Rommor Ep42

Luxuriant tableau fait de verts légers et de bleus profonds ; simplement brossé du blanc majestueux des cumulus ; la planète Naboo grossissait lentement dans la baie d’observation du VT-49. Debout à côté du siège de l’observateur, Rommor Irius Cabb finissait d’attacher ses boutons de manchette, chassant la torpeur du sommeil d’un effort conscient.

_ Votre café monsieur.

Il se retourna, trouvant le fidèle maître principal Porter avec son plateau de Duraminium… Duraminium ?

_ Aves, stockez-vous notre vaisselle à bord ou bien l’emportez-vous partout avec vous dans nos bagages ? Par mes ancêtres, cela va bien lorsque nous avons des invités !

_ Nous en avons plusieurs jeux, monsieur… Le capitaine désire-t-il que j’aille lui chercher une tasse jetable en matériaux synthétiques ?

_ Ca ira, rappelez-moi juste de vérifier le livre des comptes du fonctionnement de la charge du capitaine ; j’ose à peine penser aux factures !

_ Nous avons rogné sur les pièces de rechange, coutume de l’amirauté monsieur.

L’esprit encore un peu engourdi, Rommor fixa son intendant d’un air blême ; avant que celui-ci, sans se départir de son éternel dignité, ne tousse et déclare.

_ C’était une plaisanterie, monsieur.

_ Aves, combien de fois devrai-je vous le dire ? Jamais d’humour avant mon premier café du matin.

_ Je tâcherai de m’en souvenir monsieur, le café de monsieur refroidit.

_ Gnia gnia gnia, vous emportez ce round mais n’en espérez pas plus.

Le capitaine de vaisseau Cabb saisit avec reconnaissance la tasse ; avec la douche froide, le café était le dernier rituel qui lui permettait d’attaquer une journée de façon posée. Bien sûr, il était entraîné à se réveiller instantanément en cas d’alerte ; mais ses talents sociaux eux, étaient plus capricieux au saut du lit que ses réflexes de combattant.

_ Monsieur, vous renversez votre…

Porter ne termina pas sa phrase, Rommor venait d’apercevoir le tremblement de sa main ; il saisit la tasse de son « bon côté » et la reposa, grommelant une excuse humiliée. Les nerfs synthétiques que les médecins lui avaient implanté suite à ses blessures à bord du Minotaure pouvaient parfois se montrer… Aussi capricieux que ses talents sociaux au réveil ; heureusement, seuls Porter et Moira avaient été témoins de ces « dysfonctionnements », bien sûr les stimulants et le stress n’arrangeaient rien.

_ Dois-je apporter votre traitement, mon capitaine ?

Rommor ferma les yeux, prit une respiration contrôlée et se projeta mentalement le long de son côté mort ; le tremblement devait cesser ; ce n’était qu’une question de volonté, tout pour ne pas devoir prendre de calmant, cette bantha pudu de médication lui troublait l’esprit et ralentissait considérablement ses réflexes.

_ Ca va aller Aves, je contrôle la situation.

L’intendant se déporta sur le côté, laissant passer un droïd d’entretien qui poussa deux piaillements de souri mécontente avant de faire disparaître la tache du pont. Rommor rouvrit les yeux et enfila sa veste d’uniforme, quittant le pont d’observation et le souvenir de ce moment de faiblesse.

_ Que dit la météo au sol ?

_ Ensoleillé, vingt huit degrés et léger vent sud sud-est.

_ Ah, l’hiver à Kaadara !

Porter sourit poliment et tendit ses gants de cuir noir au capitaine.

_ Sommes-nous prêts ?

_ Beau comme un destroyer flambant neuf, monsieur.

_ Parfait, et souvenez-vous Porter, une fois passé ce sas vous êtes en permission ; alors ne me suivez pas à la maison ou madame vous scalpera.

_ Plage, cocktails et détente… Je pense que j’y arriverai monsieur.

_ A la bonne heure mon ami, vous avez crédit illimité à l’hôtel de la plage, alors amusez-vous bien.

_ Merci monsieur.

Kaadara était une station balnéaire de rêve, et en plus, un havre de l’économie parallèle où le syndicat Tenloss avait des capitaux ; ce n’était pas cher repayer Porter de son zèle que de lui offrir un petit bonus.

Rommor s’assit en arrière du poste de pilotage pour admirer la manœuvre, rien n’entrait aussi vite dans une atmosphère qu’une navette d’assaut impériale, effilée comme une lame. Les gens du contrôle spatial de la RSF allaient être fous en voyant le Devastator faire, mais il fallait être réaliste, à part policer un peu leur planète, ils n’avaient guère leur mot à dire face à un officier impérial.

Après un plongeon vertigineux, le pilote et son navigateur ralentirent élégamment leur machine en accomplissant de grands cercles au dessus de la cité ; puis ce fut l’astroport, enfin. Rommor serra la main des membres de l’équipage une fois la navette arrivée à un arrêt complet, leur souhaitant une agréable permission. Loger ses plus proches collaborateurs et couvrir tous leurs frais, permettait en plus d’assurer une loyauté accrue, de les tenir à disposition au cas où ; mais plus que tout, de les observer via les nombreux membres du syndicat sur place, et de savoir qui parmi eux pouvait bien figurer sur la liste de paye de l’Ubiqtorat ou du BSI.

Rommor descendit par la rampe d’accès, savourant la brise marine sur son visage ; pour un trop bref instant, il allait essayer de chasser les complots et la guerre de son existence. Laissant les employés de l’astroport prendre réception de ses malles, l’officier prit son sac personnel et se dirigea vers les toilettes publiques… Porter aurait été fou s’il avait su ce que son capitaine faisait. Rommor se changea, abandonnant son uniforme pour des vêtements civils beaucoup plus détendus ; puis comme n’importe quel spationaute rentrant au port, il dégringola les marches de l’entrée avec son sac sur l’épaule, cherchant un taxi dans la cohue joyeuse de la place.

_ Enfin à la maison.

Créé le mardi 28 août 2007 à 20h03 par Guinch & mis à jour le mardi 28 août 2007 à 20h22