Rommor Ep58

Les temps qui suivirent le « kidnapping » du capitaine de vaisseau Rommor Irius Cabb, sa seule façon d’échapper à une surveillance accrue de la part des services de renseignements impériaux, fut de prendre lui-même les devants.

Bref, dès qu’il sortait d’une résidence sécurisée, il avait avec lui en permanence une escorte conséquente de fusiliers du 1er Bérets Rouges de Kern… Et si ces hommes de confiance devaient un jour intégrer ses plans, ils représentaient pour l’instant une gène considérable dans ses projets, même si moindre qu’une protection rapprochée du BSI.

 

Moira étant au fait des agissements occultes de son mari, elle se montrait très compréhensive ; de plus, Rommor avait été ferme pour que le dispositif de sécurité n’empiète pas sur la vie privée de sa famille. Les derniers jours sur Chandrila furent agréables, enfin consacrés à visiter le domaine Cabb tous ensemble ; comme promis, Rommor emmena Moira et les enfants à la ferme Irià. La future lady Cabb fut touchée du dévouement et de l’amitié sincère que les métayers, ces gens inconnus, avaient pour elle et sa famille. Cette ferme était un endroit où elle verrait plus aisément Amyel et Deseanna passer leur enfance qu’à la résidence du Protecteur, un peu austère.

 

Il advînt qu’à la fin de la semaine, la famille Cabb rentra chez elle à Kaadara ; il était plus facile d’échapper à la surveillance de la sécurité navale là-bas ; Rommor en profita pour faire prendre une semaine de vacances forcées à son intendant, et ce avant que madame le capitaine ne décide de le passer par le sas.

 

C’était une soirée calme, ayant couchés les petits, Rommor et Moira profitaient de la douceur du climat en bouquinant sur leur lit en petite tenue.

 

_ Ca te fait encore mal ?

 

Moira touchait délicatement l’arcade sourcilière de son mari, un bel hématome bleuté s’étendait toujours sur le côté de sa tête.

 

_ Le gars n’y est pas allé avec le dos de la cuiller.

_ Tu as le chic pour énerver les gens il faut dire.

_ Prendrais-tu ta revanche à travers le mal que d’autres personnes m’ont infligé ?

_ Bien sur que non Trésor… Tu sais bien que si j’ai envie de te faire mal, je suis assez grande pour le faire moi-même ; et d’ailleurs, je ne te fais jamais de mal, que du bien.

_ Tu as une façon bien à toi de voir la galaxie.

 

Moira sourit et appuya un peu plus fortement son doigt sur l’hématome, faisant grimacer Rommor.

 

_ Ca va, ça va, j’ai compris !

 

Elle arrêta et déposa un tendre baiser sur la blessure.

 

_ Tu vois.

 

Elle quitta le lit, puis alluma le dispositif multimédia de la commode, une musique douce se déversa… Mais l’intérêt principal de ce joli gadget était d’empêcher les oreilles indiscrètes de profiter de leurs conversations. Rommor referma son livre et tendit la main à son épouse pour qu’elle le rejoigne ; elle s’installa sur les jambes de son mari et passa les bras autour de son cou, parfaite façon de mener une discussion intime confortablement.

 

_ Alors, comment se passe la carrière révolutionnaire de mon héroïque petit mari ?

_ Point mort, la balle est dans votre camp ; j’attend que l’Alliance daigne bien reprendre contact avec ton serviteur.

_ Peut-être que tu n’a pas demandé assez gentiment.

 

Avec un air mutin elle se moquait de lui, il murmura « s’il vous plaît » et l’embrassa en souriant ; puis il reprit un peu plus sérieusement.

 

_ Informations complètes sur la dernière génération de chasseurs TIE, fréquences navales et clés de cryptage, et pour couronner le tout, routines de transit de l’Empereur entre Coruscant et Naboo.

_ Mmm, vous avez mis le paquet je vois.

_ Ca te fait rire de me voir jouer au rebelle, hein ?

 

Elle saisit délicatement son visage à deux mains et plongea son regard dans celui de Rommor le plus sérieusement du monde.

 

_ Ne dis pas de bêtises, tu sais combien je suis fière de toi.

_ J’espère juste que mes petites trahisons ne causeront pas la mort de beaucoup de militaires impériaux, nous sommes peut-être dirigés par une poignée de fanatiques haineux, mais la majorité d’entre nous sont simplement des gens qui tentent de garder les morceaux de la galaxie collés les uns aux autres.

_ Avec ton passé, tu ne peux pas vraiment croire ça Rommor, as-tu oublié tout ce qu’ils t’ont fait faire comme horreurs ?

_ Dans ce cas on pourrait pousser le raisonnement plus loin, ils ne m’ont pas fait faire ces choses, mais je les ai faites, de mon plein gré ! Dis-moi mon amour, tu aurai vraiment épousé un type comme ça ? Est-ce qu’il n’aurait pas été de ton devoir civique et moral de me supprimer ? Le soldats tuent, quelle que soit leur cause, ils tuent ; point barre… Personne n’a dit que c’était un joli métier.

_ Pitié Rommor, ne nous disputons pas… Pas maintenant que tout rentre enfin dans l’ordre pour nous.

 

Mais la vérité, c’est que Rommor se disputait avec lui-même à présent ; il n’était pas possible de changer sa vision de l’univers tout en justifiant celle qu’il avait eu jusque là. Et après la guerre ? Y aurait-il un grand pardon, une sorte d’amnésie collective sous la joie de voir se terminer un demi siècle de guerre ? Non bien sûr, il y aurait une foule de gens en colère et demandant justice ; un nouvel ordre écraserait les vestiges de l’Ordre Nouveau.

 

Où se trouverait il alors à ce moment, sur le baromètre de la moralité ?

 

Mais une voix intérieure lui hurla « foutaises » ! Le nouveau régime devrait négocier avec ceux ayant le pouvoir ; même l’Empereur mort, les politocards de l’Alliance devraient cirer les pompes des militaires, car un dixième de la puissance impériale était déjà plus que la totalité des forces de l’Alliance.

 

Zaarin, Rommor et leurs collègues seraient là pour s’assurer que les mynocks de l’ancienne république ne déchireraient pas le patrimoine galactique entre eux comme ils avaient eu l’occasion de le faire jadis. C’était leur immobilisme qui avait laissé la situation et le mécontentement général dégénérer en guerre civile, de bien des façons, un exécutif plus fort et plus rapide avait été nécessaire et l’Empereur avait rempli ce vide ; il était juste temps pour lui de se retirer avant que son acharnement despotique n’empoisonne encore plus le tissus social de la galaxie.

 

_ Trésor, tu es toujours là, avec moi, ou bien tu boudes ?

 

Se détendant un peu, Rommor posa les mains sur le hanches de Moira et l’embrassa.

 

_ Je réfléchissais ; les notions de bien et de mal sont trop extrêmes, trop arbitraires pour s’appliquer dans la réalité, cela sous-entendrait un nettoyage par le vide de tous ceux qui ont eu le malheur de naviguer dans les nuances de gris. Evidemment, tout le monde rêve de la fin de la guerre ; mais ce sera une période terrible de procès, de purges politiques et même d’exécutions ; et ce, quel que soit le vainqueur : le blanc comme le noir.

_ Parfois, ta vision des choses me donne froid dans le dos… Mais d’une certaine façon tu es bien le fils de tes DEUX parents ; un terrible réaliste, toujours pragmatique et j’imagine que ce serait une attitude impossible à assumer sans un minimum de cynisme pour encaisser les coups.

 

Rommor eut une grimace résignée, mais Moira aussi avait fait des efforts pour adapter son point de vue à celui de son époux ; cette description amère était le mieux qu’elle ai fait comme concession dans ce sens, d’ailleurs.

 

_ Bien, arrêtons là le duel entre nos idéaux et la réalité, je trouve que nous avons beaucoup avancé en une fois.

_ Ah, et que suggères-tu Trésor ?

_ Reprise des négociations…

 

Il la fit basculer se le lit avec ce sourire de vaurien qu’elle aimait tant, en gloussant elle lui répondit.

 

_ Je suis pour, motion adoptée à l’unanimité.

La rencontre n’avait pas été facile à organiser, fausser compagnie à son escorte était une chose, justifier son absence ou son indisponibilité pour de longues périodes en était une autre.

Les fusiliers assuraient des rotations de six heures, et ponctuellement le capitaine de la compagnie appelait depuis Keren pour s’enquérir de la satisfaction de Rommor.

 

Un module vocal de droïd de protocole suffirait à Moira pour occuper l’officier du détachement de sécurité, pour quitter la villa, un simple jeu de substitution avec un visiteur ferait l’affaire. Le détachement de bérets rouges était là pour prévenir une attaque rebelle contre la personne de leur commandant, et non pas pour éviter que ce dernier ne leur fausse compagnie.

 

C’était en début de soirée dans un salon privé du grand hôtel de la plage ; avec sa discrétion habituelle, Jinto débarqua dans un landspeeder AV-21 rouge pétard, portant un costume blanc, couvert de bijoux et couronné d’une paire de filtres visuels de grande marque. Rommor sirotait un brandy Cassandrien dans un fauteuil, Jinto l’avisa après avoir passé le gros bras Tenloss a l’entrée, puis le rejoint, sautant avec souplesse dans le sofa voisin.

 

_ Salut mon frère, ça roule ?

_ Jinto, je me posais juste une question ; compte tenu que l’Alliance ne te paye pas, comment fais-tu pour maintenir un tel train de vie ?

_ Ca ? C’est du camouflage, tous les locaux vont grand train ; merde, c’est la ville de la fiesta pour gens friqués et trafiquants de tout poil ! Kaadara ! Par contre, toi avec ta gueule de boxeur du dimanche, tu ne fais pas vraiment couleur locale, heureusement que ta femme te taille encore des costards un peu classe, sinon tu ferai carrément touriste.

 

Jinto bondit sur ses pieds et d’une démarche chaloupée, comme si rien n’avait d’importance, se rendit au bar du salon pour se préparer un cocktail. Rommor passa le bras par dessus le dossier du fauteuil et se tourna pour poursuivre la conversation.

 

_ Pour ça je dois remercier le professionnalisme de tes specforces, des gens très maîtres d’eux-mêmes, il n’y a pas à dire.

_ Rom, si ça avait été mes petits gars, tu leur aurai même laissé un pourboire ; non, tu as du tomber sur les boyscouts de Madine. Moi j’étais hors du coup foireux de Chandrila, tenir une réunion secrète dans une clairière, autant le faire sur un parking la prochaine fois !

_ Je vois, cet enfoiré a le chic pour essayer de me faire passer l’arme à gauche, c’est lui qui avait envoyé ce gars dont j’ai zigouillé le frère sur Mantooïne pour me tailler une boutonnière à bord du Minotaure.

_ Je te trouve critique pour un mec qui a juré de l’agrafer dès que la guerre serait finie.

_ Tu oublies ce qu’on doit au monsieur ? Tarensk ? Le programme ? Je ne lui pardonnerai jamais.

_ Oui, oui… Il a un peu fait de toi le beau jeune homme que tu es aujourd’hui, je sais. Mais l’Alliance lave plus blanc que blanc, regarde-moi ; je me suis refait une virginité chez les rebelles.

 

Ayant terminé son assemblage fumant et coloré, Jinto y déposa un petit parasol puis revînt s’installer dans le sofa couleur crème.

 

_ Bon, général: est-ce qu’après la preuve de bonne volonté que nous avons fourni, votre haut commandement est prêt à entamer des négociations ?

_ Les avis divergent, parler ça ne coûtera pas grand chose, et puis c’est vrai que tes infos étaient en plasbéton armé ; mais n’espère pas de miracle… Il y a pas mal de rebelles pur jus qui rêvent de voir ta tête fichée au bout d’une pique. Même ton serviteur n’échappe pas à ce genre d’inimités, on est des ex-impériaux, des transfuges.

_ Jinto, je suis encore un officier d’active de la marine impériale que je sache… Je n’ai jamais parlé de déserter vers votre bord.

_ Si ça te fait plaisir, en tout cas tu n’es plus dans le camp du vieux schnoque fripé.

_ C’est lui qui n’est plus dans mon camp, ni dans celui de l’Empire.

_ Ecoute, je ne veux pas casser ton joli rêve, mais tu me connais, je suis un pragmatique. Pas d’empire sans empereur, une fois Palpatine liquidé qui va monter sur le trône à ton avis ?

_ Mon père mourra avec l’Empereur, c’est inévitable ; quand à Vador, il est le bouc émissaire parfait pour assumer toutes les exactions commises durant la guerre civile, tout le monde sera très heureux de l’envoyer au bûcher, et il ne l’aura pas volé cet espèce de salopard cybernétique.

_ Et donc ? C’est votre patron, un militaire, qui régnera ? Laisse-moi te dire que le conseil de l’Alliance risque de ne pas trop aimer cette idée.

_ Parler de réformer l’Empire pour en faire une démocratie, c’est vraiment s’avancer ; nous devons déjà tenter de nous mettre d’accord pour éliminer le principal obstacle à tout processus de paix.

_ Poétique façon de dire qu’il faut enterrer grand-père avant de pouvoir toucher l’héritage.

_ Est-ce que tu peux parler pour l’Alliance ?

_ Non, je ne suis qu’une sorte de super sergent instructeur, bidasse et messager de temps à autre ; Madine me laisse à peine m’impliquer dans la stratégie, il défend son os. C’est Mon Mothma que tu dois convaincre, si elle décide de tenter le coup alors le reste du conseil suivra.

_ C’est ce que je veux depuis le début.

_ Alors en route !

 

Jinto vida le reste de son verre d’un trait et se leva ; Rommor l’imita tranquillement sans révéler sa surprise… Alors le chef de l’Alliance était dans les parages ? Jinto fouilla son ami et satisfait, lui fit signe de le suivre.

 

_ Il faudra être bref.

_ Ne t’inquiète pas, on ne fait pas dans les effusions sentimentales dans la famille.

 

Ils prirent une navette publique à destination du Nord, puis Jinto loua en liquide un véhicule antigrav afin de s’enfoncer dans les mangroves ; Rommor regretta presque qu’il ne fit pas jour, cette région de Naboo était splendide, les marais se fondant dans l’océan. Quelques chanceux avaient établi leur résidence sur des bandes de terre, loin de toute civilisation. C’est dans une de ces résidences, abandonnée car fréquemment inondée, que la rencontre eu lieu.

 

La grande dame avait l’air las, ses cheveux autrefois flamboyants avaient ternis pour devenir auburn comme ceux de son fils. Ils s’arrêtèrent, chacun à son extrémité de la pièce, le silence les séparant comme le poids des années.

 

_ Mère.

_ Bonsoir Rommor.

_ Vous avez l'air de bien vous porter, je suis heureux que vous ayez échappée à la flotte du seigneur Vador... De ce que j'en ai appris, c'était une opération bien exécutée.

 

Sa mère garda sa réserve, hésitant probablement entre espérer que son fils soit devenu un homme meilleur, et penser qu'il essayait de la mettre dans de bonnes dispositions pour leur discussion.

 

_ Je n'étais pas sur place lorsque notre base de Hoth a été attaquée, mais merci de t'en inquiéter.

_ Les rumeurs sur mon association avec Vador sont allées bon train cette dernière année, je tenais à ce qu'il soit clair que je n'ai rien à voir avec ce... Personnage sinistre.

_ J'ai pourtant du mal à croire que tu sois aujourd'hui devenu un homme comme Rask Harkov, un homme dont tu as précipité la chute.

_ Déserter n'est pas une solution, un destroyer et quelques croiseurs ne feraient pas grande différence ; de là où je me trouve aujourd'hui, je peux faire bien plus pour votre cause que si je l'avais embrassée lorsque j'avais douze ans, ou bien même sur Mantooïne.

_ Rommor, mon fils ; dis-moi plutôt ce que ma cause peux faire pour toi.

 

Il s'approcha doucement, pour que malgré la pénombre sa mère puisse lire dans ses yeux ; espérant qu'elle saurait lire dans son coeur mieux qu'il ne le pouvait, toujours déchiré par l'atroce sentiment de trahison qui avait tué cet enfant de douze ans qui aimait alors sa mère.

 

_ Tuons l'Empereur, nos plans sont au point, nous pourrions avoir besoin de votre aide.

_ Nous ?

_ Je ne suis pas seul, je représente un groupe puissant et influant au sein de l'Empire.

_ Je le sais, et qui est votre chef ?

_ Nous nous rangeons derrière le grand amiral Demetrius Zaarin, c'est sa bonne volonté que j'ai délivré à votre agent sur Chandrila ; et c'est sa proposition d'une ère nouvelle d'ouvertures, d'une paix possible, que je vous apporte aujourd'hui.

 

Mon Mothma plongea son regard vert dans celui de son fils, avec un air légèrement inquiet.

 

_ Demetrius Zaarin est une alternative à peine préférable à l'Empereur, c'est un opportuniste sans scrupules... Sais-tu bien qui est votre meneur ?

_ Le seul homme capable de renverser l'Empereur tout en préservant la stabilité de la Galaxie ; un homme dont le désir de paix est sincère, plus sincère que chez certain de vos partisans. Ils le craignent car, contrairement à l'Empereur, vous devrez négocier avec lui pour le partage du pouvoir une fois la guerre terminée ; ils le craignent car il est moralement valable et légitime aux yeux du peuple.

 

Et c'était vrai, pour certains membres de l'Alliance rebelle ; un ennemi avec lequel on ne pouvait pas faire la paix, un système qu'il fallait détruire à tout prix, était bien plus souhaitable pour leurs plans d'avenir politique, qu'un rival avec lequel on devrait partager les fruits de la victoire. Rommor mettait sa mère au défi d'assumer les valeurs morales de l'Alliance, ou bien de confirmer sur l'instant qu'ils n'étaient que des politiciens désirant remplacer ceux en place... Et si il y avait bien une personne dans toute la galaxie que Mon Mothma souhaitait convaincre de tout son coeur, c'était son fils unique ; elle aurait tout fait pour qu'il la regarde avec le même respect, la même adoration, cet amour inconditionnel qu'il éprouvait naguère pour elle.

 

_ J'ai confiance en toi Rommor, si tu crois en Zaarin, alors nous vous aiderons.

_ Merci mère.

 

Mais ce n'était pas tout à fait fini, ils le savaient tous les deux.

 

_ Et ton père, comment... Comment va t'il?

_ Il est... Seul, à sa façon.

 

Malgré toute l'expérience qu'il avait dans le mensonge ou le protocole, Rommor avait souhaité cette conversation depuis des années... Même si le petit garçon fier le lui interdisait, même si la douleur était comme une lame chauffée à blanc et glissant lentement le long de son coeur... Il ne pouvait pas mentir sur ce qu'il ressentait à ce moment précis. Sa mère prit ses mains dans les siennes.

 

_ Je suis vraiment désolée mon fils.

_ Comment en est on arrivés là ? Qu'avons nous fait pour que les choses tournent aussi mal ?

_ Les torts sont multiples et partagés, j'en assume une grande partie.

_ Je ne sais pas si j'aurai votre force, votre résolution... C'est un sacrifice qui me répugne.

_ Aucun enfant ne devrai avoir à...

_ Je ne suis plus un enfant, et je suis un Cabb ; pour que naisse un jour nouveau, mon père doit mourir.

_ Tu vaux mieux que celà.

 

Jinto les interrompit, il se fit remarquer par un raclement de gorge poli, les renvoyant chacun à quelques pas de l'autre avec une dignitié froissée.

 

_ Madame la conseillère, nous devons y aller.

 

Elle s'engoufra par la porte, relevant la capuche de son manteau ; puis elle échangea un dernier regard avec son fils, le moment était passé et une distance subsistait entre eux, l'ombre d'un homme absent. Jinto sortit à la suite de Mon Mothma, faisant signe à Rommor.

 

_ Que la force soit avec toi, mon frère.

_ On se reverra sur le chemin Jinto.

 

Rommor se retrouva seul dans la maison déserte au coeur des marais obscurs. Il ouvrit les vieux volets poussiéreux et sortit sur le balcon, regardant les étoiles à travers le feuillage des arbres ; un vent froid faisait se former des rides à la surface de l'eau. Dans sa chair il pouvait sentir l'appel d'un astre lointain, sentant que quelque part le jour allait poindre, que jamais l'obscurité n'était totale et définitive.

Créé le vendredi 14 septembre 2007 à 20h37 par Guinch & mis à jour le vendredi 14 septembre 2007 à 20h41