Rommor Ep48

_ C’est un scandale !

Même en conférence holographique, le tyran semblait furieux ; mais il n’avait pas idée de ce qui allait encore lui tomber sur le crâne. Rommor, les mains posément dans le dos regardait le dirigeant Corellien avec un calme trompeur.

_ Le mot est exact, excellence ; les saisies qu’on effectués mes vaisseaux sont absolument scandaleuses ; nous n’aurions jamais cru prendre tout ce matériel de guerre… Et probablement destiné à la rébellion en plus !

L’homme s’était soudainement calmé, Rommor le regardait paisiblement comme un chat semble laisser une chance à sa proie avant de l’achever d’un coup de patte fulgurant.

_ Ce sont des accusations très sérieuses, je pense que nous devrions discuter de tout cela en tête à tête, capitaine Cabb.

_ Et c’est bien là mon intention, j’arrive excellence… J’arrive.

Rommor coupa la communication, après une frayeur comme celle qu’il faisait au Tyran ; tout le reste lui semblerait être du registre de la faveur personnelle. Le commandant du Protecteur quitta sa salle de conférence et retourna sur la passerelle.

_ Où en sommes nous capitaine ?

_ Sept cargos arraisonnés pour le Rétiaire et le Conquérant, quatre pour le Chancelier et le Rédempteur, et nous mêmes en avons eu trois. Aucune perte humaine.

_ Excellent.

_ Je veux dire, aucune perte impériale ; le capitaine Calloon a du ouvrir le feu sur un cargo en fuite et a accidentellement touché ses propulseurs, l’appareil est détruit.

_ Son équipage ?

_ Aucun survivant.

Rommor resta silencieux, essayant de ne pas montrer de réaction ; il chassa le sujet en frappant des mains de façon enthousiaste avant de reprendre place dans son fauteuil.

_ Bien ! Dites au capitaine Loan que je veux le Rétiaire déploie son champ d’interdiction à proximité des marqueurs hyperspatiaux de Corellia. Quand à nous, orbite haute géostationnaire au dessus de Coronet ; faites préparer deux navettes d’assaut avec des troupes de choc et prévenez le commandement impérial au sol que nous procédons à une petite inspection surprise de l’astroport, qu’ils dressent des barrages dans les rues avoisinantes et contrôlent les véhicules de gros tonnage. Je descend avec le colonel Kern rendre une petite visite au Tyran. Le Protecteur est à vous.

_ A vos ordres monsieur, le second prend le quart.

En moins de vingt minutes, le nœud commercial le plus actif de la galaxie était en effervescence, brûlant comme une plaie à vif. L’armée impériale fit des prises record dans les camions speeders fuyant un astroport envahi de troupes de choc zélées… Les médias eux, faisaient déjà le pied de grue devant les marches du capitole, où le Tyran devait s’exprimer.

Le grand homme aux longs cheveux corbeau avait un air noble, mais il était blême de désarroi ; la horde de journalistes au dehors attendait pour le dévorer, il devait condamner la dureté des contrôles inopinés, mais devait aussi se modérer pour ne pas attirer les foudres du COMPORN. Son discours, rédigé dans l’urgence, parviendrait peut-être à sauver les meubles ; prenant une dernière inspiration, il passa l’arche principale et se retrouva sur les marches où un pupitre l’attendait.

Tout à sa concentration, le tyran ne vit pas le cordon de fusiliers de la marine impériale en train de se frayer un chemin sur le côté de la foule ; il n’eut pas le temps d’attaquer la conférence, que les holo caméras se tournaient vers l’officier impérial grimpant résolument les marches deux à deux vers lui. Il ne pouvait pas se tromper, il s’agissait du capitaine de la marine, ce Cabb auquel il avait parlé ; mais ce n’était pas du tout le même homme, son austérité avait fondue comme neige au soleil ! Voilà qu’un jeune homme, tout au plus trentenaire, aux joues rosies par l’effort, de grands yeux verts rieurs et un sourire aimable, s’emparait de sa main pour la serrer sous les flashs des reporters.

_ Bonjour votre excellence, je suis arrivé dès que j’ai pu !

_ Pardon ?

_ J’ai bien reçu votre mémo, et je me range à votre avis ; mes commandants se sont un peu laissés emporter par leur zèle, il s’agit de notre première mission opérationnelle, aussi nous avons tendance à suivre les ordres à la lettre. Mais tout est réglé, regardez.

Cabb produisit un communicateur, le montrant aux journalistes comme s’il avait sorti un un papillon Corellien de sa manche, puis parla assez fort pour être entendu des micros.

_ Ici le commandant, interrompez les opérations de contrôle ; à toutes les unités, retour en position d’attente.

Il rangea son jouet magique et se tourna vers le Tyran, avec un air d’entente d’une sincérité à arracher des larmes à un Gamoréen.

_ Heureusement, votre programme de coopération entre Corsec et la marine impériale évitera ce genre de malentendus à l’avenir.

Le Tyran sourit, serrant la main derechef à l’officier impérial, ce petit salopard venait de la braquer avec un simple communicateur… Il n’avait tout simplement plus le choix.

_ Bien entendu, je suis heureux que nous ayons pu trouver une solution à ce problème aussi vite, capitaine.

_ Mais je suis à votre service excellence.

Ils se tournèrent, le Tyran invitant le capitaine à le suivre à l’intérieur du capitole ; alors qu’il lui murmurait.

_ Vous m’avez bien eu, mais vous feriez mieux d’avoir les reins solides mon garçon ; par ce qu’un Corellien oublie rarement ce genre de choses, je vais vous briser.

_ La prochaine fois faites donc vos devoirs et intéressez-vous aux gens qui vous rendent visite, si vous l’aviez fait vous sauriez que j’ai des reins en plastacier.

_ C’est le début d’une grande et belle amitié, je le sens.

_ Je préfère y voir une relation mutuellement profitable, mais c’est à vous de voir.

L’homme en robe blanche et celui en uniforme gris se retournèrent une dernière fois pour saluer la foule en souriant, puis s’engouffrèrent dans le bâtiment public.

Créé le mardi 28 août 2007 à 22h39 par Guinch & mis à jour le mercredi 20 mars 2013 à 14h06