Rommor Ep62

 

Un pas en avant, un pas dans la lumière ; ayant revêtu l’armure Cabb et frotté son visage des cendres du bûcher de son prédécesseur, le nouveau venu leva les yeux vers l’hémicycle puis s’arrêta après avoir dévisagé chacun de ses membres, la tête haute.

 

_ Seigneurs de Chandrila, je vous salue.

 

Sa voix résonnait dans la salle de la haute assemblée, beaucoup avaient envisagé ce jour avec appréhension.

 

_ Comme tous les seigneurs Cabb avant moi, je me présente devant vous en armes et fort du soutient d’une armée puissante. En ces temps d’incertitudes, la voix de Chandrila pèsera dans le combat pour la paix, et le silence des armes sera preuve de sa sagesse. Moi, Rommor Irius Cabb, me tiens prêt à répondre à l’appel de mes pairs.

 

Datar Gendra, Lord Trésorier, souleva une question.

 

_ Pourquoi l’assemblée aurait-elle besoin d’un guerrier en temps de paix ?

 

_ Je pourrai te répondre avec éloquence Gendra, mais je vais te donner des faits bruts. La richesse de Chandrila a reposée, sous le règne de l’Empereur, sur les marchés publics obtenus pour nourrir les forces impériales. Avec la chaos de l’après-guerre, viendra la famine ; avec la famine, viendront envie et jalousie ; je n’aimerai pas être un fermier désarmé au passage d’une bande de pillards. Seule l’homme capable de conserver le fruit de son labeur, pourra en jouir ou commercer équitablement. Mes gens sont prêts dès aujourd’hui à rendre corps à notre force de défense planétaire.

 

_ Mais l’Alliance a aussi des vaisseaux et des soldats.

 

_ Sont-ils déjà là ? Sont-ce eux qui vous ont débarrasés du gouverneur Remkar ? En échange de la protection de l'Alliance, vous devrez payer un lourd tribu, vendre toutes votre production à prix coûtant. Les Cabbs n’ont jamais rien demandé d’autre que le respect en retour de leurs sacrifices pour protéger nos terres.

 

C’est Javen Mikarr, Lord Doyen qui se leva pour prendre la parole avec véhémence, malgré le voile de l’âge sur sa voix, elle était pleine d’une vigueur nouvelle.

 

_ Nous n’aurions qu’à te nommer Lord Protecteur ; mais qu’est-ce qui nous garantit que tu ne sera pas un tyran comme ton père ? La plupart de tes gens sont des impériaux !

 

_ Si tel avait été mon dessein, Doyen, j’aurai pris au lieu de demander. Ensuite, sachez que pour assurer le salut et le pardon de mes gens,, je me présenterai dès ma nomination à la fonction de Protecteur, aux autorités de l’Alliance sur Coruscant pour faire toute la lumière sur notre rôle durant la guerre.

 

_ L’Alliance pourrait bien te pendre ou te faire fusiller, Lord Cabb… Et l’image de notre monde en serait salie.

_ Alors j’irai en mon nom seul répondre de mes actes, un Cabb n’a jamais reculé devant ses responsabilités.

 

Gendra reprit, appaisant.

 

_ La valeur guerrière du seigneur Cabb n’est pas mise en question, et nous sommes conscients de la force de ses armées… Mais au delà du rôle guerrier, es-tu prêt à assumer les autres fonctions du Protecteur ?

 

_ Nos moyens de production sont intacts, je nous ai amené les moyens de nous défendre, et les moyens de distribuer notre propre marchandise via mes compagnies de transport, qui pourront être nationalisées. Je veux, que notre peuple vive dans la paix et la prospérité ; mais au delà, je veux qu’il soit grand et bon comme il l’a été dans le passé, qu’il tende la main vers ceux qui seront dans le besoin de son aide. Je veux que de tous les coins de la Galaxie, on puisse regarder notre étoile et dire : Voici Chandrila, patrie des justes !

 

Mikarr railla Rommor.

 

_ Alors tu renonces à l’Empire, tu es vraiment prêt à te rendre aux rebelles ?

_ L’Empire est mort, comme la République avant lui… Chandrila vit toujours ! C’est elle qui m’a donné la vie, et je la lui rendrai si je le dois. J’irai voir l’Alliance, les mains ouvertes et le cœur en paix ; advienne que pourra !

 

Gendra s’était levé à son tour, grave.

 

_ Mes vœux et mes espoirs t’accompagneront jusqu’à Coruscant, Lord Cabb ; si tu en reviens libre et sans dommages, alors tu sera mon Protecteur.

 

Mikarr émit un soupir de protestation lasse, et se rassit comme si tout cela n’avait aucune importance.

 

Les esprits s’étaient échauffés, et la déclaration de Gendra fut néanmoin un choc, c’était un homme influent et connu pour ne pas avoir entretenu de rapports cordiaux avec l’administration impériale. Il était peu probable que Cabb puisse s’en tirer face à un tribunal révolutionnaire, pas sans l’immunité diplomatique de la fonction seigneuriale suprême ; aussi la majorité accepta de le nommer Lord Protecteur s’il revenait de Coruscant.

 

La fin de la session, les conversations allaient bon train ; Mikarr jetait des regards furieux à Gendra, qui finit par se rendre jusqu’au siège où l’attendait son aîné, ce dernier l’accueillit avec un sarcasme.

 

_ Le voilà, l’homme lige du seigneur Cabb !

 

Mais cela ne fit que provoquer un sourire serein sur les traits de Datar.

 

_ Comme tu les déteste.

_ Pff ! Des étrangers !

_ Des étrangers qui ont instauré notre système politique, et unifiée notre planète Mikarr ; sans ces même étrangers, tu ne serai qu’un paysan parmi tant d’autres Doyen.

_ Et alors, est-ce une raison pour confier notre destinée à cet enfant ? S’il est un dixième aussi cruel que son maudit père, nous courrons à la catastrophe !

_ Encore faudrait-il qu’il revienne de Coruscant libre et en vie.

_ Ne l’as-tu pas vu sourire ? Cette vipère avait tout prévu… Il va s’en sortir, ses juges seront assassinés, ou bien leurs familles menacées ; va savoir ! On dit qu’il était un des assassins de l’Empereur.

 

Gendra tapota amicalement le bras du vieillard.

 

_ Les blessures de la guerre prendront du temps à guérir, et pense que notre monde n’a pas été touché par cette dernière. Le jeune Cabb a beaucoup d’ex-impériaux dans ses gens et ses amis, mais note qu’il nous a débarrassés du Moff Remkar et de ses sbires du COMPORN ; toutes les troupes ont été retirées des villes.

_ Pour mieux y revenir à la première occasion où nous le mécontenterons !

_ Lord Mikarr, j’ai longtemps observé cet enfant ; il a été le parfait fils de son père, je l’admets ; mais s’il se révèle aussi être le fils de sa mère, Chandrila pourrait bien trouver un grand meneur.

_ Demande donc ce qu’en pense son grand-père ! Le Lord Maire Mothma n’a que du dédain pour cette petite ordure, et note bien Gendra que je n’ai que peu de sympathie pour ce parvenu de démocrate de Mothma ! Il est la voix de la basse assemblée, ils bloqueront toutes les motions que Cabb fera passer s’il devient jamais Protecteur. Ce serait courir au blocage institutionnel !

_ S’il sort absout de son passé militaire, et avec le soutient de sa mère ; Rommor Irius Cabb aura le soutient de la basse assemblée, le peuple adore déjà son épouse, c’est une roturière.

_ Une roturière plus riche que n’importe lequel de ces pseudo Lords de la basse assemblée ; que la Force soit avec nous, et que ce petit enfant de salaud se fasse couper la tête par les rebelles !

 

Le Lord trésorier se leva, riant doucement.

 

 

 

 

Moira agrafa le dernier bouton de la vareuse de Rommor ; se retirant pour lui jeter l’habituel regard désolé qu’elle portait sur lui à chaque fois qu’il passait son uniforme.

 

_ Heureusement que c’est la dernière fois que j’ai à faire ça… Et dire que j’ai gagné ma vie en confectionnant quelques unes de ces horreurs grisâtres !

_ Je n’ai jamais dit que j’aimais l’aspect de cet uniforme.

_ Tu as une fascination malsaine pour toutes ces histoires de bottes lustrées, de gants en cuir et de vaisseaux monolithiques… Enfin, mieux vaut que tu assouvisses ça en dehors de la maison, je ne pourrai pas dormir dans le même lit qu’un pervers.

_ Hey, tu ne t’en plains pas tant que ça il me semble !

 

Elle fit faussement la tête, alors qu’ils échangeaient un regard complice ; la tension était redescendue à un niveau normal entre eux depuis le retour de Rommor. Entre la mort de son père, et le désespoir avec lequel il s’était réfugié dans les bras de son épouse ; Moira avait été bien trop débordée pour passer la frustration de ses nuits sans sommeil sur son mari, à vrai dire ils avaient évacué leurs émotions dans d’autres paroxysmes, ce qui… Somme toute, n’était pas un mal.

 

_ Alors tu es sûr de ton coup ? Je veux dire, je ne doute pas que ta mère t’évitera le pire ; mais je ne t’apporterai pas des oranges ou une lime à ongles en prison !

_ J’ai bien étudié la chose, j’ai une défense en béton.

 

La déclaration arracha un rire à Moira, qui s’essuya les yeux.

 

_ Pardon ? Tu n’arrives déjà pas à me convaincre MOI, alors un jury tu penses !

_ Si ça ne marche pas, je pourrai toujours leur faire un de ces sourires que tu aimes tant.

_ Attention Rommor Irius Cabb, ne pousse pas le bouchon trop loin ; n’oublies pas que tu es actuellement à l’épreuve pour avoir piétiné les limites de ce qui est acceptable au sein d’un couple.

_ Je sais, mais je suis en train de te préparer le cadeau le plus incroyable qu’un petit mari puisse faire à son épouse.

 

Les mains sur les hanches, avec un air incrédule, la très distinguée Lady Cabb jeta un regard inquisiteur à son mari.

 

_ Quoi, tu t’es enfin acheté du bon sens ? Ou bien tu envoies ton gros machin triangulaire à la ferraille peut-être ?

_ Le gros machin est celui de mon ami Lamar, tu sais, ce type moustachu et jovial dont la famille vit chez nous depuis quelques jours ?

_ C’est celui de l’aile Ouest ? Non par ce qu’entre tous tes « proches collaborateurs », j’ai un peu de mal à retenir les noms des gens qui vivent dans le manoir. Je demanderai à Ludmilla de m’aider si j’ai un trou de mémoire…

_ C’est provisoire, et puis même avec la dizaine de familles qui nous ont rejoint, avoue qu’on ne se marche pas sur les pieds.

_ Oui, c’est certain, avec cette maison nous finirons juste ruinés au premier hiver venu ; il doit falloir une génératrice de croiseur pour chauffer tout ça.

_ Bon, il faut que j’y aille, Jinto m’attend.

_ Toi et tes mauvaises fréquentations…

 

Rommor embrassa sa femme puis descendit la passerelle menant au Tarmac, la délégation d’officiels l’attendait à quelques dizaines de mètres du Yacht parqué sur une des pistes du palais impérial. Rommor s’arrêta à trois pas de Jinto, échangea un formel salut militaire avec ce dernier, puis sortant son pistolet de son étui, le lui tendit crosse en avant.

 

_ Général, je me rends.

 

 

 

 

Le centre de détention du palais impérial n’avait jamais été un endroit agréable ; heureusement certains sous-sols contenant les chambres de torture avaient été scellés à l’explosif ; Rommor se contentait pour l’instant d’une cellule somme toute spartiate, mais correcte. Assis en tailleur, il tirait sur un mégot de bâton de cendres, regardant avec attention son jeu de Sabacc ; en face de lui, le très débrayé général Jinto triturait le bord de ses cartes… Combien de fois s’étaient ils retrouvés dans cette situation, dans un transport de troupes, un bar mal famé ou un baraquement militaire quelconque ?

 

_ J’espère que tu as du jeu Rom’.

_ Je fais partie de ces gens affreusement désagréables qui jouent toujours pour gagner, tu le sais bien.

_ Ca sert à quoi tout ce cirque, tu pouvais pas lâcher l’uniforme et te la couler douce au pays des gens pleins de fric ?

_ Non mon ami, je nourris d’autres ambitions ; et pour ça, il faut passer par la case prison.

_ Tu risques gros, il y a tout un tas de fêlés révolutionnaires qui sont sortis de nulle part depuis qu’on a pris la planète ; les bothans, c’est les pires… Ils vont te pendre par les burnes et ils y prendront un malin plaisir, ça tu peux me croire.

 

Bruits de pas dans le couloir, les deux hommes se retournèrent, avisant une jeune femme à l’air digne qui les regardait à la fois décontenancée et un peu courroucée.

 

_ Je vous dérange peut-être ?

 

Les deux compagnons se fendirent d’un sourire enjôleur, abandonnant leur jeu sur la couchette pour se lever devant leur « hôtesse ». Rommor mit les mains dans ses poches, reconnaissant la fille de Bail Organa, qui lui avait été présentée il y a très longtemps.

 

_ Conseillère Organa, quel plaisir de vous revoir.

_ Rommor… Vous avez le chic pour mettre votre mère dans l’embarras décidément. Général Jinto, vous n’avez pas un autre endroit où vous devriez être, au lieu de taper le carton avec votre ennemi théorique ?

_ Absolument madame, je montrais juste un peu de courtoisie et d’humanité envers ce prisonnier. Je file sur le champ, si vous avez besoin de moi… Enfin je veux dire, si VOUS, conseillère, avez besoin de moi…

_ Ca ira Jinto, on sait où vous trouver.

 

Le général sortit, laissant la noblesse entre elle ; Leia entra dans la cellule, se tenant à distance respectueuse de Rommor.

 

_ Asseyez-vous, je vous en prie.

_ Je resterai debout Lord Cabb, je tenais juste à vous informer que c’est le conseiller Fey’Lya de Bothawui qui a été désigné pour représenter l’accusation ; c’est un être ambitieux, et il n’hésitera pas à se servir de vous pour atteindre Mon Mothma. Le président du tribunal sera Airen Cracken, c’est un homme intelligent et raisonnable, nous avons pu renforcer notre position dans la distribution des juges en m’incluant, mais la troisième voix ira à l’amiral Ackbar, et très franchement, ce n’est pas un de vos fans.

_ Je n’ai pas grande affection pour ce monsieur non plus.

_ Il va falloir faire bien mieux que ça pour vous en tirer… Qui est votre défenseur ?

_ J’AURAI CET HONNEUR.

 

Derrière le champ énergétique de la porte, Koshyyr de Kashyyk avait grogné sa réponse, Leia Organa regarda le grand wookie avec surprise alors que Rommor se levait pour le saluer.

 

_ Vous êtes un homme plein de surprises Rommor, je dois vous accorder ça.

_ LA LECTURE DES CHARGES A LIEUE APRES-DEMAIN CONSEILLERE, IL SERAIT BON QUE VOUS NOUS LAISSIEZ PREPARER NOTRE DEFENSE… NOUS AVONS BEAUCOUP DE TRAVAIL DEVANT NOUS.

_ Je vous laisse Koshyyr, bonne chance… A tous les deux.

Le procès de Rommor Irius Cabb allait bientôt commencer.

Créé le mercredi 26 septembre 2007 à 21h50 par Guinch & mis à jour le mercredi 20 mars 2013 à 14h06