne de votre fils, je suis venu vous raconter une autre histoire, une vision incroyable qui aurait du être pour vos yeux. C’est l’histoire d’un soldat madame, telle que je l’aie vue, un soldat digne d’en remontrer au moindre de vos héros éphémères, un homme que la mort n’atteindra jamais. Ce témoignage très personnel est pour sa mémoire, et dites bien au moindre procureur de vos tribunaux fantôches qu’il se garde bien de salir le nom du général Lorn Irrin Cabb ou je m’assurerai qu’il finisse de façon ignominieuse, et vous le savez je suis en position de tenir cette promesse, quel que soit le nombre de gardes wookies que vous placerez à sa porte.

C’était un matin de printemps, un jour très étrange car Coruscant était silencieuse, d’habitude bourdonnante la ruche n’était plus que parcourue par des convois militaires pressés, essayant de s’enfuir, se cacher ou bien comme une poignée rejoignant leur poste pour la dernière bataille.

Comment suis-je entré ? Oh de la plus cavalière des façons possibles, l’arme en bandoulière, revêtu d’une cuirasse et j’ai simplement déclaré à l’officier de contrôle : « Je suis venu pour me battre. » Vous savez les gens de notre caste ont un certain prestige, d’ailleurs nous n’avons ni nom, ni grade ; nous sommmes des exécutants et personne en dessous d’un général ne s’aviserai d’essayer de se mettre en travers de l’exécution d’une de nos tâches. On m’a donc laissé entrer en me promettant à l’enfer, mais l’enfer vous savez je commence à bien le connaître.

J’ai bien entendu ce que disent les médias « libres », Coruscant est tombée très rapidement, son gouverneur planétaire s’est rendu et seules quelques poches de résistance fanatiques ont du être neutralisées par les forces de libération… Foutaises, demandez donc à un des survivants de l’assaut sur le palais impérial, ils vous diront tous que ces couloirs sanglants ont été le théâtre du plus farouche affrontement de votre guerre.

Je ne juge pas l’homme aux couleurs qu’il porte, je le juge à la fermeté de son bras, à la dureté de son regard et au courage avec lequel il fait face à la mort. De part comme de l’autre madame j’ai rencontré des soldats : hommes, femmes, non-humains, tous dignes d’éloges… Mais jamais soldat ne fut aussi impressionnant que celui-ci.
Il est entré dans la salle portant le même uniforme que le soldat du rang, il n’a jamais été un coquet et il n’avait nul besoin de galons pour commander ; il est resté un long moment silencieux alors que tous attendaient un discours, il a croisé le regard de chacun d’entre nous et fait un simple signe de tête, son discours a été celui-ci :

«Economisez vos munitions, ne tirez qu’à portée efficace.»

Il s’est apprêté à partir vers la grande porte puis s’est ravisé pour conclure.

«Ah et si je n’ai pas l’occasion de vous le dire plus tard : être votre commandant en ce jour fut un honneur.»

Si vous aviez vu ces centaines de poitrines se gonfler à l’unisson, mais aucun mot, aucun bruit n’en sortait ; il n’y avait rien de plus à dire, nous l’avons salué et il est parti. Je ne l’ai pas suivi tout de suite, j’étais intrigué par la foule des défenseurs. En majorité des troupes de choc, fidèles jusqu’à la fin, mais aussi quelques soldats de l’armée régulière, un ou deux officiers de marine, des conscrits qui avaient choisi de rester ; un drôle de mélange d’hommes honêtes et d’assassins, tous destinés au charnier.

Puis j’ai quitté le groupe, j’étais le seul représentant des commandos présent, j’ai marché rapidement dans les immenses halls constellés de barricades et atteint l’arche de la grande porte où se tenait le général. Ce n’était pas un baroud d’honneur, une cartouche tirée au petit bonheur la chance ; chaque détachement des défenseurs du palais était mené par un garde pourpre, ces hommes connaissent le palais comme personne, ses pièges, ses secrets… Vos officiers ont mis du temps à le comprendre, toute force quelle que soit sa taille devait se diviser dans le palais et tombait imanquablement dans le piège mortel du dédale de ses couloirs. Combien de soldats avez-vous perdus ce jour-là ? Trop, beaucoup trop bien sûr ; mais il fallait que le palais tombe, votre nouveau régime en gestation ne pouvait se permettre un signe de défi comme le vieux Vornsk tenant l’édifice quelques heures de plus ; tant de morts pour un peu de crédibilité politique, quel gâchis. N’importe quel général un tant soit peu sensé aurait joué la montre et vaincu par la famine, le manque de ravitaillement, l’épuisement ; choisissant son moment pour harceler avant de se retirer hors de portée d’une contre-attaque. Mais pas vous, pas des politiciens, vous n’écoutez même pas le peu de bons officiers que recèle votre armée d’amateurs.

Nous n’avons pas tenu le parvis bien longtemps, après une résistance modérée mais convainquante nous nous sommes repliés derrière les portes. Si vous aviez vu la fierté et l’enthousiasme de ces idiots qui ont cru que le palais allait tomber avec si peu de sacrifices, ils ont grimpé les marches pour agiter leur drapeau et ont explosé. Ils n’avaient pas même pensé que nous piègerions chacune de nos barricades, la surprise a sérieusement entamé le moral de votre seconde ligne, surtout quand ils ont du marcher sur les restes de leurs compagnons pour pouvoir entrer dans le palais.

Mon ton est-il résolument impérial ? Je vous prie de m’excuser, je critique en soldat de métier ; comme je vous l’ai dit la couleur importe peu à la mort, elle frappe tout le monde sans aucune distinction. Je tenais juste à ce que vous sâchiez du point de vue humain quel a été le prix de votre folie, mais votre plus grande perte madame ne viendra que plus tard dans ce récit.

Je pourrai détailler chaque escarmouche, chaque embuscade, nous sortions simultanément devant et derrière vos forces, les acculions dans des impasses ; grenades, lance-flammes et finalement la dague, tout était bon pour en finir. La bataille a durée tant qu’a duré le jour, à la nuit les vôtres ont compris et ont cessé momentanément leurs assauts, en six heures il devait y avoir eu plus de six-cent morts. Vos statistiques sont bien plus optimistes, mais aucun de vos capitaines d’intendance n’est venu couteau à la main compter le nombre d’hommes qu’il a tués et puis bien sûr le public avait besoin d’une autre vérité.

Epuisés mais galvanisés, la peur et la haine avaient lavés ces hommes pour en faire des bêtes, en petites unités nous allions nous reposer dans des pièces sûres, ayant accumulé quelques maigres réserves dans les cuisines du palais. Cela ne durerai pas, mais pour certains ce fut le dernier souper aussi on dévora les mets les plus chers, on but au goulot les vins les plus fins, riant en attendant la mort.
J’ai rencontré un jeune conscrit nommé Damian, il n’avait pas choisi cette vie et l’attaque l’avait surpris en permission à la capitale, savez-vous pourquoi ce jeune idéaliste qui dans les grandes lignes partageait vos idées était là, fusil à la main ? Car il aurait eu honte autrement, laisser les autres soldats se battre à la mort, bien que ne croyant pas dans les valeurs de son drapeau il refusait d’agir en lâche ; j’eus dit agir en sâge mais quelle cruauté de ma part en un instant pareil que de le priver de son seul réconfort : penser qu’il faisait ce qu’il falait faire.
Et chacun de ces hommes avait son histoire, chacun un nom et un visage, chacun un rire et parfois une famille ; alors ne pensez pas que Père soit resté pour obtenir la mort glorieuse dont un Cabb est sensé rêver, il est resté pour ces hommes, pour ses hommes.

Pourquoi ne me suis-je pas révélé à mon père cette nuit là ? Je n’étais pas là pour ça, je n’avais pas à peser sur ses choix ou sur ses actes. Le matin s’est levé blême après une nuit agitée, un ou deux assauts de vos specforces dans lesquels nous avons perdu des camarades ; et c’était enfin la dernière aube, belle et triste comme aucune autre. C’était comme si un peintre avait émaillé d’or liquide les tours arrogantes de la cité-planète, depuis l’orbite ce terminator devait être fascinant à contempler. Un soldat de choc est allé hisser le drapeau comme tous les matins, il est resté appuyé contre le mat la corde en main, trois de vos snipers l’ayant cloué sur place. Alors il l’a fait, il a revêtu sa tenue de parade pourpre, s’est servi une tasse de noir puis est sorti sur le parvis jonché de cadavres ; il a passé en revue vos troupes depuis son promontoire morbide, bu son café et attendu…

«Bonjour messieurs, belle journée pour mourir.»

Il était terriblement sérieux, mais aucun des vôtres tout en colère qu’il fut n’a pu tirer ; c’était trop énorme, le conétable de la garde royale en grande tenue les toisait, seul, à découvert et en buvant son café du matin. Ayant goûté l’instant il s’en est retourné à l’intérieur et chacun était alors prêt pour les tueries du jour. Et ça a recommencé, mais cette fois votre artillerie pilonait la façade, des vagues de fantassins innombrables se déversaient dans les couloirs, tellement que notre tactique de la veille ne servait plus à rien. On s’est battus farouchement tant et si bien que les batteries des blasters se sont vidées, alors la lutte a continuée mais cette fois-ci à coups de crosses, à la baïyonette et au couteau. C’était une boucherie sans nom, nous faisions autant de blessés que possible pour ralentir l’assaillant, ces hommes au ventre perforé se roulaient de douleur en hurlant à la mort, certains furent même piégés à la grenade ; la guerre est sale, je ne crois pas d’ailleurs qu’il y ait une limite aux bassesses dont un homme est capable lors d’une lutte à mort. Personne ne me fera croire qu’il s’agit juste d’un combat pour la survie que l’on gagne et qu’on peut laisser derrière soi sans conséquences, au combat on ne survit pas sans la dose de haine nécessaire pour infliger le pire à son adversaire.
Nous avons piégé les droïds, les serveurs brillants et ridicules s’avançaient au milieu des lignes ennemies, parlant d’une voix pincée avant d’exploser en envoyant du shrapnel mutiler les soldats assez sots ou trop surpris. Ce fut une longue journée, longue et terrible.

En fin d’après-midi nous ne devions plus être que quelques dizaines disséminés dans les étages, le rez-de chaussée était à vous, son sol orné d’un tapis de cadavres et ses murs maculés de sang. Mais le drapeau impérial lui, flottait toujours sur le palais. Equippés d’armes de fortune, la plupart prises sur des morts, nous avons décidé de nous rassembler dans la salle du trône, il n’y avait pas meilleur lieu pour en finir.

J’ai bien compté, en dehors de Père et de moi-même, trente et un soldats défendaient la salle du trône cet après-midi là ; tous sans exception virent leur vie s’achever avec les dernières lueurs du soleil. Mais vous n’auriez pas été des progressistes sans nous proposer un "reddition honorable" et je pense que toute classique qu’elle fut, la réponse du général Cabb a été adéquate :

«La garde meurt mais ne se rend pas.»

Trop de sang avait été versé pour que la fin de cette histoire soit autre chose qu’une tragédie, nous avons renversé tous les objets pouvant servir de couverts, nous sommes disposés, souvent tremblants autant de fatigue que de peur aux endroits stratégiques de la salle et avons attendus. Je rendrais à l’officier commandant cette dernière vague d’assaut la courtoisie qui fut la sienne de ne pas nous faire attendre, c’était un gentilhomme comme on en voit peu de nos jours, en effet ces gens là ont le bon goût de mourir à la guerre plutôt que d’exhiber décorations et fanfreluches une fois le conflit terminé.

La porte a explosé, de part et d’autre les traits de blaster ont fusé à très courte portée, les hommes s’effondraient dans des hurlements de rage et de frustration ; puis il y a eu des grenades et dans la fumée tout est devenu une mêlée confuse.
C’est sur les marches qu’il est tombé, tel un géant, une statue portée au sol rageusement par la révolution, détruit comme le symbôle d’un passé honni. Cet homme, le général Lorn Irrin Cabb, mon père est mort ce jour là.

Et je suis bien votre fils car je l’ai trahi moi aussi, j’ai survécu, je suis à présent le seizième Lord Cabb. Il est de mon devoir de vous sommer madame d’avoir l’obligeance et la descence d’assister aux funérailles de monsieur votre mari, elles auront lieu dans sept jours comme le veut la coutume dans le parc de notre manoir sur Chandrila. Rien de publique, juste notre famille, vous, moi, madame ma femme et vos petits-enfants.

A défaut de pouvoir être affectueuses, recevez madame, mes respectueuses salutations.

Lord Rommor Irius Cabb.

<--Fin de l’Enregistrement-->

Sur Chandrila c’était la fin de l’automne, le grand parc se couvrait de feuilles d’or tombant des arbres ; à l’écart une zone avait été nettoyée pour y dresser le bucher funéraire… C’était contraire aux rites locaux mais les seigneurs de Cabb partaient toujours par le fer et par le feu, elle ne fut donc pas surprise. L’état impeccable du domaine était surprenant, sur la piste privée un yacht spatial luxueux était parqué, dans le manoir on pouvait voir des droïds serviteurs s’activer. Mais ce qui était le plus remarquable c’était l’apparente absence du pourtant imposant service de sécurité dont son fils s’entourait, le sien avait d’ailleurs eu toute les peines du monde à entendre raison et la laisser retourner seule, chez elle. Tout était semblable à ces jours heureux où elle vivait ici avec sa famille, sa famille qu’elle venait retrouver après toutes ces longues années de guerre passées pour chacun d’entre eux dans la solitude.

Sa longue silhouette fut visible de loin alors qu’elle traversait vêtue de blanc la pelouse du parc, Rommor a genoux devant l’autel de bois sur lequel reposait son père avait vieilli, d’ailleurs ce visage n’était plus celui de son fils adoré, mais ses yeux étaient restés les mêmes, semblables à ceux de son père quant à ses cheveux auburn tirant sur le roux, c’étaient bien un trait de sa famille maternelle. Il se releva et s’avança pour l’accueillir, s’inclinant respectueusement avec ce détachement protocolaire qu’il insinuait toujours entre eux, mais c’était un peu de sa faute à elle bien sûr.

«Madame, veuillez recevoir mes condoléances.»

Elle était femme d’état, et maîtrisa son ton pour répondre.

«Merci milord, votre peine est partagée.»

Alors il en était ainsi, la mort de cet homme qu’ils avaient tous deux tant aîmé ne parviendrait pas à les rapprocher, elle se sentit soudain elle aussi vieillie et très triste. Rommor alluma le bûcher avec déférence et frotant ses paumes l’une contre l’autre se mit à réciter les noms de ses ancêtres, il ne s’arrêterai que lorsqu’il aurait atteint le nom de Lorn Irrin quinzième seigneur Cabb.

Le regard de la veuve se reporta sur trois silouhettes attendant un peu plus loin. Une femme plus petite encore que son fils, et deux enfants ; une fille et un petit garçon. Rommor termina sa litanie puis se tourna pour suivre le regard de sa mère, malgré la solennité du moment il parvînt à leur sourire.

«Deseanne, Amyel venez dire bonjour à votre grand-mère.»

Avançant prudemment et sans courir, les enfants vinrent saluer la grande dame de façon très courtoise, la fille un peu effrontée et le petit garçon très timide…Elle s’acroupit et prit leurs mains chaudes avec tendresse, une tendresse dont elle avait oublié être capable.
Leur mère les rejoint ; c’était une petite femme rousse aussi jeune que son époux, avec des yeux très clairs. Rommor prit Moira par l’épaule avec affection et fit les présentations, il sentait sa femme nerveuse mais ne devinait pas toute l’ampleur de son horreur en découvrant qui serait la grand-mère de leurs petits enfants.

«Lady Moira Darksun-Cabb voici ma mère, Dame Mothma de Chandrila.»

La femme à présent la plus puissante de la galaxie, rien de moins.

Créé le samedi 2 juin 2007 à 23h49 par Guinch & mis à jour le vendredi 14 septembre 2007 à 19h08