Rommor Ep29

(HRP : Merci à Moira pour sa collaboration dans l'écriture de ce texte, le procédé est inédit et donc la nature de dialogue rp se ressent malgré quelques coupes et arrangements.)

C’était une nuit très calme sur la baie à l’ouest de Kaadara, le speeder classe Chariot s’arrêta et son passager en descendit rapidement. Un éclaireur des troupes de choc émergea des hautes herbes, gratifia l’individu d’un salut rapide.

«La zone est sécurisée monseigneur.»

Lorn Irrin Cabb gratifia le soldat d’un signe de tête, les éléments visibles du dispositif impérial disparurent rapidement dans la nuit tombante. La grande silhouette solitaire marcha jusqu’au perron d’une des villas en bord de mer et sonna à la porte. La porte s’ouvrit sur une jeune femme rousse de petite taille, à la peau délicatement cuivrée et portant une robe d’intérieur d’une simplicité élégante.
Elle détailla un instant avec un certain intérêt son visiteur, un homme grand, au visage dur et marqué de rides profondes, ses cheveux poivre et sel étaient coupés très court, son regard gris à glacer le sang. De sa main droite, en métal, il saisit délicatement la main de son hôtesse et la baisa rapidement.

«Bonsoir.»

Elle lui répondit aimablement, serrant sa main et l’invitant à entrer. Le seigneur Cabb entra, comparant l’intérieur aux images que lui avaient communiqué les renseignements impériaux. Un intérieur surchargé, dégoulinant de couleurs.

«Désirez-vous boire quelque chose ?»

L’invité enleva sa veste, la pliant sur son bras ; il se retourne vers la maîtresse de maison et arrêta son regard sur elle.

«Venons en au fait, que voulez-vous de moi ma fille?»

Elle lui fit un sourire léger et répondit.

«Moi ? pas grand-chose à vrai dire.»

Un long silence s’étala entre eux, acerbe l’homme le brisa.

«Je ne suis pas des gens que l'on côtoie par plaisir, j'en déduis donc que vous attendez quelque chose de bien précis de ma part.»

Elle se servit une tasse de thé, l’invitant d’un geste à prendre un siège alors qu’elle s’installait elle-même dans un sofa.

«On peut dire cela ainsi. J'ai trouvé par hasard un document dans les affaires de mon mari. Il vous est adressé. Je vous ai invité à venir ici pour vous le remettre.»

Sachant que son fils conservait ici un des rares vice qu’ils avaient en commun, Lorn Irrin Cabb marcha jusqu’au bar pour se servir un verre de Cohol Grada. Après une gorgée il échangea un regard avec sa belle fille et elle le gratifia d’un sourire doucereux.

«Votre temps est précieux je suppose. Le document dont j'ai parlé est sur la table basse à votre droite, dans cette grande enveloppe. Libre à vous de le lire ou pas, cela ne me concerne pas.»

Un très mince sourire se dessina sur les lèvres du beau père de Moira.

«Je n'en suis pas si sûr, si vous me le remettez en main propre c'est que son contenu vous y a poussé, n'est-ce pas?»

Les yeux levés vers le père de Rommor, elle lui adressa un sourire très naturel.

«Pas vraiment, mais je n'ai jamais aimé passer par des intermédiaires. Le courrier, ça se perd, ça se copie, ça se détourne. Au moins de cette manière je suis sûre que ce document atteint sans encombre son destinataire.»

Son sourire à lui, disparut comme s'il n'avait jamais existé.  

«Vous avez raison, on ne peut avoir confiance en les intermédiaires... Je me demande si votre mari aurait souhaité avoir un intermédiaire, si il avait confiance?»

Evidemment, sa réponse ne se fit pas attendre ; familier de ces émotions, Lorn Irrin Cabb savoura de depuis derrière son masque froid le goût de l’amertume.

«Au cas où vous en l'auriez pas remarqué, Rommor n'est pas ici en ce moment. Et d'après les nouvelles que je reçois parfois, il ne sait même pas s'il pourra revenir un jour. Je mets ses affaires en ordre, autant que faire ce peut.»

Tapotant le sceau de l'enveloppe sans pour autant la prendre, le seigneur Cabb se laissa aller à proposer, d’une façon presque enjouée, de passer à table. La table, exiguë, se situait dans la cuisine.

«Asseyez-vous, je vous en prie.»

Il n’en fit rien, tirant sa chaise pour qu’elle prenne place, lâchant légèrement sur le ton de la conversation :

«La prochaine fois, pensez au sceau.»

Le sceau Cabb, pour une raison bien spécifique, infalsifiable.

«Pour quoi faire ? L'enveloppe ne porte aucune mention quant à son destinataire, je pensais que la lettre m'était destinée à la base.»

Il ne fit pas grand cas de l’excuse de son vis-à-vis, prenant place à son tour. Comme le confirmait son dossier, elle tînt bon la pression pour aller chercher du vin et les entrées. Elle leur servit un verre, préférant pour sa part de l’eau plate.

«Bon appétit.»

Il répondit d’un signe de tête.

«J'ai été surpris d'apprendre que vous vous étiez mariés.»

«Pourquoi donc ?»

D’un ton délibérément anodin, Lorn Irrin Cabb revînt sur ce qu’il savait de cette jeune femme.  

«L'exécution du précédent prétendant ne laissait pas présager que vous épouseriez un officier impérial, enfin pas sans arrière-pensée. Je dois dire que je trouve ce pied de nez aux profileurs plutôt rafraîchissant.»

Elle réussit à en rire.

«Je pensais tout d'abord me lier avec un capitaine de marine marchande... Ne cherchez pas d'arrière-pensée là où seul le plus grand des hasards a fait son œuvre.»

Vingt ans au service de sa majesté l'avaient convaincu que le hasard n'a pas sa place dans de tels desseins. Elle lui proposa encore une peu de vin.

«Volontiers, il y a un point que nous devons éclaircir cependant. Les fortunes de la guerre sont souvent imprévisibles, au cas où votre mari ne reviendrai pas vos enfants s'installeront au domaine.»

Il était évident que le propos choquait Moira.

«Pourquoi ferais-je une chose pareille?»

La réponse s’imposait d’elle-même.

«Par ce que vous voulez ce qu'il y a de mieux pour vos enfants.»

Evidemment Moira s’opposait à cette idée, comme à la personne dont elle était issue.

«C'est bien la raison pour laquelle je vous pose la question. Je ne vois vraiment pas en quoi j'agirais pour le mieux pour eux en faisant une chose pareille. Mais je vous en prie, éclairez-moi.»

Elle se leva, changeant les couverts pour passer au plat de résistance.

«Vous ne pourrez garantir la sécurité de vos enfants sans l'appui de votre mari ou le mien.»

«Garantir leur sécurité par rapport à qui?»

Oh bien sûr, il voyait à qui elle faisait implicitement référence, il en aurait souri en d’autres temps mais son air s’assombrit.

«La question est épineuse… La première référence historique à notre famille remonte à trois mille neuf cent ans, a votre avis pourquoi en bientôt quatre mille ans notre famille a toujours cultivé une tradition martiale?»

La question la décontenança, où cet homme voulait il en venir ?

«Parce que la guerre est le propre de l'homme ? Soyons sérieux, je ne sais même pas de qui je tiens mes prédispositions pour la couture, comment voulez-vous que je spécule sur les traditions ancestrales de votre famille?»

Traditions ancestrales de la famille, le terme arracha une grimace au patriarche Cabb.

«Alors vous n'avez jamais rien remarqué chez votre mari, aucune prédisposition à...la violence par exemple?»

C’était le point délicat, Moira leva lentement les yeux de son assiette et, calmement, accrocha le regard de son interlocuteur.

«Pas particulièrement. Et quand bien même cela aurait été le cas, après ce qu'il a vécu, je ne pense pas que l'on puisse le lui reprocher.»

Il s’essuya les lèvres avec le recoin de sa serviette, digérant le reproche.

«Cet enfant a choisi le métier des armes, car il était conscient que sa fonction est définie par sa nature. Vous devez dès maintenant prendre conscience que vos enfants, et spécifiquement le mâle, auront une prédisposition pour la violence.»

Elle éclata de rire, bien sûr elle ne réalisait pas.

«Que voilà une belle prédiction ! Vous feriez un bon medium... »

Sa voix se fit ferme, elle martela ses mots, comme si cela avait un quelconque impact sur l’homme en face d’elle.

«Comme vous l'avez dit, ce sont, pour le moment du moins, MES enfants, ils tiendront également de moi. Ils seront élevés par quelqu'un qui les aime, et dans un climat tout ce qu'il y a de pacifique.»

Contrôlant son envie de mettre fin de façon abrupte à une conversation qu’il ne prévoyait pas aussi contradictoire, Lorn Irrin Cabb essaya de se montrer aussi rassurant que possible.

«J'espère aussi que la guerre se terminera au plus tôt, néanmoins vos enfants auront besoin de l'enseignement et de la sécurité que seul moi ou peut-être leur père pourront leur apporter. Ne vous sentez pas menacée, tout cela est pour le mieux.»

Il en eut pour ses efforts, visiblement si son fils ne lui avait jamais rien dit, sa belle fille n’en avait pas autant à son crédit.

«De quel genre d'enseignement ? Apprendre à tenir une arme avant même de savoir s'exprimer correctement ? S'entendre répéter à longueur de temps que l'on est prédisposé à la violence ? Apprendre dès son plus jeune âge à considérer ses parents comme des étrangers parce que le protocole le veut ainsi ? Non merci. J'ai vu le résultat. Mes enfants ne subiront pas cela.»

Le résultat, cela aurait pu faire sourire le père du "résultat" en question.

«Notre familles est passée par la tourmente et nous avons tous du faire face à nos responsabilités, mais c'est pour que vous et vos enfants puissiez jouir d'une paix nouvelle. Néanmoins ils devront apprendre à vivre avec leur héritage, canaliser et utiliser en bien ce triste fardeau. Et puis vous n'êtes pas sénateur, vous devriez avoir un peu plus de temps pour mes petits enfants que leur grand mère ou moi n'en avons eu pour notre fils.»

«En effet. Je ne laisserai personne, et encore moins un droïde, élever mes enfants à ma place.»
 

Le souvenir u droïde précepteur que la mère de Rommor avait imposé ramena le beau-père de Moira dans un passé pas si lointain.

«Honêtement je ne pensais pas que la situation dégénèrerai au point où mon fils devrait prendre ma suite afin de rétablir la paix dans la galaxie, à l'époque nous étions sûr que notre enthousiasme arriverai à changer l'univers instantanément.»

Avec la certitude des jeunes gens qui pensent changer la galaxie, Moira condamna l’Empire et tout ce qui avait mené à sa création.

«L'histoire vous a donné tort il semblerait.»

Sur ce, elle débarrassa la table, la préparant pour le dessert. Lui regardait la nuit étoilée par la fenêtre, soudainement pensif.

«Il reviendra vous savez.»

Elle préparait du café, un moment et ils entraient dans un étrange zone temporelle neutre, un terrain d’entente.

«Je l'espère de tout mon coeur. Il aime l'espace.»

Une expression douloureuse, la première émotion humaine qu’il manifestait depuis leur rencontre, passa un instant sur son visage.

«Il avait un telescope, et des maquettes...Beaucoup. Sa mère et moi lui en rapportions de chacun de nos déplacements.»

«Il voulait que vous soyez fier de lui.»

Ils sortirent lentement de cette jonction de leurs deux mondes, qu’avait-il à répondre à cela ?

«Lorsque vous serez tous installés au domaine et que nous en aurons fini avec cette absurdité galactique, nous aurons tout le temps.»

Mais elle ne comptait pas le laisser s’en tirer à si bon compte.

«Pourquoi remettre à un futur indéterminé ce que l'on peut faire dès à présent?»

Il joint ses mains.

«Par ce que nous ne pouvons pas nous montrer égoïstes maintenant, il y a eu trop de sacrifices; nous autres soldats devons faire tout notre possible pour que la guerre prenne fin. Rommor comprend cela, sinon jamais il ne vous aurait quitté à un moment pareil.»

«Je sais qu'il m'aime, et il sait que je partage ses sentiments. C'est ce qui me permet de supporter cette situation.»

Il n’était pas vraiment mal à l’aise, mais il ne se permettait plus vraiment de civilités en dehors de ses fonctions officielles depuis bien longtemps.

«Vous avez l'air fatiguée, dans votre état je ferai mieux de vous laisser vous reposer je crois.»

«Vous ne me dérangez pas. Je viens de passer presque trois semaines à me reposer, je peux veiller un peu ce soir.»

Alors qu’ils allaient s’installer dans le salon, Lorn Irrin Cabb soupira, se disant qu’il était peut-être temps d’introduire sa belle-fille dans les secrets du clan des Cabb.

«Soit, peut-être devrai-je vous raconter une de ces histoires soporifiques dont nous autres vieillards avons le secret...»

Créé le dimanche 3 juin 2007 à 0h15 par Guinch & mis à jour le mercredi 20 mars 2013 à 14h06