Rommor Ep57

Sur le lit hospitalisé flottant au dessus du sol, l’immense créature ne semblait pas peser plus lourd qu’une plume ; le wookie blessé fut installé dans un container aménagé de la cale du céréalier Terragrocorp ; un peu endormi par les sédatifs, il essayait de ne pas quitter des yeux la forme floue de l’humain qui l’avait emmené jusqu’ici.

 

Il poussa un cri rauque et plaintif que le module de diagnostique, un modèle luxueux, traduisit.

 

_ Je dirai à votre mère qu’elle avait raison à votre sujet.

 

Il sentit la main de l’homme se poser sur la fourrure de son épaule, et de l’autre il plaça un cristal de données dans sa patte.

 

_ Peu de choses à mon sujet peuvent être considérées comme certaines, j’avais besoin de vous pour délivrer ces informations au commandement de l’Alliance, c’est tout… Adieu Koshyyr fils de Rhooo.

 

Mais comment connaissait-il son nom ? A moins que… L’humain quitta le champ de vision de Koshyyr, et le céréalier s’envola alors qu’il sombrait dans l’inconscience.

 

 

[Un jour plus tôt… Domaine Cabb, Chandrila.]

 

Rommor ouvrit les yeux sur le coup de quatre heures du matin, pénétré par l’appel inconscient d’un astre lointain ; le jour allait poindre, il devait se préparer. Il ne se permit pas de regard sur le visage endormi de son épouse, redoutant de perdre sa résolution ; il glissa silencieusement hors du lit et enfila des vêtements de randonnée ; puis il descendit et remplit son sac de provisions, d’un peu de matériel et d’un médikit. Son entraînement lui hurlait de prendre une arme, mais c’était simplement hors de question ; il glissa juste un Kosh’ra, utilisé comme une machette par les gens des environs, dans son étui dorsal.

 

Sans bruit, Rommor sortit par un des accès dérobés de la propriété ; d’une fenêtre au second étage, Aves Porter regardait une silhouette furtive disparaître dans la nuit.

 

 

Le promeneur marcha dans le clair obscur une heure durant, il connaissait ces bois intimement pour y avoir tant et tant joué… Quoi que ce n’était pas vraiment exact, le mot jouer se substituait à chasser dans son esprit, comme pour paraître moins cruel.

 

S’arrêtant sur un promontoire alors que le terrain devenait escarpé, Rommor contempla le soleil se lever et se baigna dans ses rayons, chassant les ombres de la nuit. Une fois le rite accompli, il mastiqua une barre de rations, avala un peu d’eau, puis reprit sa route vers le pied des montagnes.

 

Lorsqu’il fut arrivé vers la zone désignée par les instructions des rebelles, il avait bien parcouru treize kilomètres ; il s’arrêta pour faire mine de s’orienter et boire un peu d’eau, mais ses sens étaient aux aguets, quelqu’un l’observait et il le savait.

 

Le bruit provoqua immédiatement chez lui le réflexe de se jeter à couvert, mais les filaments collants du pistolet à filet se refermaient déjà sur lui, coupant sa respiration et le projetant au sol sous la violence de l’impact. Les soldats en tenue camouflée émergèrent alors qu’il jouait des bras avec lenteur pour essayer de se ménager assez d’espace pour respirer, le premier le surplomba, son visage n’exprimait pas grand chose de plus que l’habituelle impression à cette distance, que ce soldat d’en face va vous tuer. Le rebelle leva son arme et abattit la crosse sur la tempe de Rommor.

 

Lorsqu’il reprit conscience, sa tête tambourinait d’une douleur sourde et du sang séché formait une croûte sur le côté droit de son visage ; il était libre, adossé à un arbre et son équipement se trouvait à l’autre extrémité d’une clairière… En retrait dans la végétation, un des soldats tenait son arme braquée sur lui, mais ils devaient être plusieurs.

 

Un grognement se fit entendre, suivi d’un phrasé appartenant probablement à un wookie, il fut aussitôt traduit par une voix aux consonances synthétiques.

 

_ Je m’excuse pour le traitement que mon escorte vous a infligé, mais ces hommes avaient des amis à bord du Minotaure.

 

Rommor fit jouer sa mâchoire et soupira en se redressant un peu contre le tronc de l’arbre.

 

_ Vous êtes tout excusé, puis-je avoir de l’eau ?

 

Ce fut un des soldats qui dégrafa sa gourde pour la tendre à Rommor, mais avant de la lui donner, il prit son temps pour cracher dedans ouvertement. Rommor fit couler un peu d’eau sur le sol, puis mouilla un pan de sa chemise pour se nettoyer le visage. C’était douloureux, mais la fraîcheur de l’eau lui fit du bien.

 

_ Vous vouliez nous parler capitaine Cabb ?

_ Sans vouloir vous vexer, je m’attendait à voir quelqu’un d’autre.

_ Ne soyez pas ridicule, vous représentez un risque bien trop grand pour la sécurité de nos dirigeants ; c’est pourquoi on m’a envoyé pour vous parler.

 

Rommor se redressa lentement, suivant d’un œil l’angle du canon de l’arme en face de lui, il ne le lâchait pas ; puis il fit face à son interlocuteur, comme il faisait mine de se rapprocher, le Specforce qui le tenait en joue lui fit signe de rester là où il était.

 

_ Qu’avez-vous à nous dire capitaine Cabb ?

_ J’ai des informations pour Mon Mothma.

_ Faites m’en part et je transmettrai.

 

Mais quelque chose dans l’environnement venait subitement de changer, Rommor le remarqua puis échangea un regard avec le Specforce qui le surveillait, lui aussi était subitement devenu inquiet. L’émissaire wookie questionna Rommor.

 

_ Qu’y a-t-il ?

_ Les oiseaux, ils se sont tus… Il faut partir d’ici.

 

Mais il était trop tard, le hulullement des répulseurs survolant la forêt confirma ce que Rommor pensait ; le soldat Specforce jeta un regard haineux à Rommor.

 

_ C’était un piège !

 

Mais il n’eut pas le temps de lui tirer dessus, des grenades choc explosèrent et les troupes de choc descendirent en rappel de la navette surplombant la clairière, les traits de blasters mitrailleurs arrosant la forêt. C’était un chaos sans nom.

 

Les Specforces ripostèrent, l’un d’eux devait avoir un lance-grenades vipère Arakyd, car il logea son explosif dans le compartiment ouvert de la navette, laquelle touchée à mort dériva avant de s’écraser quelques dizaines de mètres plus loin dans les bois.

 

Mais les troupes de choc au sol étaient plus nombreuses, le E-11 à l’épaule ils repoussaient les soldats rebelles qui voulaient les entraîner à leur poursuite dans les bois. Leur sergent tira sur le wookie, le touchant dans le dos alors qu’il s’enfuyait, puis il courut vers Rommor qui avait les bras levés bien en évidence.

 

_ Vous n’êtes pas blessé mon capitaine ?

 

Rommor déglutit en baissant lentement les bras, quoi qu’il se soit passé, ils ne le soupçonnaient donc pas d’être ici de son plein gré… Il aurait du remercier les Specforce pour leur petit numéro, mais ce n’était pas fini ; rassemblant l’adrénaline de l’instant, il la changea en colère et s’adressa au leader du peloton des troupes de choc.

 

_ Non, et j’espère pour vous que vous n’avez pas tué cette « créature »… Ces salopards de rebelles ne sont pas nombreux, poursuivez-les et tuez-les ! Nous avons leur chef, ils ne nous serviront à rien.

 

L’ordre était donné avec morgue, s’appuyant sur des mots qui ne pouvaient que faire vibrer la fibre fanatique des troupes de choc. Le sergent frappa du poing sur son plastron et s’exécuta, faisant signe à un de ses subordonnés postés en position défensive le long de la ligne d’arbres.

 

_ Caporal, autorisation de lancer la poursuite ; tirez pour tuer.

 

Les troupes de choc se déployèrent contre toute sagesse tactique, mais dans l’Empire, il fallait obéir même aux ordres stupides. Rommor récupéra son sac et son équipement jetés un peu plus loin sur le sol ; le sergent était retourné près du wookie.

 

_ Il vivra.

 

Le wookie avait été retourné sur son dos gravement blessé d’un coup de botte, à présent nez à nez avec le canon d’un E-11 tenu par le sergent des troupes de choc… C’était une scène effrayante qui tourna rapidement au cauchemar.

 

Il y eu un bruit sourd, un bruit atroce de métal tranchant la chair, et le casque du soldat impérial se mit subitement à pendouiller sur son thorax, retenu uniquement par la chair de sa gorge. Le sang jaillissant en un geyser bouillonnant, le flot carmin se tarit alors que le soldat s’était écroulé sur le côté ; derrière lui, le petit homme qui avait semblé si vulnérable assis contre un tronc d’arbre un instant plus tôt, tenait une faucille sanglante à la main. En fait, le sang l’avait éclaboussé de part en part et on lisait dans ses yeux une détermination farouche, et l’absence totale de sentiment devant l’acte barbare qu’il venait de commettre.

 

_ Tu peux marcher ?

 

L’extraterrestre parla, mais son droid de traduction avait été réduit en pièces détachées durant l’assaut impérial ; l’humain traduisit néanmoins par son absence de mouvement que la réponse était négative.

 

_ Je ne pourrai pas te porter, je vais devoir te traîner à couvert ; ça va faire mal mais essaye de ne pas crier.

 

L’humain accrocha son arme à la ceinture puis saisit les bras du wookie, et il le traîna sur le sol, lui arrachant des gémissements plaintifs mais maîtrisés. Puis il abandonna le blessé pour aller chercher l’arme du soldat impérial.

 

_ Leurs renforts ne tarderont pas à arriver, il faut que nous partions ; je vais bricoler une civière et te donner quelque chose pour la douleur, mais ce ne sera pas facile pour autant.

 

Avec sa faucille il trancha trois branches, les croisa puis les relia avec de la corde ; puis il injecta un anti-douleur au wookie avant de le placer sur le brancard improvisé. C’était comme il avait dit, à peine assez supportable pour fuir le lieu de la réunion.

Rommor mit quelques minutes avant de s’orienter ; avec le nombre de troupes impériales sur la planète, la forêt allait rapidement grouiller de soldats… Il n’avait qu’un seul endroit où ces derniers ne les chercheraient pas, serrant les dents, il entreprit de traîner son lourd paquet aussi vite que possible.

 

_ Après ça, tu as intérêt à survivre wookie.

 

Un grommellement un peu mou lui répondit alors qu’ils s’enfonçaient plus profond dans les bois.

 

 

[Lieu inconnu, Domaine Cabb, Chandrila]

 

Lorsque l’émissaire rebelle se réveilla, il regretta presque l’inconscience, la douleur irradiait du bas de son dos, là où le trait de blaster l’avait fauché dans sa course. Il était à présent allongé, le ventre sur de la pierre lisse et plate, une natte roulée pour lui servir d’oreiller ; c’était une caverne, visiblement artificielle ; une lampe posée un peu plus loin éclairait le campement de fortune.

Des bruits de pas approchant, c’était l’humain Cabb, les bras chargés de matériel médical.

 

_ Tu es vivant ? Bien.

_ C’est grave ? Je ne sens plus mes jambes.

 

Mais l’humain ne le comprenait pas ; il s’assit à côté de lui et entreprit de s’affairer sur sa blessure avec les gestes prudents mais fermes d’un combattant habitué à ce genre de choses.

 

_ Le bon côté des blessures par blaster, s’il peut y en avoir un, c’est qu’elles cautérisent donc pas de risque d’infection extérieure… Mais l’énergie se diffuse et ça, ça peut foutre en l’air les organes ; je ne suis pas un spécialiste de l’anatomie wookie bien sûr, mais je dirai que ce qui devrait nous préoccuper c’est de voir si tes reins fonctionnent encore.

 

Il sortit une poche d’eau avec un tube.

 

_ Un litre, tu siffles tout et on verra rapidement si ta tuyauterie fonctionne encore.

 

On l’avait prévenu bien sûr, le distingué fils de Mon Mothma était passé par les commandos du colonel Madine ; il y avait un temps pour tout, et présentement ce n’était pas pour le protocole.

 

_ Où sommes nous ?

 

Cabb lui jeta un regard perplexe, il se répéta…

 

_ Je n’ai que des rudiments de wookie l’ami, quant à l’endroit où nous nous trouvons et bien… Nous l’appelons Ifrinàcerba, ça signifie : le feu tombé du ciel ; c’est ici qu’il y a quinze générations de cela, le clan Cabb est arrivé sur Chandrila.

 

Le wookie buvait son eau tant bien que mal, Cabb retourna à sa blessure.

 

_ Tes nerfs ont pris une surcharge, leur dysfonctionnement peut être temporaire comme définitif ; mais en t’en fais pas trop, les greffes neurales prennent assez bien, j’en sais quelque chose.

_ Vous êtes très rassurant.

_ Je ne sais pas ce que tu voulais dire mais ça avait l’air sarcastique.

_ Vous entendez mieux le wookie que vous ne voulez l’admettre capitaine Cabb.

_ Ta conversation doit sûrement être passionnante mais pour l’instant nous avons des problèmes plus pressants ; t’exfiltrer de la planète n’est pas vraiment un problème, mais t’amener jusqu’à un astroport risque d’être une autre paire de manches. En gros, je vais devoir te traîner de nuit jusqu’à la ferme la plus proche… Et ce, à travers tout un filet de patrouilles impériales lancées à notre recherche.

_ Vous êtes un homme étrange capitaine Cabb, je pensais que vous me tueriez pour vous couvrir.

_ Oh mais si tu as de meilleures idées je suis tout ouïe !

_ Pas d’idées, non.

_ Je ne comprends pas un traître mot de ce que tu me racontes de toute façon.

 

Cabb effectua un aller-retour au fond de la grotte et revînt avec bloc de données et un communicateur.

 

_ Vos cavernes sont toutes aussi bien équipées sur cette planète ?

 

Voyant que le wookie avait désigné les deux pièces d’équipement, Rommor s’assit et éclaira le mur de la grotte avec la lampe, il était couvert de gravures dans une langue inconnue.

 

_ C’est une petite habitude bien pratique instaurée par mon ancêtre Fern Dren, tout là haut ; il cachait toujours quelques équipements utiles par-ci, par-là.

_ Ce sont là tous vos ancêtres ?

_ Mon père est là et mon nom à moi ira là, tout en bas, le jour où je lui succéderai… Je sais ça doit être d’un ennui prodigieux pour vous ; passons aux choses pratiques, regardez plutôt ceci.

 

Le bloc de données afficha un plan de la région.

 

_ Je vais tenter de t’emmener jusqu’à cette ferme dans la vallée, c’est une propriété de ma famille ; les métayers sont de braves gens qui ne diront rien si je le leur fait promettre. Je ferai ensuite venir un transporteur appartenant à une société céréalière qui nous sert de couverture pour des opérations de contrebande, comme s’il venait chercher un chargement à la ferme ; puis la société en question te sortira du système pour que tu rejoignes la rébellion.

_ Reste encore à passer les patrouilles dans la forêt.

 

S’il y avait un mot important et revenant fréquemment dans la langue wookie, c’était bien « forêt ».

 

_ La forêt ? Rien qu’une bonne vieille diversion ne saurait faire… Mais regarde plutôt.

 

Rommor composa un indicatif du réseau local de communication.

 

_Leukish Beyarh ? Ici le leukish Jethro… non, croyez-moi tout va bien contrairement à ce que dit la presse locale ; j’aurai besoin que vous me rendiez deux services. Le premier c’est que quelques appels soient passés ce soir aux autorités pour leur signaler la présence d’un wookie blessé et d’un homme répondant à ma description dans les parages de Brasierville ; la seconde, c’est que vous envoyiez dans la mâtinée de demain un véhicule de votre société pour récupérer du fourrage à la ferme Tirià. Oui, je veux exfiltrer quelqu’un de la planète, il est blessé alors prévoyez ce qu’il faut. Merci leukish Beyarh, je ne l’oublierai pas lors de la prochaine assemblée du conseil.

_ Le Tenloss ?

_ Le pire c’est que je ne peux même pas appeler ma femme pour lui dire que je vais bien, elle doit être morte d’inquiétude… Et elle sera d’autant plus furieuse quand je rentrerai chez moi demain.

 

Il y eut un moment de silence.

 

_ Capitaine Cabb, je crois que…

_ Bonne nouvelle, tes reins fonctionnent encore ; mauvaise nouvelle, tu t’es souillé la fourrure.

 

La remarque arracha un rire sec au wookie qui se communiqua à son compagnon humain… Ses jours n’étaient donc plus en danger, du moins pas à cause de sa blessure. La grosse patte du wookie se tendit vers Rommor qui réprima un prudent mouvement de recul, il avait déjà vu un de ces paisibles arboricoles déchiqueter un soldat avec ses griffes préhensibles.

 

_ Koshyyr troisième fils de Rhoo vous doit la vie, Rommor fils de Mothma.

_ Oui, moi aussi je suis soulagé… Il n’aurait plus manqué qu’une contrainte de temps pour faciliter notre petite randonnée de ce soir.

 

Le wookie soupira, les humains étaient vraiment impossibles avec leur impérialisme… Le basic, toujours le basic.

 

_ Reposes-toi, nous partirons à la nuit tombée.

 

 

[Ferme Irià, Domaine Cabb, Chandrila.]

 

Ushur Joltan avait toujours eu le sommeil léger, il arrivait parfois aux animaux de crier la nuit, mais rarement au delà de quelques minutes… Il enfila ses bottes et son pantalon, décrocha son fusil du râtelier et fila à la grange avec sa tige lumineuse à la main.

Il n’y avait pas beaucoup de voleurs dans le domaine Cabb, les lois y étaient dures, plus dures encore que dans le reste de l’Empire ; mais c’était à l’image de sa population, dure à la tâche. Par contre, avec la forêt si proche, des prédateurs affamés pouvaient bien venir rôder trop près des installations humaines.

 

Le vieux métayer poussa la porte de la grange et balaya l’obscurité avec le faisceau de sa tige lumineuse, puis il s’arrêta sur deux grands yeux jaunes luminescents qui le regardaient ; par ses ancêtres ! Cette créature devait être énorme, un fauve des montagnes, mais que faisait-il si loin de son habitat naturel ?

 

Le fermier déglutit puis arma son fusil, mais soudain il fut précipité dos contre la porte alors que son arme lui était arrachée des mains ; son cri fut étouffé par une main, bien humaine elle, collée sur sa bouche.

 

_ Du calme Ushur.

 

La voix était posée, autoritaire et familière.

 

_ Seigneur Lorn ?

_ Non, c’est moi.

 

L’agresseur s’éclaira avec la lampe, clignant des yeux sous la violence de la lumière.

 

_ Monsieur Rommor, ça alors ! Mais à la radio ce matin ils disaient que vous aviez été enlevé par les rebelles !

_ C’est une histoire compliquée, j’ai besoin de votre aide mon vieil ami.

_ Nous sommes au service de votre famille depuis longtemps monsieur, vous n’avez pas à demander voyons… je vais réveiller ma femme, elle sera si contente de vous revoir !

_ Si vous voulez mais soyez discret, il y a beaucoup de patrouilles dans le coin et j’ai un ami blessé qu’ils ne doivent pas trouver.

_ Bien sûr, ne bougez pas, je reviens tout de suite.

 

Ushur était un peu étonné que le fils de son seigneur essaye d’échapper aux patrouilles ; mais il se moquait bien de la politique du dehors, tout ce qui comptait c’était la vraie vie, ici sur Chandrila. Il revînt avec son épouse et de quoi manger, ils furent étonnés de voir Koshyyr, probablement leur premier wookie d’ailleurs. Miva Joltan était une femme solide ayant l’habitude de s’occuper des bêtes, elle retourna chez elle chercher un gant et du savon pour nettoyer la grande créature qui en fut très gênée.

 

_ Alors vous êtes avec les rebelles maintenant monsieur Rommor ? Comme votre maman.

_ Non Miva, c’est un peu plus compliqué que ça.

_ Compliqué c’est un mot qu’utilisent les hommes lorsqu’ils ne veulent pas admettre quelque chose, ça et « plus tard » monsieur Rommor.

 

Ushur fronça les sourcils, creusant le labyrinthe de rides de son visage.

 

_ Un peu de respect femme, c’est au fils de ton seigneur que tu t’adresses.

_ Oh, ça va, monsieur Rommor ne va pas mal le prendre tout de même, je lui torchais les fesses quand il était petit.

_ Femme !

 

Rommor sourit, apaisant le pauvre métayer qui, cela se voyait bien, n’était pas homme à avoir jamais bridé l’expression de son épouse auparavant.

 

_ Cela n’est pas grave, gardez-vous bien de jamais en parler surtout ; pas même à monsieur mon père.

_ Mais, s’il nous pose la question ? Nous ne pourrons pas lui mentir monsieur Rommor.

 

Miva donna un grand coup de coude à son mari, faisant un clin d’œil à Rommor.

 

_ Alors on s’arrangera pour qu’il ne nous pose jamais la question pardi!

_ Merci à tous les deux, nous ne vous causerons pas d’ennui, nous serons partis demain à la première heure.

_ Thyrsus me garde de jamais vous mettre à la porte, vous êtes chez vous, quand bien même toute l’armée de l’Empereur viendrait vous réclamer monsieur Rommor.

_ Heureusement, nous n’en arriverons pas à de telles extrémités Ushur ; mais j’apprécie votre loyauté.

 

Et en effet, le matin fut prompt à arriver ; et avec lui, le camion de la société Terragrocorp ; Koshyyr fut chargé à bord sur un lit médicalisé ; Miva Joltan faisait ses adieux à ses invités surprise.

 

_ Tenez, je vous ai préparé un petit casse croûte pour la route.

_ Merci Miva, il ne fallait pas.

_ Il faudra amener vos petits un jour, qu’ils voient les animaux ; je leur ferai de la tarte, comme celle que vous aimiez tant.

_ Sans faute.

_ Et n’attendez pas jeune maître, on est plus bien jeunes avec mon mari ; qui sait jusqu’à quand on pourra s’occuper de la ferme ?

_ Je ne vous oublierai pas Mivan, vous avez la parole d'un Cabb.

_ Alors je suis rassurée.

 

Il déposa un baiser sur la joue de la vieille dame et capta les mots que son époux adressait au wookie blessé, triturant avec culpabilité son chapeau entre ses mains parcheminées.

 

_ Vous savez, on est pas des mauvaises gens, même qu’on a rien contre vous autres les pas humains… C’est juste la grosse politique, nous bien on y peut rien, c’est comme ça.

 

Le wookie le reprit aussi aimablement qu’il put, traduit simultanément par l'ordinateur du lit médicalisé.

 

_ C’est faux monsieur Joltan, vous pouvez y faire quelque chose, comme vous l’avez fait hier soir.

 

Le vieux hocha la tête, l’air grave, puis s’en alla ; Rommor grimpa dans le camion et le chauffeur plaça une fausse cloison et des balles de fourrage derrière eux.

 

 

[Le jour même, Résidence du Protecteur, Domaine Cabb, Chandrila]

 

L’hologramme de la présentatrice locale se détachait au premier plan, derrière elle les images de son sujet sur lesquelles Moira Darksun-Cabb et Ludmilla Kern avaient les yeux rivés.

 

« Le capitaine Cabb a réussi à échapper à ses ravisseurs au terme de trente quatre heures de séquestration, épuisé physiquement et moralement comme vous pouvez le voir sur nos hologrammes, il n’a pas souhaité faire de déclaration. Le colonel Kern des fusiliers de la marine, qui avait repris la direction des recherches suite à l’opération de libération ratée des troupes de choc dans la mâtinée d’hier, a annoncé qu’avec l’accord express du moff Remkar, le domaine Cabb se verrait affecter un bataillon des bérets rouges pour la défense de son territoire.»

 

Mais déjà, le speeder militaire de type Chariot se garait devant la résidence ; Moira couru retrouver son mari, couvert de crasse et de sang coagulé, l’étreignant très fort.

 

_ J’ai cru que tu étais mort !

_ Il y a bien un moment où moi aussi.

_ Ne me refais plus jamais le coup de partir comme un voleur au petit matin !

_ Attaches-moi au lit, je ne demande pas mieux pour les prochaines quarante-huit heures.

_ Trésor, on va d’abord te passer à la douche sonique, tu es dégoûtant et tu sens… tu sens…

_ Comme si un wookie m’avait pissé dessus, je sais.

 

Ils rentrèrent rapidement à l’intérieur, talonnés par le toujours vigilant et serviable Aves Porter.

Créé le mardi 11 septembre 2007 à 19h41 par Guinch & mis à jour le mardi 11 mars 2008 à 18h40