Rommor Ep8

Coruscant, la cour martiale était présidée par un grand amiral, signe que sa décision aurait valeur de référence à l’avenir. La salle était immense et très vide, depuis sa position isolée au centre du demi-cercle que formait la commission disciplinaire, Rommor Cabb tentait de ne pas laisser cette manipulation habile le déstabiliser.

«Lieutenant Rommor Cabb, officier de la marine de sa majesté, vous êtes accusé de mutinerie, crimes de guerre et trahison…On m’a aussi communiqué que vous refusiez l’assistance d’un avocat militaire, je veux m’assurer que vous avez bien compris la portée d’une telle décision lieutenant.»

Roide, Rommor fixa le grand amiral dans les yeux, voulant abréger ce simulacre au plus vite.

«Je suis au fait des conséquences de ma décision monsieur, je souhaite plaider coupable à tous les chefs d’accusation soulevés à mon encontre excepté celui de trahison. De plus je signerai toute clause discrétionnaire si j’obtiens l’assurance que le nom des Cabb ne sera pas traîné dans la boue, je suis sûrement un meurtrier et j’ai désobéi aux ordres mais je ne suis pas et aucun Cabb ne le sera jamais: un traître.»

Le grand amiral se pencha vers ses collègues et discuta rapidement de la proposition d’arrangement, il en ressortit qu’elle était avantageuse pour la marine.

«Lieutenant, cette cour martiale est prête à accepter les termes de votre arrangement, voici donc notre décision: vous étant reconnu coupable des chefs d’accusation de mutinerie et crimes de guerre vous encourez la peine capitale, néanmoins eu égard aux services rendus à l’Empire et au régime qui l’a précédé par votre famille, la justice de sa majesté commue gracieusement votre peine de mort en une sentence de prison à vie. Cette cour martiale est terminée.»

Un coup de maillet et tout le monde se leva afin de quitter la salle des étendards de l’amirauté, les fusiliers spatiaux vinrent chercher Rommor pour qu’il attende en cellule son transfert vers le pénitencier militaire.

De nouveau en cellule, le jeune homme n’était pas amer, cela se terminait comme prévu…Mais ni Sasha, ni Père n’étaient venus. Aussi quand le caporal de service lui dit qu’il avait de la visite, il eu des raisons d’espérer… La salle du parloir était grise, tout était gris dans la marine, ils devaient acheter la peinture par cales de destroyers entiers. Un homme en costume noir très chic entra, un attaché-case à la main, il demanda à ce qu’on le laisse seul un instant avec le lieutenant et le maton quitta la salle.

«Lieutenant Cabb, c’est un plaisir de vous revoir, comment allez-vous?»

Rommor ne cacha pas une mine à la fois déçue et méfiante, menottes au poignets il serra la main de l' inconnu .

«Je ne crois pas avoir le plaisir de vous connaître monsieur, et très franchement vous n’étiez pas la personne que j’attendais.»

L’homme avec un sourire imparable prit place dans la chaise de l’autre côté de la table et posa son attaché case sur cette dernière d’un geste léger.

«Je ne suis pas un homme dont on se souvient, c’est un talent très utile dans ma partie.»

Ouvrant la mallette, il en sortit un petit livre jaune et écorné…Therion de Mandalore.

«Nous ne vous avons pas tous oubliés Rommor, en tout cas pas moi je dois dire que ce jour-là vous m’avez fait forte impression…Impression que j’ai répercutée sur me supérieurs.»

Rommor feuilleta avidement le livre, objet familier et cher à son cœur, un sourire désespéré sur le visage il fixa les yeux étrangers de cet homme à la recherche d’un indice…En vain.

«Yaris? Yaris Benten?»

L’homme sourit visiblement amusé et referma sa mallette non sans avoir encore une fois vérifié que son brouilleur omnispectre était en fonction.

«Un nom parmi tant d’autre, un visage parmi tant d’autres…Voyez moi plutôt comme la manifestation de la volonté de sa majesté lorsque cette dernière souhaite que les choses se fassent en toute discrétion.»

Rommor sentit vite retomber sa surprise comme le peu de baume au cœur que cette visite lui avait procurée, il savait que l’on parlait désormais politique. Son interlocuteur Ubiqtorat  saisit la nuance de son expression avec un professionnalisme certain et fit rapidement son exposé.

«Vous n’avez peut-être pas eu accès aux nouvelles Rommor, voici donc la vérité officielle sur l’incident Obliviat: Deux navires de la marine impériale ont été détruits par les forces rebelles car le Vigilance n’est pas venu leur porter assistance…Bien sûr votre mutinerie est la cause de tous les évènements d’Obliviat et notre habile ami Kentor Sarne n’est absolument pas responsable. Néanmoins vous avez fait de l’excellent travail, suite à la réduction de forces navales de Sarne et la perte de ses troupes de choc personnelles, nous avons été à  même de le forcer à accepter des troupes de renfort choisies par nos soins, bref la main de l’Empereur s’étend à nouveau sur le secteur de Kathol, grâce à vous et à vos camarades du Vigilance.»

Rommor n’était pas un idéaliste forcené, mais il était loyal, absolument loyal…Présentée sans sucreries, la vérité le rasséréna un peu.

«Et les autres?»

L’homme qui n’était plus Yaris Benten secoua sombrement la tête.

«Nous ne pouvons rien pour eux, tous les officiers notés sur le livre de bord comme participant à votre mutinerie seront fusillés, incarcérés au mieux…Les officiers mariniers, sous-officiers et hommes du rang seront ré-affectés avec perte de grade. La marine doit elle aussi s’assurer que son autorité reste entière et que les mutineries n’éclatent pas dans tous les systèmes, vous comprenez ça n’est-ce pas?»

Le lieutenant Cabb comprenait parfaitement, mais il se sentait tout de même coupable pour le sort de ses frères d’armes, dans son esprit enfiévré il avait d’abord pensé que comme tête de pavillon il recevrai seul l’orage mais il avait été bien stupide.

«Merci pour le livre, j’imagine que ce sera tout.»

L’homme en noir soupira mais intima l’immobilité à Rommor d’un geste du doigt.

«Pas exactement Lieutenant, vous allez être envoyé dans la forteresse de Tarensk, une prison militaire de haute sécurité…Écoutez moi bien car c’est primordial, vous devez survivre, si on vous défie, ou si on vous agresse alors tuez car à Tarensk il n’y a pas d’autre forme de combat que le combat à mort.»

Rommor se passa une main fébrile sur le visage, alors ce n’était pas la fin du cauchemar ; puis avec un sourire tordu il répondit à l’agent secret.

«Je croirai presque entendre mon père.»

L’homme se leva en effaçant le plis de son costume, avant de prendre la porte il créa une étrange petite lumière au bout du tunnel.

«Si vous tenez trois mois, alors nous reprendrons contact.»

Rommor fit un signe avec le livre dans sa main en direction de ce caméléon humain et lui cita un passage de Therion de Mandalore qu’il était sûr que cet homme extraordinairement ordinaire connaissait par cœur.

«Règne tel le faucon parmi les espèces inférieures.»

L’homme ne rit pas, il connaissait Tarensk, il adressa juste un hochement de tête silencieux en guise de bonne chance au lieutenant Cabb.

Cinquième jour, Tarensk était une forteresse creusée dans un astéroïde géant entouré de mines téléguidées…Une endroit sec, clinique et froid.

«INOC-515 un pas en avant!»

Le détenu, entièrement glabre s’exécuta sous le commandement impitoyable de la voix synthétique du droïd gardien, il avait appris ce que tout retard dans l’exécution d’une injonction pouvait entraîner. Contrôle sanitaire, l’homme nu et sans aucune pilosité se pencha en avant et serra les dents…Comment avec un niveau technologique aussi élevé pouvait on encore pratiquer ce genre d’examen physique? De la cruauté, une agression psychologique de plus, c’est tout.

«INOC-515 retournez à la ligne jaune et enfilez votre combinaison de sécurité.»

INOC-515 retourna endolori et humilié à la ligne jaune avant de se glisser dans la combinaison verte d’une pièce, possédant des semelles elle était tout ce qu’un détenu possédait ici…Non c’était incorrect, elle était ce qui possédait le détenu. Le droïd gardien verrouilla l’ouverture de la combinaison, un collier à induction de choc neural, selon la rumeur il contenait aussi une charge de détonite.

«INOC-515 suivez la ligne jaune et retournez à la zone d’attente.»

INOC-515 retourna au triage, une immense pièce froide et rectangulaire dont les murs latéraux étaient constellés de cellules.

«INOC-515 rejoignez le bloc C-7, vous avez 180 secondes pour obtempérer.»

Sans courir car c’était interdit, INOC-515 rejoignit la cellule qu’on lui avait désigné aujourd’hui, les cellules changeaient tous les jours ; ici on ne se faisait pas d’amis et on ne possédait aucun repère géographique.

La grille de la cellule se referma et INOC-515 regarda IANC-312, son autre occupant…Une grosse brute borgne qui le détailla comme on regarde le menu, dans cette cellule exiguë et avec la différence de poids il n’avait aucune chance, mieux valait éviter l’affrontement.

«Regardez-moi ça, on m’a envoyé exactement ce que j’avais commandé.»

INOC-515 baissa les yeux et laissa l’orage passer.

«J’ai 63 jours ma jolie donc si j’étais toi je serai plutôt gentille, tu me comprends?»

INOC-515 ne put se résigner à répondre, malgré toute la discipline qu’il voulait s’imposer une once de fierté brûlait quand même encore dans sa carcasse froide.

«Tu cause pas? Je vais te donne une bonne raison de pas jacter ma cocotte, amènes-toi, à genoux!»

INOC-515 serra la mâchoire et obtempéra.

«Tu vois à ceux qui dépassent soixante jours on offre un petit cadeau ici…Regarde moi cette merveille.»

IANC-312 ouvrit un espace aménagé sur le devant de sa combinaison, il semblait que l’on autorisait l’accès à certaines parties de leur corps aux détenus +60...INOC-515 déglutit péniblement en comprenant très bien ce qui allait se passer.

«Tu sais ce que tu dois faire pas vrai? Gobe moi ça salope et vite fait sinon je vais te faire regretter les droïds gardiens.»

Réprimant un haut le cœur insupportable, INOC-515 pensa à Sasha, ouvrit la bouche et fit ce qu’on attendait de lui. IANC-312 poussa quelques grognements bestiaux de satisfaction et siffla d’admiration.

«T’y mets pas du cœur mais t’as de la technique ça va me faire chier de te voir partir demain ma jolie…He, he, t’entends ça, il y a quelqu’un ici qui va te regretter!»

L’idée saugrenue provoqua un spasme d’hilarité chez IANC-312, si bien qu’il ne s’aperçu pas d’une certaine vigueur nouvelle dans les mouvements d’INOC-515.

Le rythme des appels resta inchangé, la lumière ne s’éteignait jamais à Tarensk, il n’existait aucun rythme diurne et seuls les appels permettaient de compter le temps, notion différant pour chaque détenu. Mais aujourd’hui un signal nouveau retentit, dans l’immense bloc un hurlement de douleur continue résonna sans discontinuer…Cela dura bien trois minutes. C’est extrêmement long trois minutes.

IANC-312 frappait de toutes ses forces, balançant ses poings contre le crâne de la chose blanche et dure qui lui infligeait une douleur insupportable, mais rien n’y faisait, INOC-515 ne se détachait pas et ses dents continuaient de cisailler la chair, le sang ruisselant à présent à flots sur son torse jusque sur le sol.

Le hurlements  continuèrent et à l’issue des trois minutes les droïds gardiens flottèrent jusqu’à la cellule du bloc C-7. INOC-515 se tenait debout, une traînée carmine partant depuis sa bouche et couvrant le reste de sa personne…IANC-312 se vidait de son sang, courbé en deux sur le sol et poussant des gémissements plaintifs. De sa voix synthétique incapable d’exprimer des émotions, le droïd gardien fit un constat.

«Infraction au code sanitaire INOC-515 vous avez contaminé cette cellule, suivez la ligne rouge pour décontamination et procédure disciplinaire immédiate!»

INOC-515 obtempéra, et suivit la ligne rouge, arrivé au milieu de la salle de triage et sachant qu’on l’observait depuis les cellules, il jeta au sol le morceau de chair sanguinolent qu’il tenait dans sa main…Puis sans un mot reprit sa route.

Derrière ses écrans de contrôle, confortablement installé dans son fauteuil en cuir d’Eopie, le commandant de la forteresse de Tarensk pleurait de rire, il faillit même renverser son brandy Cassandrien sur un uniforme tout neuf.

«Oh, oh…Ah, ah…Non mais vous avez vu ça IG-14? Celui-là est un vicelard, je l’aime bien…Mettez le sur le programme du bloc E pour sa sortie d‘isolation, on verra bien ce qu’il vaut contre un adversaire moins naïf!»

Le droïd surveillant général approuva et proposa son choix.

«Excellent choix commandant, puis-je proposer ISPC-700? Élément de surprise garanti, intelligence tactique et passion profonde pour le meurtre.»

Le commandant se leva et donna une tape amicale sur le châssis d’IG-14.

«Votre poulain pas vrai? Et bien allons-y mon petit vieux, dommage que vous n’ayez pas quelques milliers de crédits à miser, on devra attendre la tournée d’inspection de fin du mois pour dépouiller nos chers inspecteurs!»

Se frottant le ventre le commandant s’assit à son bureau et consulta le menu du jour.

23ème jour, immergé dans un bain de bacta à peine tiède, laissé dans l’obscurité totale avec des inhibiteurs neuraux, INOC-515 finissait sa période d’isolation ; les droïds gardiens l’avaient matraqué en groupe et lui avaient brisé à peu près tous les os dont il pouvait se souvenir de ses leçons d’anatomie. La plupart des détenus craignaient à la fois la douleur et son absence, INOC-515 appréciait d’être laissé dans cette transe méditative des jours durant. Il était impossible de quantifier le temps autrement que pas ses battements cardiaques, INOC-515 prenait son temps pour explorer sa vie à rebours, ne commettant pas l’erreur de se projeter vers l’avenir. Un petit passage à tabac n’était pas grand chose et c’était à chaque fois plusieurs jours de gagnés hors du circuit des combats du bloc, INOC-515 connaissait ses limites et savait que s’il combattait trop il arriverai à un niveau de trop supérieur au sien, et alors il serai tué ; c’était un officier et un stratège, il préférait se reposer sur un plan raisonnable que jouer un va-tout, la dernière expérience du genre l’avait amené sur Tarensk et donc correctement échaudé son héroïsme.

Il vînt un moment où la pression de la cuve chuta doucement, on allait donc l’extraire…INOC-515 se retrouva à son point de départ, la ligne jaune, l’examen médical qu’il subit quasiment avec un sourire tant retrouver ses sensations était une surprise agréable. Il retourna ensuite en salle de triage.

«INOC-515 rejoignez le bloc E-1, vous avez 180 secondes pour obtempérer.»

Il entra dans la cellule et marqua un petit temps d’arrêt en découvrant son occupant…Il y avait donc des femmes à Tarensk, enfin façon de parler car effacée dans cette combinaison verte et dépouillée de ses cheveux et sourcils elle n’avait pas grand chose d’attirant. INOC-515 fit un tour prudent et s’arrêta, ISPC-700 ne l’avait pas une seconde lâché des yeux.

«Je sors d’isolation, tu peux profiter du moment ou me laisser pioncer un peu…Ou encore m’étrangler dans mon sommeil, tu vois mais je ne suis pas d’attaque donc je vais m’allonger lentement les mains le long du corps bien en évidence…Comme ça.»

Sans geste brusque, INOC-515 prit place sur la couchette murale à l’opposé de la cellule…Ne pouvant déchiffrer dans le regard d’ISPC-700 si elle allait lui sauter à la gorge ou pas, inquiétant.

INOC-515 sentait quelque chose de très étrange, il tourna son visage sur le côté et tenta d’établir un contact avec la femme à côté de lui mais elle lui fit un signe négatif de la tête, plaçant un doigt sur ses lèvres pour lui intimer le silence.

Le détenu était frais et dispos, son séjour dans le bacta lui avait donné une vigueur nouvelle et lui permettait aisément de fuir le sommeil…Peut-être était-ce calculé, peut-être lui donnait on volontairement cet avantage pour équilibrer l’affrontement? ISPC-700 était immobile dans une position reposant ses muscles, elle regardait le plafond et INOC-515 compris qu’il s’agissait à présent d’une guerre des nerfs, s’il bougeai elle le tuerai sûrement, les cales de ses mains révélaient en effet une pratique intensive du combat à mains nues. Mais si c’était sa stratégie, peut-être qu’attendre la bloquerai jusqu’à l’appel suivant et qu’ils se quitteraient tous les deux en vie? Ce fut nerveusement épuisant mais il en fut ainsi.

61ème jour, l’évolution dans les cellules du bloc était devenue comme une seconde nature pour INOC-515, alternant avec des procédures d’isolation sans en abuser, il était ainsi arrivé à obtenir l’incroyable gratification d’une combinaison à braguette. Assis face à sa barre de nutriments compressés et sa ration d’eau, il se reposait en  surveillant ses alentours immédiats dans la cantine.

Dans son bureau le commandant de Tarensk comptait les crédits que lui avaient cédé les inspecteurs de la commission, les derniers paris avaient tournés exactement selon ses pronostics. Il fut un peu irrité lorsque son communicateur sonna…Il regarda le message, encodé.  Toutes affaires cessantes, le commandant vérifia que sa porte était verrouillée puis sortit la clé SCANDOC temporaire qui était logée dans son coffre, le message se décrypta rapidement et laissa le commandant perplexe, il ne savait s’il fallait ou pas se réjouir des nouvelles ; il avait appris que dans la hiérarchie impériale mieux valait rester un obscur qu’atteindre une position enviée.

EXP: Ecole d’application de l’Infanterie

DEST: Centre de recrutement de Nar Shadda.

Au commandant en poste,

Inspection spéciale ce mois-ci par VIP, veuillez prendre mesures pour prise d’armes exceptionnelle.

Le commandant se servit un verre, les noms de code choisis par l’Ubiqtorat ne l’amusaient même plus…Alors quelqu’un de haut placé s’intéressait au « programme » du capitaine Madine? Et bien la forteresse de Tarensk allait lui offrir du grand spectacle alors. Le commandant retira la clé de décryptage et la plaça dans un cendrier pour qu’elle s’y consume selon la programmation de ses matériaux intelligents, puis il appela IG-14.

«Surveillant général dans le bureau du commandant.»

90ème jour, INOC-515 n’avait pas conscience d’être arrivé au terme du délai qu’on lui avait fixé, à vrai dire à force de se montrer vigilant dans ses combats il en avait perdu le fil de son décompte. Ce fut à l’appel qu’il découvrit que quelque chose d’anormal se passait. Plusieurs détenus furent dirigés sur la ligne verte…

Depuis le compartiment d’observation circulaire surplombant le puit d’aération du système de survie, l’endroit le plus haut de toute la forteresse, une foule de gens en uniforme et notables du système se pressait comme chaque mois pour assister aux combats. IG-14 flotta entre invités et droïds SE-4 servant les convives pour rejoindre le commandant, sa voix synthétique essaya de simuler autant de nervosité que possible mais cela ne réussit qu’à rendre  l’intonation du vocalisateur grotesque.

«Commandant la navette spéciale a atterri sur la plate-forme il y a trois minutes, je n’ai pas réussi à vous joindre sur votre communicateur…»

Le commandant coupa le droïd d’un geste car il s’entretenait avec un vicomte qui de plus était son banquier.

«Oui je ne voulais pas être dérangé, le capitaine Madine connaît le chemin.»

Le droïd poussa quelques bips frustrés mais le commandant lui fit signe d’aller voir ailleurs si il y était…Soudain un silence de mort tomba sur la sale alors qu’une porte venait de coulisser en sifflant. Le commandant de la forteresse de Tarensk se retourna et sentit au creux de son estomac un nœud portant la griffe familière de la peur en train de tout écraser.
Deux soldats des troupes de choc portant une dragonne rouge, seul signe distinctif de leur appartenance à la garde royale venaient d’encadrer la porte…Puis ce fut un homme au visage de pierre qui la passa, dans un uniforme de général orné de la même dragonne à l’épaule, le capitaine Madine sur les talons.
Le commandant essaya de se recomposer et approcha aussi aimable que possible en signifiant à un droïd serveur d’apporter à boire.

«Euh….Lord Cabb, quel honneur de vous recevoir ici.»

L’homme ne se départit pas de son visage fermé et baissa le regard sur la caricature d’officier qu’il trouva immédiatement méprisable, un homme ventripotent avec un verre à la main.

«Dans l’armée on salue ses supérieurs et on  s’adresse à eux selon les grades en vigueur.»

Le commandant devînt pâle, reposa son verre sur le plateau du droïd et essaya de présenter un garde à vous convenable. Le général Cabb se tourna vers le capitaine Madine et lâcha ses mots comme si personne n’avait été alentours.

«Sortez moi tous ces civils d’ici, c’est un pénitencier militaire pas une arène multisports.»

Le capitaine fit un signe dans la direction de la porte et d’autres troupes de choc entrèrent au pas de course, leurs fusils en main pour sortir sans ménagement toutes les personnes n’appartenant pas aux forces armées impériales…En quelques minutes de protestations étouffées et indignées, il ne resta que les droïds nettoyant la salle et un détachement entier de soldats de choc gardant tous les accès.

«Commençons, je n’ai pas toute la journée.»

Le commandant de Tarensk fit signe à IG-14 qui transmis ses ordres aux droïds gardiens, les combats commencèrent dans le puit.
INOC-515 affronta deux adversaires, se servant des murs lisses du conduit d’aération pour les surprendre en rebondissant, la mobilité au vu de son gabarit avait été son meilleur atout…l’arcade ouverte il tentait de ne pas laisser de sang couler dans son oeil droit, il reprit son souffle et un nouvel adversaire entra…Ca devait être le destin, la force ou simplement une blague de très mauvais goût, en face de lui le sas s’ouvrit et ISPC-700 entra dans le puit.

Au dessus de la mêlée brutale, le général observait, insensible mais visiblement intéressé ; il fit signe à Madine de s’approcher et lui demanda de lui exposer à nouveau les tenants et aboutissants de son « programme ».

«Mon général nous sélectionnons ici avec soin des détenus au potentiel combatif satisfaisant pour leur offrir une seconde chance de servir sa majesté. Ils disposent tous d’une formations militaire et ont déjà tué à de nombreuses reprises, une fois sortis du programme ils sont tellement habitués au bâton qu’ils répondent avec une extraordinaire loyauté à l’application de…La carotte si je puis dire.»

Le général acquiesça et tapota impatiemment le rebord de la vitre sans teint en attendant le début du prochain combat.

«Très bien capitaine, vous avez mon aval pour former vos commandos suicides…Sa majesté sera satisfaite je pense.»

Le puit, INOC-515 n’avait jamais été aussi brutal…Il avait la certitude que s’il ne donnait pas absolument tout ce dont il était capable en un minimum de temps, son adversaire bien supérieur sur son terrain ne lui laisserai aucune chance. Il se replaça dans une garde rapprochée de boxe, sauta d’un pied sur l’autre toujours en mouvement et laissa approcher son ennemi visiblement aussi décidée que lui à être la personne qui ressortirai en vie de l’arène. Toujours les bras le long du corps, elle devait croire que son ennemi étant un marin et qu’il ne savait rien du poing impérial, mais cette technique de combat avait été mise au point entre autre par un colonel qui avait été son père. Dans l’assemblage étrange de l’univers, quelque chose avait donc voulu laisser une chance au détenu INOC-515...Cette révélation semblait vouloir toucher Rommor depuis ce point dans le temps où il avait fixé cette tâche dans le mur de la cabine du capitaine Horst, quelque chose essayait de lui dire qu’il devait vivre, pourquoi?

Rommor encaissa le coup du tranchant de la main qu’ISPC-700 lui envoya dans l’arcade, son sang à gros bouillon se remit à couler, l’aveuglant, mais il avait écouté la voix intérieure lui hurlant de tout jouer sur un coup de dé, il avait l’intuition qu’il devait aller contre la logique, la stratégie et frapper…MAINTENANT.

Rommor agrippa le poignet de son adversaire au vol avant que sa main ne quitte son arcade écrasée. Le pied en contre appui contre la cheville d’ISPC-700 il plaça finalement son autre main derrière le coude de la femme et hurlant de haine plia son bras à l’envers. L’amenant au sol, il tira de toute ses forces et l’articulation se disloqua alors que l’homme appuyait un de ses pieds sur le dos de sa victime. Il tira et les tendons lâchèrent, il sentit des années de colère se focaliser en cet instant précis du temps, quelque chose de sombre et mauvais remontant dans ses veines, il hurla de plus belle et tira encore, la peau se déchira et dans une gerbe de sang l’os traversa la chair.
Rommor Cabb tomba a genoux, saisit la tête de son ennemie et la cogna contre le sol, il était à bout et n’arrivait pas à l’achever, il cogna encore, encore et encore, cogna pendant de longues minutes hors d’haleine jusqu’à ce que les pleurs le paralysent, et qu’il roule sur le sol en position fœtale absolument brisé, sans plus aucune logique.

«Ah, INOC-515 j’ai douté de lui, j’ai cru qu’il avait abandonné à un moment du programme mais voyez c’est dans sa nature…Un vrai chien de guerre! Je suis presque triste de le voir partir. Ah!Ah! Vous imaginez, quelqu’un va le regretter ici! Ah!Ah!»

Le bras cybernétique du général Cabb jaillit d’un coup, frappant du bout des doigts la glotte du commandant de Tarensk qui s’effondra  mort.

«Il n’y a pas de place pour le doute dans cette armée Commandant.»

Le général se détourna du spectacle affligeant derrière la vitre et  fit signe à son subordonné.

«Capitaine, pour le prochain officier en poste à Tarensk, choisissez un sadique mais prenez-le intelligent. Que l'on embarque les recrues, nous partons.»

Créé le samedi 2 juin 2007 à 23h26 par Guinch & mis à jour le mercredi 20 mars 2013 à 14h06