Rommor Ep40

« Trop lent ! »

 

L’alarme stridente signala au pilote que son chasseur venait d’être verrouillé par l’ordinateur de tir du TIE derrière lui, et de par la même venait de signer sa mort théorique dans le cadre de l’exercice qui les opposait. Le lieutenant colonel Durnin était un professeur exigeant, il forma sur l’aile de l’Avenger alors qu’ils viraient tous deux pour retourner vers le Protecteur.

 

« Vous pilotez ce chasseur comme on commande un vaisseau de guerre, pas étonnant que je vous surclasse à tous les coups. »

 

Jonglant avec les nombreux instruments du cockpit du nouveau TIE, le pilote respira une grande bouffée d’air frais et métallique soufflé par son casque puis répondit en souriant pour lui-même.

 

« J’entends, vous dites que je devrai remuer mes grosses fesses de père de famille un peu plus activement, Dan. »

 

L’habituellement taciturne chef du groupe aérospatial embarqué ri, il existait entre son commandant et lui une complicité de pilotes, celle d’un cockpit exigu sentant le sang et la fumée, du sifflement d’une fuite d’oxygène… Les hommes que l’on plongeait ensemble dans le feu avaient tendance à en ressortir étrangement mêlés.

 

« Avec tout le respect que je vous dois, vous m’avez reçu dix sur dix, monsieur. »

 

Souriant sous le masque noir de leurs combinaisons de vol, les deux pilotes poursuivirent en silence jusqu’à apponter sur le Protecteur ; un moment de tension qui exigeait une concentration complète, Durnin avait imposé à tous les pilotes du bord de se passer de l’aide des rayons tracteurs en dehors des situation de combat.

 

Alors que les pilotes s’extrayaient de leur cocon de survie exigu, les techniciens de la corporation Siennar s’affairaient déjà autour des deux TIE Avengers ; le long fuselage à la géométrie parfaite de ces prédateurs d’un gris dur, trahissait leurs incroyables capacités combatives.

 

« C’est un sacré jouet monsieur, le grand amiral Zaarin nous a fait un beau cadeau. »

 

Durnin essuyait la sueur coulant du haut de son crâne jusque dans ses yeux, utilisant le dos d’un de ses gants ; plongeant le regard vers le grand pont hangar du destroyer qui se déployait loin sous leurs pieds.

 

« Vous avez raison colonel, c’est un honneur d’avoir le premier escadron opérationnel d’Avengers à bord. »

 

Un officier marinier saisit délicatement le casque des mains du second pilote, arrachant un regard amusé au chef du groupe embarqué qui leur faisait face… Il était impossible d’opposer un argument au premier maître Porter, il aurait apporté des rafraîchissements à son commandant sur un plateau de duraminium s’il avait été en enfer.

 

« Si je puis me permettre capitaine, la réunion de l’escadre se tient dans quinze minutes. »

 

Le commandant de l’IVD Protecteur adressa un léger signe de tête à son maître d’hôtel et quitta la passerelle de service menant aux cockpits des Avengers.

 

« Je vous retrouve là-bas Durnin. »

 

Le CAG salua le départ de son commandant, son cérémonieux maître d’hôtel sur les talons.

 

 

Avec les derniers travaux de réfection du Protecteur toujours en cours, le commandant du chantier naval de Bilbringi avait courtoisement proposé à la cinquante septième escadre de croiseurs lourds de tenir leurs réunions dans sa propre salle de briefing ; au vu des relations cordiales que le pacha de la cinquante-septième entretenait avec le grand amiral responsable de la construction navale, le commandant de Bilbringi ne manquerait pas mentionner quelques uns de ses petits soucis de budget à son jeune collègue autour d’un déjeuner cordial.

 

Le jeune commandant de la cinquante septième pensait justement avec ironie que le Vice Amiral Solon, avait siégé à la commission devant juger de sa responsabilité dans la perte du croiseur d’intervention Glaive, à peine un an plus tôt… Et aujourd’hui il l’appelait par son prénom et l’invitait à dîner pour lui demander une faveur ; les vents de la politique étaient tournants au sein de l’Empire, même l’amirauté ne pouvait y échapper.

 

« Commandant sur le pont ! »

 

Les portes avaient coulissé et dans un bruit de bottes s’entrechoquant, tous les officiers présents dans la salle de réunion venaient de se lever pour saluer l’entrée de leur pacha.

 

« Repos, bonjour à tous ! »

 

Il leur sourit et ils se détendirent un petit peu, s’il arrivait à entretenir des rapports cordiaux avec ses subordonnés les plus proches, il avait beaucoup de mal à modérer les inquiétudes que suscitait sa réputation chez les autres officiers de son escadre… Mais après tout, il était le capitaine fantôme, l’éventreur, ou encore l’ombre de Vador comme certains de ses détracteurs le surnommaient.

 

Rommor Irius Cabb appuya ses mains gantées de cuir noir sur la grande table luisante et laissa passer un court moment de silence, puis, avec une satisfaction non feinte, il leur sourit.

 

« Messieurs, mesdames… La nouvelle est tombée, nous prenons l’espace dans deux semaines ! »

 

Les mines se réjouirent autour de la table, la cinquante septième était de retour.

Créé le vendredi 17 août 2007 à 12h58 par Guinch & mis à jour le mercredi 20 mars 2013 à 14h06