Rommor Ep26

Onze ans, il avait onze ans et n’avait qu’une seule idée en tête : devenir un homme.
Arhan Teza Toshu est la deuxième porte du cercle de la lance, il s’agit d’un combat rituel complexe qui demande une concentration mentale et physique extrême à la limite de la transe ; un garde du soleil de Thyrsus ne peut porter la lance sans avoir maîtrisé pleinement Arhan Teza Toshu.
Ce sont les douze derniers pas, l’arme doit décrire un cercle complet sur le côté droit, quatre pas ; puis passer dans l’autre main pour accomplir le même mouvement du côté gauche lors des quatre pas suivants. Son erreur ? Il regarde l’arme en vol et essaye de se positionner pour la réceptionner, il n’arrive pas à agripper le corps de l’arme, elle rebondit contre sa paume et heurte même son front ; il tombe au sol.
Les pleurs, de rage et d’épuisement, lui montent aux yeux ; il est dix-neuf heures et il s’entraîne dans la salle d’armes depuis que l’horloge du salon a sonnée seize heures.

«Encore à jouer avec des bouts de bois ?»

Il se relève prestement et efface ses larmes d’un revers de la manche de son Dorzhul bleu.

«J’ai terminé mes devoirs pères, vous pouvez demander à Koshyyr il les a vérifiés.»

Avançant depuis l’encadrement de la porte, le Lord protecteur de Chandrila viens faire face à son fils.

«Je n’en doute pas mon fils, vous êtes un étudiant sérieux et votre précepteur tire la plus grande fierté de vos résultats… Je me demande juste ce que vous faites enfermé dans notre sous-sol alors qu’il fait une si belle après-midi dehors, c’est une journée à sceller son cu-pa et arpenter le domaine jeune maître.»

Le garçon a bien grandi depuis la fin officielle de la guerre il y a sept ans, il a une tignasse épaisse et courte, d’un noir de jais assez étranger à la famille ; ses yeux noisette sont de petits miroirs qui trahissent une volonté farouche.

«Je voulais passer la deuxième porte avant mon douzième anniversaire.»

Son père sourit largement, s’accroupit et prend son fils par les épaules… Il sait que ce petit homme déteste qu’il le prenne dans ses bras.

«Ecoute moi bien Amyel Sylan, ce n’est pas par ce que ta sœur a maîtrisée le cercle de la lance à douze ans que tu dois forcément essayer de l’égaler. Tu n’as aucun goût pour la lance, l’escrime t’amuse mais tu n’as pas un esprit fait pour se plier à la discipline du combat. Pourquoi ne fais tu pas ce qu’il te plaît ? Se mesurer aux idoles du passé n’est pas tout, c’est vers l’avenir qu’il faut se tourner mon fils.»

Il hoche la tête mais tout sur son visage indique qu’il n’accepte pas l’échec, Rommor s’assit sur le tapis et fait signe à son fils d’en faire de même.

«Il arrive parfois que l’on échoue dans les objectifs que l’on s’est fixé, et ce malgré tous les efforts que l’on a pu déployer. Il faut composer avec ta déception, trouver une façon de la retourner pour en faire un atout, trouver ta voie. Deseanna, je l’admet, est une combattante exceptionnelle ; bien meilleur que je ne l’étais à son âge, peut-être même meilleur que ne l’était feu votre grand-père. C’est au grand dam de ta mère qu’elle suit la voie qu’elle s’est choisie, mais elle n’a pas et elle n’aura jamais un esprit aussi vif que le tiens Amyel. C’est ton don, sers-t’en.»

Le garçon se sent mieux, mais il veut être sûr.

«Et vous père, avez-vous connu l’échec ?»

Rommor ne peut qu’acquiescer, l’air grave.

«Bien sûr et l’entêtement dans le refus d’accepter un échec peut parfois coûter très cher. »

Le Minotaure était un énorme cargo bourré de déflecteurs, les ingénieurs avaient été très inventifs en concevant sa coque, lui donnant une incroyable intégrité structurelle. Ceci en faisait un des vaisseaux au taux de survivabilité les plus élevés de la flotte. Mais malgré une bonne couche de peinture grise, quelques tourelles de défense antiaérienne et une électronique avancée, les Galions Stellaires n’étaient pourtant que des cargos et dans le cas du Minotaure, un cargo très endommagé.

«On y est monsieur, ce gros Hutt se traîne à 0.0625 fois la vitesse de la lumière mais nous sommes tout de même passés en hyperespace… HPA au point de rendez vous dans six heures et trente sept minutes, on va être en retard. »

Rommor nota le rapport du quartier maître Matori et activa le communicateur scotché près de l’encolure de son plastron.

«Redd à tous les chefs d’équipage, nous sommes passés en hyperespace ; félicitations à tous mais restez sur vos gardes, SITREP (rapport de situation) pour tout le monde.»

Les rapports succincts confirmèrent que bien que rapide, l’opération avait déjà eu un prix humain. Navette deux avait perdue deux hommes, un opérateur tactique et un opérateur senseurs qui avaient été abattus durant la prise du hall menant au turbo-lifts ; navette trois n’avait qu’un blessé dans l’explosion d’un conduit à plasma… Mais navette quatre avait trois morts en tourelle et navette un ne se réduisait plus qu’à deux des huit scaphandres  de combat qu’elle avait comptée en arrivant.

Rommor fit un rapide calcul, il pouvait mobiliser une bonne partie des navettes deux à quatre pour voir où en était la situation dans le bloc prison ; l’ennemi s’y était retranché comme prévu et avait scellé les accès en essayant d’éjecter la soute, mais il n’allait sûrement pas attendre sagement que l’assaillant découpe les parois à la torche à plasma pour agir.

«Redd aux chefs d’équipage, envoyez à l’armurerie du bord les hommes dont vous pouvez vous passer.»

De l’autre côté des parois blindées de la cale, vingt combattants attendaient et ils savaient que le temps jouait contre eux… Au centre du bloc de détention Gillian Fang jouait avec son couteau de survie pliable, son fétiche. Le sous-lieutenant des Spec-Forces  vérifia une dernière fois son masque à gaz et regarda son chronomètre de poignet.

«Ils vont venir.»

Le sergent Cassus le regarda d’un oeil inquiet.

«Que fait-on des prisonniers mon lieutenant?»

Fang serra la mâchoire et secoua la tête négativement.

«Regardez Harkov et ses gens, il n’y a pas que des salauds parmi ces impériaux et nous ne sommes pas comme eux… Maintenant c’est entre ceux qui essaieront de passer cette porte et nous.»

Cassus vérifia son lourd fusil Blastech A280 et poussa un sifflement mécontent en aspirant une bouffée de fumée de son inhalateur de poche.

«Je ne comprendrais jamais les liens que vous autres mammifères entretenez avec ceux de votre couv…portée. Ca vaut vraiment la peine de mourir?»

Le lieutenant referma une dernière fois son couteau pliable et relit avec peine l’inscription qu’avait fait graver son frère « liberté »… Il le lui avait offert en quittant la maison pour rejoindre l’Alliance.

«Ce cargo aurait pu sauver des milliers de gens Cassus, transporter des déportés ou du matériel médical, des armes… Ca en valait la peine. Tu es avec moi sergent? »

Le sifflement du sergent ressemblait cette fois plus à un rire.

«Si ces impériaux veulent les prisonniers d’un Bloodscale ils devront les payer au prix fort… Si on peut régler vos comptes en plus alors j’en suis lieutenant.»

Gillian Fang prit son pistolet en main et soupira en passant la porte, un soupir de soulagement… Anem serait vengé aujourd’hui, son meurtrier allait payer.

Quittant l’armurerie, le groupe d’assaut était prêt ; Rommor déplia la crosse de son E-11 et dévisagea l’homme chauve marchant à côté de lui.

«Vous êtes bien sûr de vous capitaine? Je n’aime pas trop cette idée.»

AK-2048 savait bien que cet objectif secondaire ne faisait pas du tout parti du profil de la mission, mais combien d’autres frères étaient enfermés dans cette cale? Bien sûr les « originaux » ne pouvaient pas comprendre, les troupes de choc étaient prêtes à mourir pour l’ordre nouveau, mais si il y avait un espoir de sauver ses frères alors AK-2048 allait essayer.

«Faites moi confiance, vous aurez votre brèche monsieur… Profitez-en juste de façon optimale.»

Les fusiliers gardèrent le silence, ce frégaton était un vrai glaçon, il avait juste adressé un signe de tête à ce dingue qui s’était ficelé une torpille à proton sur le torse, il allait le laisser faire. Les quatre spationautes autour du sas d’entrée étaient tendus, leurs torches à plasma prêtes.

«Grenade choc, entrée dynamique de la première équipe de tir, ensuite on brise le point de résistance et on neutralise tous les terroristes.»

Dans une pluie d’étincelles aveuglantes, le sas fut découpé avec adresse en moins de dix minutes, puis dans un bruit sonore il heurta le pont métallique. La coursive était obscure, la fumée âcre issue des torches à plasma commençait à s’y déverser.

Le bruit de roulis d’une grenade, une explosion ; puis dans le silence qui s’ensuit des corps bougeant au ralentit, des tirs partant d’ici et là.

«Première position!»

La scène accélère, à présent tout va trop vite. Les quatre fusiliers prennent place derrière les maigres couverts des arches, l’ennemi tire et envoie une grenade défensive. Un mort de plus.

Les énormes traits déchirent l’air et les parois fondent à l’impact, au point de contrôle de l’embranchement les rebelles ont monté un blaser mitrailleur lourd E-web.

«Tir de couverture!»

Le geste est un passage de main au dessus du crâne puis le doigt pointe le capitaine des troupes de choc, l’équipe d’assaut impériale comme un seul homme n’a plus alors qu’un but: couvrir le soldat qui s’élance en courrant vers la position ennemie.

Le fou.

Rommor contemple les derniers pas du commando d’apesanteur alors qu’un tir lui fait exploser un quadriceps, il s’écroule et sa main s’agrippe désespérément à la barricade ennemie…

La minuterie de déclenchement de l’ogive d’une torpille miniature met soixante-dix centièmes de seconde à initier sa réaction, soixante-dix centième de seconde et neuf êtres sapiens meurent. Fusion totale, pas de souffle, juste l’expansion du plasma en une bulle ou toute matière va soudainement être annihilée dans un éclair de lumière blanche.

Bien que préparés les assaillants sont eux-aussi aveuglés, Rommor hurle dans son communicateur.

«Deuxième équipe de tir!»

Et le reste du groupe d’assaut pénètre, le croisement suivant des coursives n’existe plus, il n’y a qu’un vide, des parois grésillantes en train de refroidir ; quelques tirs et la deuxième position défensive ennemie, elle aussi sous l’effet de choc, est neutralisée.

Ils ne sont plus que quatre, le combat a duré moins de cinq minutes et ils ne sont plus que quatre! Gillian Fang regarde la console de surveillance et voit les impériaux se réorganiser très vite.

«Ce n’était pas un combat, c’était un massacre… Une bombe humaine, ils ont utilisé une bombe humaine!»

Et sur l’écran, il le voit, le visage est le même que celui du dossier que lui a montré le colonel Madine… l’Homme qui a tué son frère, glacial et imperturbable, avec ce même air fier sur le visage, comme s'il survolait l'lhorreur de la situation.

«Ca ne marchera pas sergent, ce type est cinglé.»

Le Trandoshan oscille de la tête, il a verrouillé la porte du PC de sécurité juste à temps et si la perte d’un membre ne le dérange pas trop, il aurait bien eu besoin d’une seconde main pour ce qui va venir… Mais il assure la prise sur son fusil et siffle.

«On a pas le choix, il faut essayer mon lieutenant et puis on a plus rien à perdre.»

La lourde porte blindée s’est rabattue, isolant la zone critique du secteur de détention. Rommor enrage mais ne montre rien à ses hommes.

«Zone sécurisée monsieur, nous venons de neutraliser les derniers systèmes de surveillance ; nous avons accès à deux blocs et évacuons en ce moment les prisonniers vers les section de proue.»

Il n’ aucune idée du nombre de rebelles retranchés derrière cette porte, il espérait que la violence de l’assaut initial suffirait, mais il a perdu trois hommes et libéré seulement deux des blocs sur les seize que compte la cale du Minotaure.

«Passerelle au commandant, les rebelles nous contactent sur une autre fréquence monsieur.»

Rommor se demande si ces gens avaient encore l’espoir de vivre, peu probable et donc très dangereux pour les otages, il écoute néanmoins le message ennemi.

«Nous avons encore des otages: envoyez-nous votre officier supérieur, nous voulons négocier!»

Sa décision était prise, Rommor détacha son plastron et le laissa tomber au sol. Les regards des fusiliers autour de lui se firent lourds ; il posa ses armes et ne se munit que de son communicateur.

«Ici le capitaine de frégate Redd, je suis l’actuel commandant de ce navire… Je souhaite entendre vos propositions.»

L’Adjudant des fusiliers demanda ce que son commandant comptait faire, Rommor lui donna alors des consignes précises ; des deux côtés les protagonistes se rappelèrent bien une chose:

«l’Empire ne négocie jamais avec des terroristes.»

Les mains attachées dans le dos, Rommor s’arrêta sous la pression de fer de l’immense Trandoshan ; l’insigne de poitrine de l’homme en face de lui le désignait comme le plus haut gradé des quatre rebelles autour de lui.

«Redd, vous ne vous foulez pas pour vos couvertures dans les services secrets impériaux je vois.»

L’Assassin impérial songea au Commodore Thrawn et feint une légère surprise; quelqu’un avait averti Harkov que l’Empereur avait envoyé un de ses agents pour l‘éliminer, visiblement l’hypothèse du Commodore  sur la source des ces renseignements se vérifiait vu les renseignements dont disposait ce sous-lieutenant des spec-forces.

«Ne vous fatiguez pas Alpha Red, je sais qui vous êtes et je sais qu’au moment où nous parlons vos hommes se préparent à nous attaquer ; nous ne ferons rien aux otages, nous ne sommes pas des criminels, nous ne sommes pas comme vous.»

La haine de cet homme était perceptible, vu de près  Rommor ne lui donnait pas même vingt ans! Mais il pouvait ressentir sa haine déferler en ondes traversant sa peau pour aller s’écraser contre son visage.

«Je ne pense pas vous connaître et pourtant vous avez visiblement une affaire à régler avec moi.»

Le ton détaché sûrement, le jeune homme disjoncta et dégaina son pistolet, pointant la gueule de son canon contre le front de Rommor.

«Tu as tué mon frère espèce de salopard, sur Mantooine, il était canonnier d’un Vaul… Et tu t’en es sorti cette fois-là mais aujourd’hui tu vas payer.»

Rommor lut la détermination dans le regard rougi de l’officier rebelle, une flamme dans son ventre ne voulait pas s’éteindre et elle le consumait de plus en plus, il devait trouver un moyen de s’en sortir ; son visage se durcit et une sourire apparut au coin de sa bouche.

«Je me souviens, j’ai visé le cœur mais ma vibro-lame a ripé contre une de ses côtes, alors j’ai du m’y reprendre et le poignarder encore et encore… Ce n’était pas joli, j’avais la main sur sa bouche pour qu’il ne crie pas et il pleurait…»

D’un coup de crosse qui fracassa la pommette droite de Rommor, Gillian Fang l’envoya au sol avant de braquer derechef son arme vers lui en tremblant. Rommor cracha un peu de sang, une de ses molaires avait du se détacher et il émit un petit ricanement dénué d’humour.

«J’étais pressé alors je n’ai pas vérifié s’il était bien mort, il a pu mettre un bon quart d’heure à mourir, je ne sais pas… Le couteau c’est une arme délicate à manier, pas vrai? Et puis il s‘est bien défendu si ça peut vous soulager. Enfin vous autres spec-forces savez-ça, avec votre entraînement il aurait peut-être eu une chance.»

Il était à point, sa haine était à son paroxysme et oblitérait complètement sa logique; il rangea son arme et déplia un couteau de survie sans lâcher Rommor des yeux.

«Toi aussi tu va mettre un sacré temps à crever mon salaud.  Sergent détache-le.»

Le Trandoshan n’était pas à l’aise.

«Mon lieutenant tues-le et qu’on en finisse ; l’honneur c’est bon pour les wookies.»

La voix de Fang monta dans les aigus.

«Nous ne sommes pas comme eux, détachez-le sergent, c’est un ordre.»

Rommor se garda bien de sourire de satisfaction ; dans un premier temps on ne peut jamais être certain de l’issue d’un combat, surtout quand c’est l’autre qui tient le manche du couteau, et d’un autre il ne fallait pas complètement dévoiler son jeu non plus. Le Trandoshan poussa un sifflement de menace et enleva les menottes magnétiques de l’impérial.

Se relevant, Rommor se massa les poignets et marcha lentement, observant son adversaire.

Dans la majorité des arts martiaux connus, on enseigne en premier les techniques de frappe poing fermé ; les techniques à main ouverte souvent bien plus efficaces et mortelles ne sont enseignées qu’une fois que la patience et le caractère d’un disciple ont pu être longuement évalués par le maître.

Les dérivés d’arts martiaux, techniques de combat au corps à corps développées pour un usage militaire moderne, se concentrent sur l’utilisation des armes traditionnelles du fantassin et ne tendent que vers un seul objectif: tuer le plus rapidement possible.

Pour cette raison un combat entre deux soldats, dont un est armé d’un couteau, va être extrêmement rapide. Soit l’homme au couteau réussit à porte son coup et tue son adversaire, soit l’adversaire réussit à saisir une opportunité et tuer l’homme au couteau… Si il ne saisit pas sa chance alors l’homme au couteau le tuera sûrement au troisième coup.

Mais bien sûr la technique suppose un esprit orienté vers la tactique et non envahi par la peur et la colère ; l’adrénaline si elle est excellent pour les réflexes, se révèle souvent bien moins pratique pour la mise en application de techniques de combat au corps à corps. Il existait une différence fondamentale entre Gillian Fang et Rommor Irius Cabb, le premier voulait tuer son adversaire, alors que le second avait décidé de tuer son adversaire.

Gillian frappe d’estoc, la colère sans doute. Rommor fait un pas sur le côté et se focalise sur un geste: saisir le poignet du bras tenant l’arme ; ensuite il lui faut tirer le poignet vers lui tout en frappant le coude avec son avant bras, le craquement de l’articulation se disloquant est horrible, mais ce n’est sûrement pas pire que de mourir poignardé. Ensuite c’est un coup à l’encolure du genou pour le mettre à terre, puis il faut ramasser l’arme tombée au sol et trancher sa gorge, mais sans lui tirer la tête en arrière, ou alors la trachée protègera ses artères.

Gillian Fang est mort, le moment de stupeur qui fait suite est très court ; le Trandoshan abaisse le canon de son fusil vers Rommor. L’arme est lourde et il n’a qu’une main, l’autre a été amputée par l’explosion de la torpille d’AK-2048, Rommor doit dégainer le pistolet blaster du mort pour sa part.

Deux traits de blaster se croisent simultanément.

La décharge traverse le corps de Gillian Fang, brûle l’uniforme de Rommor au niveau de l‘épaule, calcine son épiderme, puis l’énergie se dissipe ; elle court-circuite son système nerveux et menace de faire s’arrêter son cœur.

La décharge fait fondre le globe oculaire de Cassus, s’évaporer serait plus réaliste ; la dissipation de l’énergie est si violente que sa boîte crânienne explose, couvrant d’os et de cervelle calcinée les alentours.

Allongé au sol, Rommor ne respire plus et ses yeux grands ouverts contemplent le plafond lisse et froid du PC sécurité ; il ne voit pas les deux soldats rebelles se faire neutraliser par les fusiliers ayant remonté depuis le conduit qui mène au broyeur du niveau inférieur. Une gifle sur son visage qu’il ne sent pas, un homme qui hurle mais qu’il n’entend pas, et c’est l’obscurité.

«Mais vous avez réussi père!»

Rommor sait que son corps a complètement récupéré, mais son esprit port encore la trace de ce court instant où il a été mort, il prend une inspiration profonde et expire l’angoisse qu’ont suscité ces souvenirs.

«En effet, nous avons trouvé dans le journal des communications du Minotaure les indices qui nous ont permis d’identifier l’espion rebelle à bord du Hérault. Mais lorsque le Minotaure est sorti d’hyperespace ce n’était pas le Glaive qui l’attendait comme prévu.»

Amyel chercha dans les yeux assombris de son père une réponse, Rommor poursuivit après avoir dégluti difficilement.

«Le destroyer Vengeur nous attendait au point de rendez-vous, le seigneur Vador est monté à notre bord et a fait exécuter tous les prisonniers du Minotaure… Pour manquement au devoir. Finalement je n’ai pu sauver aucun d’entre eux et j‘ai sacrifié des homme sous mon commandement pour rien.»

Amyel médita la fin de l’histoire un moment puis demanda à son père.

«Et comment avez-vous contourné l’obstacle de votre échec?»

Rommor se leva et recomposa sa posture d’homme d’Etat.

«J’ai escaladé cette pile de cadavres mon fils, j’ai accepté la promotion que l’on ma attribuée pour l’opération Minotaure. Et accessoirement, je n'ai jamais oublié non plus quel était le prix d'un manquement à mes devoirs envers l'Empire.»

Créé le dimanche 3 juin 2007 à 0h08 par Guinch & mis à jour le mercredi 20 mars 2013 à 14h06