Rommor Ep64

 

Le landspeeder filait depuis la LZ jusqu’au quartier général du bataillon déployé sur Oksyss VII ; laissant le vent sécher la sueur qui lui trempait les tempes, Crix Madine était sombre et pensif. Il n’appréciait pas particulièrement de se compromettre avec la faction bothan, mais dans le cas présent il ne pouvait simplement pas se permettre de laisser Cabb le descendre en flammes, et esquinter l’image de l’Alliance avec ça. Le pilote du speeder fit une petite embardée, la route était mauvaise, semée de cratères et d’épaves de véhicules d’assaut compacts de l’armée impériale.

 

Enfin, le général était hors d’atteinte à présent, personne n’oserai lui reprocher de rester sur le front ; quant à Cabb, il avait eu sa chance de par deux fois de rejoindre l’Alliance, avec sa mère, puis sur Mantooïne ; il les avait grillées pour retourner aux côtés de son père, les vainqueurs écrivaient l’histoire, tant pis pour lui. A l’heure présente, un des hommes de confiance de Madine, le lieutenant Page, était en route pour Coruscant avec assez de matériel pour pulvériser le gêneur devant le tribunal. Cabb allait tomber…

 

Madine se prit à se détendre un peu à cette pensée, le problème allait enfin être réglé… Il n’aperçut du coin de l’œil que trop tard la traînée du missile à concussion qui filait vers son véhicule.

 

Le landspeeder était un modèle civil auquel on avait simplement ajouté une jupe blindée, avant de monter un BLAF sur un affut mobile à l’arrière, typique des « technicals », ces bricolages faits avec les moyens du bord par les rebelles.

 

L’engin, avec son moteur gonflé, avait une signature antigrav aisée à verrouiller, un jeu d’enfant ; en ajustant légèrement le senseur incorporé dans son casque, le chasseur de primes isola l’antigrav avant puis régla l’ogive pour une explosion modérée… Le client avait dit « vivant », pas de désintégration. Il ne restait plus qu’à attendre qu’il décélère pour éviter une carcasse… Là.

 

Lorsque le missile frappa l’avant du véhicule, il le fit se cabrer, projetant son équipage dans les airs ; le Mandalorien activa son jetpack, jaillissant du couvert, et fonça sur sa cible. Le pistolet était un Merr-son power 5, il en avait scié le canon déjà court, ajouté un évent pour une meilleur diffusion du tir, et remplacé la crosse par celle d’un revolver DL-18, plus lourde et idéale pour briser les crânes ; sans sa lunette, et avec une meilleur prise, l’arme était redoutable pour les affrontements à courte portée. Avec regrets, le chasseur de primes appuya sur le bouton faisant passer son pistolet en paralysant, à peine eut il touché le sol que trois tirs jaillirent du flingue pour neutraliser les soldats rebelles.

 

Crix Madine se redressa, il avait mal au bras et du sang chaud coulait sur le côté de son visage ; il n’était pas sûr, hésitant entre un missile antichar et une mine… La traînée, tout ça était flou alors qu’il tentait de se redresser dans l’herbe grasse, encore humide de la rosée du matin. Une voix impitoyable, filtrée par un système amplificateur le tira de sa confusion.

 

_ Crix Madine, vous faites l’objet d’une citation à comparaître dans les plus brefs délais devant une cour de justice du gouvernement provisoire de l’Alliance.

 

C’était une blague ? La poigne d’acier qui le souleva du sol l’informa que non, puis il se retrouva nez à nez avec une visière polarisante et ressentit de la peur… Boba Fett.

 

_ Tu viens avec moi jusqu’à la capitale, rebelle.

 

Le chasseur de primes passa des menottes magnétiques à son prisonnier avant d’appeler son vaisseau à l’aide des systèmes asservis de son armure, cinq cent mille crédits facilement gagnés.

 

 

 

Ca s’annonçait très mal, Madine ne s’était toujours pas présenté à la barre, la liste des témoins pour cette session comportait le nom d’un de ses officiers subalternes appelé par l’accusation… Et pour conclure, une copie des enregistrements de la boîte noire du croiseur Vigilant avait été ajoutée aux pièces à conviction. Rommor passa la porte de la salle d’audience en se disant que tout reposait sur les épaules de Koshyyr le wookie, c’était à lui de tenir bon et de minimiser l’impact des révélations de Fey’Lya.

 

La tension était palpable dans le tribunal, les adversaires avaient pris la pleine mesure de leurs talents oratoires et de leurs ressources ; on ne jouait plus. L’officier Mon Calamari, Ackbar, semblait impatient, c’était lui l’expert qui jugerait de la pertinence du contenu de la boîte noire ; le soutient de Rommor, Leia, maîtrisait parfaitement son attitude, ne laissant filtrer aucune inquiétude, juste l’impartiale autorité du juge.

 

_ Commençons.

 

Fey Lya engagea le cristal de données dans le projecteur holographique que l’on avait amené pour l’occasion.

 

_ L’accusation présente la pièce à conviction numéro quatre, la copie de l’enregistreur de la passerelle de commandement du croiseur Vigilant lors de sa mutinerie dans le secteur de Kathol.

 

Bien sûr, il s’agissait de morceaux choisis, montés tels quel, ils présentaient Rommor comme un fou furieux qui avait rasé une colonie au nom de l’Empereur.


«Pilonnez la zone cible jusqu’à ce que les détecteurs vous indiquent qu’il n’y a plus de forme de vie ou de signature énergétique enseigne…Les traîtres doivent subir un châtiment exemplaire.»

 

En se voyant des années plus tôt, Rommor resta de marbre ; les bras croisés sur sa poitrine et le dos bien droit, appuyé en arrière sur le dossier de sa chaise. Ce serait dangereux mais il n’y avait qu’une façon de rattraper cette gifle, Rommor se pencha à l’oreille de son défenseur.

 

_ Vous devez me faire témoigner, si l’enregistrement est complet je peux démontrer qu’il ne s’agissait pas d’un massacre de civils ; dans le cas contraire cela prouvera que Fey’Lya est partial.

_ IL AURA DROIT A UN CONTRE-INTERROGATOIRE, PRENEZ GARDE.

_ Je serai calme et correct, pas de problème.

_ SOIT.

 

Koshyyr se dressa lentement a la fin de la lecture de l’enregistrement, après un regard vers Fey’Lya, qui ne rajoutait rien pour ne pas surcharger sa terrible démonstration ; le wookie fit quelques pas vers le centre de la salle, observa les juges, puis se rendit près du projecteur. Il examina en retour rapide l’enregistrement, puis finit par briser le lourd silence qui pesait sur la salle d’audience.

 

_ INSTRUCTIF… MAIS PARTIEL, J’AIMERAI REVOIR L’ENREGISTREMENT AVEC L’ASSITANCE DU SEUL TEMOIN PRESENT LORS DES FAITS. AMIRAL ACKBAR, POURREZ-VOUS NOUS PRETER VOTRE EXPERTISE EN MATIERE DE COMBAT SPATIAL ?

 

Le Mon Calamari avait une voix sèche et râpeuse, toujours prudent, il semblait pourtant s’être forgé un avis sur Rommor Irius Cabb, et pas des plus favorables.

 

_ Dans la mesure de mes compétences, oui conseiller Koshyyr.

_ MERCI AMIRAL, DANS CE CAS LA DEFENSE APPELLE A LA BARRE ROMMOR IRIUS CABB.

 

Fey’Lya était rayonnant, non seulement il savait que la parole de l’accusé ne valait rien, mais même si Ackbar corroborait sa version des faits, il aurait toute l’occasion de passer Cabb sur le grill avant de lui donner le coup de grâce. L’humain se leva, tenant son veston de façon distinguée, puis vînt se placer sur le siège réservé aux témoins… Le bothan devait admettre qu’il avait là un adversaire intéressant, pas une seconde on aurait dit que Cabb doutait d’être acquitté. Airen Cracken se pencha vers le témoin.

 

_ Vos noms et qualité je vous prie.

_ Rommor Irius Cabb, membre de la haute assemblée des Lords de Chandrila.

Koshyyr ne laissa pas entrevoir, mais il était satisfait de la réponse de son client ; il s’avança et avec la télécommande du projecteur ramena l’enregistrement à la mutinerie sur la passerelle, dans l’amas de Minos.

_ ROMMOR, QUE FAISAIT LE VIGILANT A KATHOL ?

_ Nous recherchions un centre d’entraînement des troupes de choc, pour le détruire.

_ UN VAISSEAU IMPERIAL TRAQUANT DES IMPERIAUX ?

_ Le Moff du secteur, Kentor Sarne, utilisait ces troupes de choc comme commandos suicides pour simuler des attentats rebelles sur le secteur voisin de l’amas de Minos.

_ AVEZ VOUS PERSONNELLEMENT ASSISTE A UN DE CES ATTENTATS ?

_ Oui, j’y ai perdu une section de fusiliers et mon chef mécanicien ; un vaisseau de réfugiés et de blessés, bourré d’explosifs.

_ ALORS LA MARINE IMPERIALE VOUS A ENVOYE DETRUIRE CE CENTRE D’ENTRAINEMENT ?

_ Non, l’incident a été classé sans suite pour des raisons politiques ; puis notre capitaine a été assassiné lorsqu’il a découvert la localisation du centre.

_ QU’AVEZ-VOUS FAIT ?

_ J’ai protesté, et j’ai été mis aux arrêts.

_ C’EST LA, QUE VOUS AVEZ ORGANISE CETTE MUTINERIE ?

_ Non, c’est un agent de l’Empereur nommé Yaris Benten, à bord, qui m’a donné le commandement du vaisseau.

_ VERIFIONS CA.

 

Le projecteur entra en fonctions, montrant Rommor avec des menottes, accompagné du commissaire politique du bord et de troupes de choc. Puis ce fut le tournant décisif, le commissaire libérant Rommor et le sergent des troupes de choc lui tendant une arme. Koshyyr arrêta, se tourna vers les juges, ils avaient bien saisi la scène.

 

_ ROMMOR, VOTRE CIBLE ETAIT ELLE BIEN UNE PLANETE AGRAIRE SANS DEFENSE ?

_ Non, il y avait deux vaisseaux de guerre appartenant à la flotte sectorielle de Kathol, un croiseur léger et un porte chasseurs stellaires, stationnés autour d’Obliviat.

_ VOUS ONT IL LAISSE FAIRE ?

_ Non, nous avons du les combattre et les détruire.

Le projecteur montra l’explosion du transporteur tactique Dragon-Mouche, et sur la bande audio, les rapports des TIE du Vigilant ; Koshyyr arrêta, puis se tourna vers Ackbar.

_ AMIRAL ?

_ Mmm, c’est correct, poursuivez Défenseur.

_ MERCI.

C’était le moment de conclure, de tracer un trait de liaison vers la stratégie « offensive » de la défense.

_ ROMMOR, QUE SAVIEZ VOUS DE VOTRE CIBLE ?

_ D’après le rapport de l’agent de l’Ubiqtorat à bord, la cible était camouflée ; puis bien sûr, nous avons effectué des vérifications avec les données fournies par les senseurs du Vigilant ; la population était trop réduite pour être celle d’une colonie agraire, les sources d’énergie trop puissantes pour être civiles.

_ A QUOI PENSIER VOUS LORSQUE VOUS AVEZ DECLARE « LES TRAITRES DOIVENT ETRE CHATIES DE FACON EXEMPLAIRE ? »

_ Au maître principal Stark, qui approchait de sa retraite ; aux fusiliers et à l’adjudant Hoffman, avec lesquels je prenais le café ; aux civils terrorisés et hagards à bord du cargo Ménestrel Corbanti ; au capitaine Pol Horst qui m'avait toujours traité comme n'importe lequel de ses officiers ; tous trahis par Kentor Sarne et ses séides… D’ailleurs la citation originale vient de Yaris Benten, le commissaire politique du bord.

_ OU CETTE ACTION VOUS A T’ELLE CONDUIT ROMMOR ?

_ Au pénitencier militaire de Tarensk.

_ PAS D’AUTRES QUESTIONS.

 

Fey’Lya se leva, c’est à peine s’il ne souriait pas de toute sa gueule garnie de crocs ; écartant les mains devant lui, d’un geste apaisant, il s’adressa à l’accusé.

 

_ Commodore Cabb, pouvez-vous garantir à ce tribunal qu’il n’y avait aucun civil dans la zone d’Obliviat que vous avez bombardé ?

_ Non.

 

Pas la peine d’ergoter, l’accusateur aurait encore amené sa règle du « répondez par oui ou par non » sur le tapis.

 

_ N’auriez-vous pas pu vous contenter d’endommager les installations ?

_ Toutes les personnes présentes sur cette planète étaient au courant de ce qui s’y passait, de fait elles….

_ Répondez par oui ou par non je vous prie.

 

Evidemment.

 

_ Conseiller, ne me posez pas de question si vous ne souhaitez pas en entendre la réponse ; si vous persistez à m’interrompre pour me faire taire, autant nous arrêter tout de suite.

 

Le bothan sourit, avec un petit rire de gorge.

 

_ Commodore, vous êtes peut-être habitué à ce que l’on vous obéisse au doigt et à l’œil, mais ce n’est pas l’Empire ici ; vous répondrez à mes questions.

_ Cela sonne pourtant très COMPORN, conseiller.

Airen Cracken mit fin à l’échange, menaçant tour à tour l’accusateur et l’accusé d’un doigt tendu.

_ Questions et réponses, ne faites pas perdre de temps à ce tribunal.

_ L’accusation n’a plus de questions votre honneur.

 

Rommor attendit un signe du président et retourna s’asseoir derrière sa table ; Fey’Lya lavait fait passer pour un témoin non coopératif et un orgueilleux, mais pour ce faire, il avait du prêter le flanc et Rommor avait mis à jour sa réthorique.

 

_ L’accusation appelle le lieutenant Page à la barre.

 

Page était un jeune homme brun au visage marqué, tout en lui respirait le soldat ; Rommor avait une excellente mémoire, ils s’étaient croisés sur Mantooine au camp rebelle ; il savait bien de quoi on allait parler… BLUE.

 

_ Déclinez vos noms et qualité.

_ Judder Page, lieutenant des commandos Katarn, forces spéciales de l’Alliance.

Fey’Lya bondit sur ses pattes, plein d’un dynamisme communicatif.

_ Bonjour lieutenant, pouvez-vous me dire où vous avez connu l’accusé ?

_ Un de nos hôpitaux avancés sur Mantooine, mais j’ai appris à le connaître avant ça.

_ Que voulez-vous dire ?

_ Nous avions monté une opération pour exfiltrer le capitaine Madine afin qu’il rejoigne l’Alliance ; nous devions piéger l’unité impériale Alpha dans un complexe souterrain… J’avais à ma disposition presque un bataillon, deux blindés et l’avantage de la surprise ; ils étaient sept. J’ai perdu nos deux véhicules et un grand nombre de bons soldats.

_ En effet, et l’accusé ?

_ Nous l’avons capturé vivant selon les ordres ainsi qu’un de ses camarades blessés, une femme ; puis nous les avons soigné.

_ Y avait-il une raison particulière à cela ?

_ C’était le fils de Mon Mothma.

 

Rommor prit simplement une inspiration plus ample qu’à l’accoutumée, puis expira toute sa colère sans rien en montrer. Fey’Lya le regarda de pied en cape, comme s’il était à l’affût d’une ressemblance avec la dirigeante historique de l’Alliance.

 

_ Qu’avez-vous fait de l’accusé lieutenant ?

_ Nous lui avons proposé de rejoindre l’Alliance.

_ Et a-t-il accepté votre offre ?

_ Non, il s’est montré catégorique, mais il a donné un preuve de « bonne foi ».

_ Comment ?

_ Il a pris l’arme de service du capitaine Madine et a tiré dans la tête de sa camarade blessée.

_ Il l’a tuée ? Qu’a-t-on fait de l’accusé alors ?

_ Il a été gardé au secret, interrogé sans succès ; puis relâché dans la bordure extérieure.

_ Avez vous revu l’accusé par la suite ?

_ Un de nos commandos gardait des prisonniers impériaux à bord du galion stellaire Minotaure, Alpha Red a été envoyé pour reprendre le bâtiment.

_ Qu’est il arrivé ?

_ Hormis les assaillants impériaux, personne à bord du Minotaure n’a survécu à cette opération.

 

Rommor n’avait pas vu venir le Minotaure, il vérifia que Koshyyr se rappelait les angles sur lesquels attaquer le témoin, puis retourna à son observation attentive… Fey’Lya avait joué ses cartes majeures.

 

_ Pas d’autres questions.

 

Koshyyr mordillait le bout d’une de ses griffes préhensiles, une habitude lorsqu’il réfléchissait… Au bout d’un instant de silence, il extirpa sa masse imposante de la chaise sur laquelle il était assis.

 

_ LIEUTENANT, QUI A ORGANISE CE PIEGE SUR MANTOOINE POUR L’UNITE ALPHA ?

_ Le capitaine Madine.

_ C’EST BIEN LE CAPITAINE MADINE QUI A DONNE SON ARME A L’ACCUSE POUR EXECUTER SA CAMARADE BLESSEE ?

_ Oui, quoi que je ne pense pas qu’il imaginait ce que l’accusé allait faire de son arme.

_ IL L’A POURTANT CHOISI ET ENTRAINE AVANT DE LE COMMANDER SUR LE TERRAIN.

_ C’est vrai.

_ MON MOTHMA VOUS A T’ELLE DIRECTEMENT DONNE L’ORDRE D’EPARGNER SON FILS ?

_ Non.

_ AVEZ VOUS RECU UN ORDRE SIGNE DE MON MOTHMA VOUS SPECIFIANT D’EPARGNER SON FILS ?

_ Non, mais nous ne travaillons quasiment jamais avec des ordres écrits.

_ ETIEZ VOUS A BORD DU MINOTAURE ?

_ Non, mais je connaissais très bien les hommes en charge de cette mission.

_ VOUS ONT ILS DECLARE AVOIR VU L’ACCUSE A BORD DU MINOTAURE ?

_ Non, ils sont morts ; il les a tués.

_ SI PERSONNE N’A SURVECU A CETTE BATAILLE ; COMMENT SAVEZ-VOUS CE QUI S’EST PASSE A BORD DU MINOTAURE ? OU SI L’ACCUSE ETAIT A BORD ?

_ Notre source à bord du destroyer Hérault nous avait confirmé l’arrivée d’Alpha Red !

_ ET QUELLES DISPOSITIONS AVEZ-VOUS PRIS ?

La question était une accusation, Page devînt pâle et ne répondit rien… Koshyyr le dominait de sa taille, il le toisa un moment puis repris.

_ QUELS ETAIENT LES ORDRES DU COLONEL MADINE POUR LE COMMANDO A BORD DU MINOTAURE, LIEUTENANT ? VOUS TEMOIGNEZ SOUS SERMENT, JE VOUS LE RAPPELLE.

Avec lenteur, choisissant bien ses mots, Page répondit.

_ Il n’y avait aucun ordre spécifique.

_ EN EFFET, C’ETAIT IMPLICITE… LIEUTENANT, PARLEZ NOUS DU COMMANDANT DE CE COMMANDO, QUI ETAIT-IL ? QU’EST-CE QUI LE LIAIT A L’ACCUSE ?

_ Gillian Fang était le frère d’un des hommes que j’ai perdu sur Mantooine.

_ QUI A SELECTIONNE CET OFFICIER POUR ACCOMPLIR CETTE MISSION ?

_ Le colonel Madine.

 

Koshyyr retourna à la table de la défense et prit son bloc de données, le montrant à Page.

 

_ QUE LA COUR NOTE QUE LA PIECE A CONVICTION NUMERO DEUX EST PRESENTEE AU TEMOIN… LIEUTENANT, POUVEZ-VOUS LIRE A LA COUR LE NOM DE L’OFFICIER IMPERIAL EN CHARGE DE L’OPERATION ?

 

Page s’éclaircit la voix, il commençait à comprendre dans quel cirque il s’était embarqué ; un tribunal n’était pas un champ de bataille, et les manœuvres de la politique n’avaient rien voir avec un franc échange de tirs… Madine et les bothans l’avaient mis dans une position détestable, et quel que fut son avis sur Cabb, Page était tout sauf un menteur… Même par ignorance, le mensonge le révulsait, et il en avait été l’instrument.

 

_ Dark Vador.

_ PAS D’AUTRE QUESTION.

 

Rommor aurait eu envie d’applaudir, il n’avait pas imaginé le paisible Koshyyr capable d’une telle vindicte, maîtrisée comme la logique d’un mathématicien, parfaite… Son argumentaire s’était montré presque plus véhément que celui du bothan.

 

Il y eut un certain raffut dans le couloir, une voix criant « vous ne pouvez pas entrer là » ; et la porte s’ouvrit sur un des greffiers projeté au sol. Boba Fett contourna tranquillement le soldat rebelle, poussant Crix Madine devant lui. Voyant le chasseur de primes dans son armure à la sinistre réputation, Cracken se leva.

 

_ Qu’est-ce que cette intrusion signifie ?

Fett s’avança jusque devant la table des juges, puis y jeta la citation à comparaître.

_ J’escorte Crix Madine pour qu’il témoigne dans le procès Gouvernement Provisoire de l’Alliance contre Cabb.

 

Un bras en écharpe et une agrafe à l’arcade sourcilière, Madine n’en menait pas large ; Fett lui avait enlevé ses menottes à l’atterrissage, il n’avait pas besoin de ça pour tenir un homme désarmé tranquille. Cracken n’était pas charmé.

 

_ Est-ce que vous allez bien général Madine ?

_ Ca ira.

_ Chasseur de primes, vous avez usé de violence à l’encontre d’un dignitiaire de l’Alliance, vous êtes conscient que nous pourrions vous arrêter pour ça ?

 

Fett ne s’en laissa pas compter.

 

_ J’ai arrêté un fugitif.

_ Un fugitif ?

_ C’est le nom qu’on donne à ceux qui prennent la poudre d’escampette une demi-heure après l’émission d’une citation à comparaître… De toute façon mon boulot est fait, arrangez-vous comme vous voulez.

 

Fett se retourna avant de s’arrêter à la table de la défense, il inclina légèrement la tête pour saluer son employeur et sortit. Fey’Lya s’exclama tout haut.

 

_ La méthode Cabb !

 

Koshyyr s’était levé.

 

_ SI LE GENERAL MADINE EST EN ETAT DE REPONDRE AUX QUESTIONS DE LA COUR, LA DEFENSE AIMERAIT PROCEDER.

Fey’Lya imita le wookie, prenant un air indigné.

_ Il est visible que le témoin n’est pas en état de répondre, il a été littéralement passé à tabac par un chasseur de primes ! Qui sait s’il n’a pas subi des pressions de la part du gorille de monsieur Cabb ?!

 

Koshyyr plaça sa botte, tout en se montrant conciliant.

 

_ LA DEFENSE NE VOIT PAS D’OBJECTION A CE QUE LE TEMOIN SOIT ENTENDU DEMAIN S’IL EST ASSIGNE A RESIDENCE PAR LA COUR EN ATTENDANT.

 

Cracken soupira puis se rassit, visiblement il expérimentait la pire migraine qu’il ait été donné à un homme de connaître.

 

_ Le témoin sera entendu demain matin, en attendant il sera consigné à l’infirmerie du Palais.

 

Le conseiller bothan se positionna aux côtés du général Madine.

 

_ Cette cour semble se méprendre sur l’identité du vrai criminel !

 

Le président frappa de son marteau, puis déclara en se massant l’arrête du nez :

_ Cette séance est levée, cela devient une triste habitude mais je veux m’entretenir avec le défenseur et l’accusateur ; qu’on ramène monsieur Cabb en cellule et qu’on escorte le général Madine jusqu’à l’infirmerie.

 

La salle se vida, laissant les deux non-humains face au juge avachi dans son fauteuil ; il se servit un verre d’eau et avala une aspirine, puis croisa les bras, regardant les prêteurs comme un parent contemplerait des enfants turbulents.

 

_ Je suis désolé de voir que mon avertissement précédent a été oublié, le problème avec vous messieurs c’est que chaque camp est aussi retors que l’autre ; aucune cour de justice n’aurait acceptée l’entrée fracassante d’un chasseur de primes, mais d’un autre côté, j’ai pris la liberté de vérifier le journal des vols le jour de l’émission de la citation à comparaître, et force est de constater que le départ du général Madine avait quelque chose de « précipité ». Nous ne sommes pas dans une classe de droit, je ne vais pas distribuer des blâmes, et si je sévissais les seuls pénalisés seraient l’accusé et l’Alliance. Alors reste la question, comment vais-je vous contrôler ? C’est simple, à la moindre incartade lors de la session de demain, je vous révoque et vous ferez l’objet d’une amende pour outrage à la cour… Une amende sévère et à titre personnel. Me suis-je bien fait comprendre ?

_ PARFAITEMENT.

_ C’est très clair votre honneur.

_ Et maintenant, hors de ma vue.

 

Borsk Fey'Lya sortit en ravalant un grognement de fureur contenue, alors comme ça Cabb avait monté l'intensité de l'affrontement d'un cran jusqu'à le rendre physique ? Très bien, puisque ce gèneur d'impérial voulait joueur aux durs, il allait en avoir pour ses crédits...

 

Créé le mardi 2 octobre 2007 à 23h44 par Guinch & mis à jour le mardi 2 octobre 2007 à 23h47