Rommor Ep66

 

Il était encore tôt, Rommor prenait le petit déjeuner en compagnie de son épouse ; Jinto les avait rejoints, armé de sa bonne humeur à toute épreuve.

_ Dernière ligne droite monsieur Cabb! J'espère que tu tiens la forme parce que le Bothan va nous sortir le grand jeu.

_ Il y a quelques inconnus, mais dans l'ensemble le verdict ne fait pas grand doute ; il ne peut plus qu'essayer de salir ma réputation, je sortirai d'ici absous.

_ Fais confiance au bothan pour jeter la bouse de bantha dans les pales du ventilo, ça va voler dans tous les sens Rom... Essaye juste de te maîtriser quand il fera passer Moira sur le grill.

Rommor échangea un regard avec son épouse qui lui prit la main, le rassurant.

_ Il compte là-dessus, ne lui donnons pas ce plaisir.

Jinto s'empara d'un toast et se leva, interrompant le moment entre les époux Cabb.

_ Allez, la journée va être longue !

 

 

Le tribunal était à nouveau réuni, la salle semblait d'un calme trompeur au vu du tumulte des derniers jours ; Fey'Lya se leva, jouant de ses manches amples puis ayant salué les juges, se tourna vers la porte.

_ Le ministère public appelle monsieur Ssekrer.

Le Trandoshan de bonne stature entra, tout sourire pour autant qu'on pu en juger sur l'expression de sa large gueule reptilienne ; vêtu de son plus beau costume aux boutons tendus sur son embonpoint prospère. Il adressa même un signe amical de sa grosse main griffue et palmée, à l'adresse de Moira et son époux ; au grand désespoir de Fey'Lya dont la mine s'assombrissait un peu plus à chaque pas que son témoin faisait vers la barre.

 

Cracken semblait aussi surpris que le reste de l'assistance par l'apparente bonhommie du témoin.

 

_ Veuillez décliner vos noms et qualité.

_ Ssekrer, ... euh... dernière profession connue : Tenancier d'un bar à Bestine.

_ Conseiller Fey'Lya, le témoin est à vous.

Le trandoshan battit rapidement de ses paupières fendues verticalement, se montrant aussi respectueux que opssible compte tenu de son inimité envers la gent bothan.

_ Monsieur Ssekrer, avant de devenir tenancier d'un débit de boissons ; quels types d'activités avez-vous exercées ?

_ Et bien... Je tenais un autre bar à Mos Atlas... Et puis avant j'étais dans les transports. Ah et puis j'ai aussi un peu exercé une activité de médecin, spécialisé dans les soins de... grande envergure.

_ Bien, durant votre activité de transport, avez-vous exercé sur Tatooine?

_ Oui bien sûr... Un peu partout où on avait besoin de mes services. Mais bon, c'est vrai que mon activité était surtout située vers Tatooine du fait que j'habitais à Mos Atlas.

 

Ssekrer se ménageait des pauses, comme chaque fois qu'il menait une conversation « inventive », bien en retrait sur sa chaise, Rommor se disait que Fey'Lya ne savait pas très bien où il avait mis les pattes. Et en effet, le trandoshan trouvait déjà au bothan des airs communs avec son némésis personnel, Dascyllus, des airs de fouine.

 

_ Au fil des témoignages, nous avons cru comprendre que lorsque l'on exercait dans le secteur du transport spatial sur Tatooine, il était difficile d'échapper à l'influence d'un seigneur du crime local, Jabba le Hutt, ce nom vous évoque t'il quelque chose?

_ Jabba le Hutt dites-vous ? Oui, c'est vrai qu'il était difficile d'y échapper. Mais vous pensez bien que j'avais réussi à mettre de la distance entre ce criminel notoire et mes activitées. Grâce aux relations de « Monsieur le maire Riafieg » avec une autre criminelle, Lady Valarian, qui voue une haine farouche à Jabba n'est-ce pas, Mos Atlas était protégée des exactions des Hutts. Bon, évidemment, « Monsieur lemaire Riafieg » avait sûrement du faire des concessions, mais cela ne me regarde pas, je n'étais au courant de rien concernant cela. Tout ce que je pouvais voir, c'est que cela me permettait de continuer mon activité de commerce en relative tranquillité.

_ Monsieur Ssekrer, étiez vous le propriétaire d'un transporteur de la corporation technique corellienne type YT-1300, immatriculé, je cite: "La savonnette-II" ?

_ Ah oui c'est bien moi.

_ Votre appareil a été identifié à plusieurs reprises sur le tarmac privé de Jabba le Hutt, près de Wayfar ; est-ce correct?

_ Quoi ? Non vous confondez sûrement. En tous les cas, ça ne pouvait pas être moi, j'ai des témoins ! Par contre, j'ai prété plusieurs fois mon appareil à des habitants de Mos Atlas, comme Liluana par exemple... Mais bon, elle est digne de confiance, jamais elle n'aurait fait ce genre de chose.

 

Si son épouse était indignée, Rommor ne pouvait que s'empêcher de rire devant la stratégie habituelle de Ssekrer, accuser les autres.

 

_ Personne ne vous accuse ici monsieur Ssekrer, nous essayons juste de préciser le contexte. Au cours d'une de ces visites, où vous ne vous trouviez-pas, avez-vous vu l'accusé, ici présent, en compagnie de Jabba le Hutt ?

_ N'étant pas présent, je ne pouvais évidemment pas le voir bien entendu... Cependant, pour avoir discuter plusieurs fois des cas des hutts à Mos Atlas avec lui à la barrique, je puis vous certifier que ce n'était absolument pas le genre à aller fréquenter ce genre de personnes ! Ah ça non alors ! Sûrement pas ! Ni même l'affreuse Valarian !

 

Lissant la fourrure du dos de sa patte d'un geste nerveux, le conseiller Bothan abandonna cet axe et se replia rapidement sur les questions qu'il avait répétées avec le témoin... Vu qu'il avait offert de passer l'éponge sur tous les antécédents du trandoshan, il aurait espéré avoir un outil plus coopératif.

_ Bien, avez- vous au cours de votre activité de transporteur, fréquenté un entrepôt de fournitures médicales, plus précisément de fluide Bacta, nommé le Lotus Blanc, près de Mos Esley?

_ Ah mais oui tout à fait. Je me souviens d'ailleurs y avoir croisé monsieur Cabb un jour.

 

Le grand moment, Fey'Lya posa sa question avec une certaine emphase.

 

_ Ce même jour, avez-vous vu l'accusé abattre un homme de sang froid en lui déclarant, je cite: "Tu as le bonjour de Jabba" ?

 

Le trandoshan roula des yeux, l'air ahuri et choqué.

 

_ Hein ? Quoi ? Mais pas du tout ! J'ai été demander une information à un des responsables de l'entrepot. J'ai croisé à cette occasion M. Cabb et nous avons fais un bout de chemin ensemble. Il m'a accompagné jusqu'à ce que je rencontre le-dit responsable. Ensuite nous nous somme séparés. Quand je suis parti, M. Cabbs n'avait abbatu personne devant mes yeux en tous les cas.

Le poil du bothan se hérissa imperceptiblement, ce n'était pas possible ! Dans son siège, Rommor plaça la main devant sa bouche, masquant un sourire menaçant de dégénérer en fou rire incontrôlable.

 

_ Bien, si vous ne désirez pas répondre honnêtement à ma question, peut-être devrions nous parler de SANS-ETIQUETTE, monsieur Ssekrer.

_ Vous n'auriez pas dans votre famille un certain Dascyllus ? Vous lui ressemblez étrangement...

 

En désespoir de cause, le bothan furieux cherche de l'aide auprès des juges.

 

_ Vote honneur, le témoin n'est manifestement pas coopératif ; de plus son attitude constitue un outrage ! Le ministère public demande sa mise en détention provisoire afin d'établir la validité d'un chef d'accusation de parjure, ces témoignages sont en tous points contraires aux pièces versées au dossier !

 

Le trandoshan sursauta sur son siège, paniqué et sifflant d'un air contrit.

 

_ Comment puis-je répondre sereinement quand on tente de m'intimider en me menaçant de prison ? Moi, qui ai du subir les affres de la détention par l'Empire... qui ai subi des tortures !

 

Ssekrer se rassit en pleurnichant, jetant des regards emplis d'une tristesse indicible vers les juges. Ackbar roula des yeux, exaspéré, et Cacken retourna au témoin un regard noir.

 

_ Cette cour n'est pas un cirque, arrêtez votre holo-cinéma ; aux dernières nouvelles votre espèce ne possède pas de glandes lacrymales. Bien, si l'accusation en a terminé, la défense a t'elle des questions à poser au témoin?

 

Koshyyr secoua la tête violemment, faisant un effort visible pour ne pas sauter sur le reptile et le démembrer.

 

_ Bien, le témoin est excusé.

 

Ssekrer sortit, en reniflant de façon sonorre alors qu'il s'essuyait les yeux avec un mouchoir ; il s'arrêta, dès qu'il eut franchit les portes de la salle, Cortez P'shaïr, l'homme de main dévaronien de Rommor l'attendait.

 

_ Bon, vous avez le règlement convenu ?

_ Oui monsieur Ssekrer, les six caisses de porcelaine Alderaanienne vous attendent dans la soute de votre vaisseau.

_ Les dernières pièces d'une collection à présent unique dans toute la galaxie ! A moi !

 

Le devaronien ne fit pas de commentaire devant l'excitation du trandoshan ; ces pièces de collection inestimables allaient finir comme pierres de digestion dans le pré-estomac du reptile...

 

 

Par l'autre issue de la pièce, un huissier faisait entrer un nouveau témoin ; un Zabrak d'âge mûr, dans une costume noir iridonien typique.

 

_ Veuillez décliner vos noms et profession.

_ Pyrhum Riafieg, bio-ingénieur.

Le conseiller de l'accusation souffla, puis repartit à l'attaque.

_ Monsieur Pyrhum, pouvez-vous nous dire où vous avez connu l'accusé?

_ Et bien... J'ai connu cette personne sur Tatooine, à l'époque où j'étais maire de la cité Mos Atlas, non loin de Mos Eisley.

_ A cette époque, l'accusé assumait-il l'identité de Rommor Jethro, raison sociale "hommes d'affaires" ?

_ Tout à fait, c'est ainsi qu'il s'est présenté à moi lorsqu'il a émis le désir de s'installer dans notre ville.

_ Est-il exact que vous avez facilité l'installation de l'accusé en l'aidant financièrement pour acquérir son domicile ?

_ C'est exact. Enfin pas moi directement, mais la ville de Mos Atlas, qui mettait à la disposition des nouveaux arrivants un minimum financier pour faciliter leur installation dans la région. Cette politique nous a permis un développement rapide.

_ Monsieur Jethro n'était pas vraiment un homme fortuné lorsqu'il s'est installé à Mos Atlas, est-ce exact?

_ Non, bien au contraire à mes yeux. Il avait l'air aussi paumé que tous ces.... comment dire... colons qui débarquent au starport de Mos Eisley !

_ Et pourtant, les activités de transport spatial de monsieur Jethro ont rapidement "explosé", lui permettant d'ailleurs de se diversifier en ouvrant un casino sur la planète Naboo, correct ?

_ C'est tout à fait exact. Ce qui, d'ailleurs, n'a pas manqué de m'étonner quelques mois après son installation.

_ Est-il exact qu'à l'époque des faits, la planète Tatooine et son secteur étaient sous "l'influence" du criminel Hutt connus sous le nom de Jabba?

_ Une grande partie de la planète en effet, mais la région de Mos Eisley présentait la particularité d'être une sorte de poche de résistance à Jabba, en grande partie en raison de l'influence de Madame Valarian.

Le bothan était visblement rvigoré, ayant enfin un témoin valable sous la main ; il s'empara d'un holo-projecteur et fit défiler quelques visages issus des dossiers du renseignement de l'alliance, une humaine richement vêtue, un rodien patibulaire...

_ A l'époque, avez vous vu l'accusé en compagnie d'un ou plusieurs de ces personnes ?

_Plusieurs fois, il me semble en effet.

_ Monsieur Pyrhum, apparteniez-vous a une cellule de l'Alliance Rebelle sur Tatooine?

_ Oui.

_ Au sein de cette cellule, avez-vous amassé un certain nombre d'informations confidentielles sur les activités criminelles et impériales du secteur?

_ Bien sûr, puisque c'était la mission de notre unité.

_ Avez-vous eu en votre possession des informations mettant à jour des relations d'affaires entre l'accusé et l'organisation criminelle connue sous le nom de "Syndicat Tenloss"?

_ Oui, plusieurs mois après avoir fait connaissance avec Rommor Jethro, notre unité a du enquêter sur une recrudescence de l'activité criminelle dans la région. Il est apparu que l'accusé n'était pas étranger à cette activité.

_ Vous diriez donc qu'une partie du patrimoine utilisé par l'accusé pour monter ses sociétés était issue d'activités criminelles?

_ Bien que nous n'aiyons pas de preuve directe, cela nous semblait inévitable.

_ Merci monsieur Pyrhum, l'accusation n'a plus de questions pour le témoin.

Koshyyr, massif, se dressa ; toujours secondé par son vocabulateur portable et sa drôle de voix synthétique.

_ BONJOUR MONSIEUR PYRHUM. BIEN, SI NOUS REPRENONS VOS PRECEDENTES DECLARATIONS, VOUS N'AVEZ JAMAIS EU A VOTRE DISPOSITION DE PREUVE FORMELLE D'UNE QUELCONQUE ACTIVITE CRIMINELLE DE ROMMOR JETHRO?

_ Comme je l'ai expliqué, la mission première de mon unité était de récolter des informations liées à l'Empire. Les informations concernant les organisations criminelles étaient amassées dans cette optique. Nous savions que Rommor Jethro était lié au Tenloss, mais nous n'avons jamais creusé plus. Le principal était de le savoir et d'en tenir compte.

_ REPONDEZ PAR OUI OU PAR NON A CETTE QUESTION JE VOUS PRIE.

_ Non.

_ CONNAISSEZ VOUS UN TRANDOSHAN DU NOM DE SSEKRER?

Le visage du Zabrak se ferma, il avait même un air un peu grognon pour la peine.

_Oui, bien sûr.

_ UN TRAFIQUANT NOTOIRE DE STUPEFIANTS, EST-CE EXACT?

_ Non.

_ JE VOUS RAPPELLE QUE VOUS TEMOIGNEZ SOUS SERMENT MONSIEUR PYRHUM... SOUHAITEZ-VOUS QUE JE REPOSE MA QUESTION?

_ Pas besoin. Mais j'aimerais apporter quelques précisions si vous m'autoriser à utiliser plus d'une syllabe !

_ LA COUR APPERCIERA SUREMENT TOUTE INFORMATION PERTINENTE CONCERNANT CETTE AFFAIRE, J'EN SUIS SUR.

_ Très bien. Monsieur Ssekrer, à l'époque où nous vivions sur Tatooine, s'occupant d'une petite affaire de transports de biens. Il est bien entendu venu à mes oreilles que les biens transportés n'étaient peut être pas toujours dans la plus stricte légalité. Mais je n'ai jamais eu la moindre preuve de ce genre d'affirmations. Si bien que pour répondre à nouveau à votre question, non, cette personne n'était pas un trafiquant notoire !

_ HMMM, HMMM... MONSIEUR PYRHUM, AVEZ VOUS JAMAIS ETE CLIENT D'UNE CANTINA DE VOTRE ANCIENNE VILLE ET CONNUE SOUS LE NOM DE "LA BARRIQUE" ?

_ Bien sûr...

_ ETES VOUS FAMILIER DU TERME "SANS-ETIQUETTE" ?

La question provoqua l'hilarité du témoin, à ce point, Riafieg ne voyait pas où le wookie voulait en venir.

_ Évidemment !

_ CE TERME DECRIT IL BIEN UNE BOISSON, SANS REFERENCE COMMERCIALE AUCUNE, ET DONT LA CONCEPTION VOUS EST INCONNUE ? BREF, UN PRODUIT DE CONTREBANDE ?

_ C'est exact, et dois-je ajouter, si vous ne connaissez pas Tatooine, le cas de beaucoup de produits consommés là bas.

_ OUI LA LEGALITE SEMBLE ETRE UNE NOTION SOMME TOUTE RELATIVE POUR LA POPULATION DE TATOOINE A VOUS ENTENDRE ; ON NE PEUT DONC Y ETRE SUR DE RIEN, NON?

_ C'est une question de degré d'appréciation... Nier que la population consomme des produits de contrebande serait mentir de manière éhontée. Comprenez-moi bien, dans une ville comme la mienne certaines pratiques étaient tolérées et acceptées de tous, c'est le cas de ce genre de produits.

UNE VILLE COMME LA VOTRE... OU BIEN UNE VILLE COMME VOUS L'AVEZ DECLARE SOUS L'INFLUENCE PROTECTRICE DE "MADAME VALARIAN" ?

_ C'est exact. L'influence de Jabba le hutt était moindre dans la région de Mos Eisley, région de Valarian.

_MONSIEUR PYRHUM, VOUS AVEZ CELEBRE LE MARIAGE DE L'ACCUSE AVEC MOIRA DARKSUN, EST-CE EXACT?

_ C'est exact.

_ A CETTE OCCASION, L'ACCUSE VOUS A T IL REMIS UN DOSSIER ET DES PAPIERS OFFICIELS ATTESTANTS DE SA VERITABLE IDENTITE?

_ Oui, tout à fait.

_ SUITE A CETTE REVELATION, ASSUMANT SON IDENTITE ET SA FONCTION D'OFFICIER IMPERIAL ; L'ACCUSE A T IL NUI AUX ACTIVITES DE L'ALLIANCE DANS LE SECTEUR ? PROCEDE A L'ARRESTATION DE MEMBRES DE VOTRE CELLULE ?

_ A compter de son mariage avec Moira, la présence de monsieur Jethro s'est fait de plus en plus rare dans la région. Mais pour répondre à votre question, la réponse est non.

_ C'EST A PEU PRES A CETTE MEME EPOQUE QUE VOUS AVEZ QUITTE TATOOINE, ET VOS ACTIVITES LOCALES ?

En ce qui concerne mon départ de Tatooine. Mais c'est à peu près à cette époque, en effet, que mon unité a été démantelée.

_ MONSIEUR PYRHUM, AVEZ-VOUS UN FRERE ?

_ C'est exact

_ ETAIT IL PILOTE POUR LA MARINE IMPERIALE ?

_ Tout à fait.

_ MERCI MONSIEUR PYRHUM, LA DEFENSE N'A PLUS DE QUESTIONS POUR LE TEMOIN.

 

A ce point, les juges ne semblaient pas vraiment passionné, des témoins de moralité, tout juste ; mais pas vraiment attenant aux charges de crimes de guerre. Fey'Lya avait amené la suspicion sur les affaires de Rommor, mais l'avocat de ce dernier avait démontré que son cas était une généralité dans la bordure extérieure... Et il s'apprêtait à conclure sur ce chapitre.

 

_ LA DEFENSE APPELLE LE COLONEL X A LA BARRE, LE TEMOIN GARDERA L'ANONYMAT POUR DES RAISONS DE SECURITE.

L'huissier fit entrer une femme, portant un voile holographique pour masquer son visage ; elle marqua un temps d'arrêt devant le wookie, puis prit place à la barre. De ses vêtements à la coupe strictement arrangée, jusqu'à son language corporel, tout trahissait le militaire en elle.

_ COLONEL, AVEZ VOUS ASSUME LE COMMANDEMENT D'UNE UNITE SOUS COUVERTURE, LIEE AU BUREAU DE LA SECURITE IMPERIALE ET DONT UNE DES TACHES PRINCIPALES ETAIT LA LUTTE CONTRE LE CRIME DANS LA BORDURE EXTERIEURE ?

_ C'est exact

DANS LE CADRE DES ACTIVITES DE VOTRE UNITE, AVEZ VOUS TRAVAILLE EN COLLABORATION AVEC L'ACCUSE?

_ Oui.

_ A CETTE EPOQUE, L'ACCUSE ETAIT IL BIEN DETACHE AUPRES DE VOTRE UNITE EN QUALITE D'AVISEUR DE L'UBIQTORAT ET DE SPECIALISTE DU TISSUS CRIMINEL LOCAL?

_ Il nous avait été imposé par le commandement central et tant que spécialiste du crime organisé, mais je ne sais pas par qui exactement.

_ AVEC LA COMPARTIMENTATION DU MONDE DU RENSEIGNEMENT, IL EST PEU PROBABLE QUE NOUS PUISSIONS ECCLAIRCIR CE POINT ; NEANMOINS DIRIEZ VOUS QUE DANS LES FAITS L'ACCUSE A ASSUME SA FONCTION AU SEIN DE VOTRE UNITE?

_ L'accusé a fourni de précieux renseignement sur les milieux criminels et a contribué activement sur des opérations visant une organisation nommée le "Cartel" sur Tatooine.

_ PAR LA SUITE, ALORS QU'IL REPRENAIT SES FONCTIONS PREMIERES AU SEIN DE LA MARINE IMPERIALE, AVEZ VOUS CONTINUE A AVOIR DES CONTACTS AVEC L'ACCUSE ?

_ Occasionnels seulement et plus dans le cadre opérationnel.

_ A CERTAINES DE CES OCCASIONS, L'ACCUSE A T'IL TENTE DE VOUS RALLIER A UN PROJET DE RENVERSEMENT DE L'EMPEREUR ?

_ A plusieurs occasions il a mis en question la légitimité de l'empereur et souligné des scénarios politiques dans le cas où ce dernier disparaîtrait.

_ LORS DES DERNIERES ANNEES DU CONFLIT, VOUS AVEZ BIEN FOURNI DES INFORMATIONS DE NATURE CONFIDENTIELLE REGARDANT LES PROCEDURES DE SECURITE IMPERIALES A L'ALLIANCE?

_ C'est exact.

_ REGARDANT LES CHARGES RETENUES CONTRE L'ACCUSE, ET VOUS APPUYANT SUR SON ATTITUDE DANS LE SERVICE ; CONSIDEREZ-VOUS QU'IL AURAIT PU MANQUER A SON DEVOIR D'OFFICIER EN COMMETTANT DES CRIMES DE GUERRE?

_ Vous me demandez une impression personnelle que je ne puis formuler sans subjectivité. Je peux uniquement affirmer qu'il n'en a pas commises durant la collaboration avec mon unité.

_ CELA EST AMPLEMENT SUFFISANT, JE VOUS REMERCIE COLONEL. LA DEFENSE N'A PLUS DE QUESTIONS.

Fey'Lya se leva, mesurant ses gestes, maîtrisant son attitude ; aussi bien que pour certains des juges, son expérience avec le renseignement impérial le poussait à ressentir une certaine hostilité envers le témoin.

_ Bonjour Colonel, la lutte anti-criminelle était-elle la seule mission de votre unité ?

_ La mission était la lutte anti-criminelle et mais également un prolongement armé du BSI pour des actions commandos.

_ Au cours de ces missions "annexes", les actions de votre unité ou les informations fournies par celle-ci ont-elles entraîné l'identification et l'arrestation d'agents rebelles ?

_ Oui.

_ L'accusé a t'il participé à certaines de ces missions ?

_ Oui.

_ En professionnel du renseignement Colonel, m'affirmeriez-vous que vous n'avez aucun doute quand à la nature des rapports que l'Accusé entretenait avec la pègre ?

_ Vous vous attendez à ce qu'un agent puisse faire une mission d'infiltration dans les milieux criminels sans les contacter ? Bien entendu qu'il est entré en contact avec eux et il est évident qu'il a eu des négociations avec eux. C'était sa mission pour faire tomber ces réseaux.

_ J'ai utilisé le terme "collusion" colonel, qui suggère des intérets communs et une collaborations dans des activités criminelles ; cela vous semble t'il plausible ?

_ Evidemment, un criminel agissant par intérêt, il n'aurait pas été crédible sans rechercher un intérêt.

_ L'accusations fait valoir la pièce à conviction numéro cinq, rapport détaillé du renseignement de l'Alliance concernant les ressources de Rommor Irius Cabb. Nous notons que l'accusé était propriétaire de multiples résidences, véhicules terrestres et spatiaux, d'un casino et d'une société de transport. Nous n'avons plus de questions votre honneur.

 

 

 

 

 

 

Fey'Lya prit son temps pour se décontracter, avala un verre d'eau puis lança un regard de défi à Cabb.

_ Le ministère public appelle Moira Darksun-Cabb à la barre.

Le petit bout de femme, dans un superbe tailleur pantalon gris-vert, s'avança d'un pas décidé.

_Veuillez décliner vos noms et qualité.

_ Moira Darksun-Cabb, couturière

_ Lady Cabb, avez-vous toujours exercé cette activité?

_ non

_ Et pourriez-vous dire à la cour, quelles étaient vos activités lors de vos débuts... Disons, à Moenia.

Après un moment de réflexion, Moira prit une inspiration et répondit.

_ Elles étaient multiples. Pickpocket au début, puis contrebande, espionnage et liquidations quand j'ai atteint l'adolescence

_ Loin de l'accusation l'idée de vous le reprocher, en effet, tout le monde n'a pas eu la chance de naître avec les facilités de votre époux.

La jeune femme n'était visiblement pas à l'aise, voyant son passé disséqué aux yeux de l'assemblée, et particulièrement ceux de son mari. Soudainement elle avait l'impression que c'était son procès, elle chassa rapidement cette idée, et commenta.

_ J'assume ma vie. J'ai passé les huit dernières années à essayer de repayer tout cela.

_ D'ailleurs, votre effort au sein des forces de l'Alliance par la suite est remarquable, voudriez-vous nous en parler un peu ?

_ Ce n'était pas grand-chose en vérité. Des recherches d'information au début. Puis j'ai aidé à convoyer des objets et renseignements utiles à l'Alliance, à l'époque je voyageais beaucoup pour me faire un nom dans le monde de la mode. C'était utile. Quelques liquidations ponctuelles aussi.

_ Tout de même, c'était une tache dangereuse, je crois que vous avez perdu des amis aux mains de l'Empire, est-ce exact?

_ des gens que j'aimais oui.

Moira trouvait le bothan soudain très complaisant, il préparait quelque chose ; elle le fixa, ses yeux lavande étaient impénétrables, impossible de savoir ce qu'il avait en tête.

_Comme tout le monde dans cette galaxie, non ?

_ Tout le monde n'a pas la chance de s'en tirer... Votre mari par exemple, a perdu lui aussi de nombreux "camarades" ; en fait, vos parcours sont assez similaires, bien qu'opposés. Qu'en pensez-vous?

_ Nous avons tous deux perdu des êtres aimés pendant cette guerre, oui, si c'est ce que vous me demandez.

_ Mais vous vous en êtes sortis... Et qui sait, cela vous a rapprochés, non ?

_ Nous ne parlions pas de ce genre d'expérience au début de notre relation, la mort de proches n'est pas un sujet que l'on aborde en société

_ Oui, c'est grossier... Aussi je m'excuse d'aboder encore une fois le sujet ; mais au final, je vois deux espions vivant ensemble, pouvant échanger des informations à leur profit ; et je constate simplement des faits, vous avez survécus tous deux contrairement à vos camarades, vous vous êtes créé une situation confortable... Aussi il n'est pas déraisonnable de vous poser la question. Avez-vous pu, intentionnellement ou pas, pu fournir des informations à caractère stratégique à l'ennemi ?

Il fallait s'y attendre, malgré tout la question avait de quoi choquer.

_ En aucune façon !

_ Parlons de la Fondation Gratia, vous êtes bien vous et votre mari membres fondateurs de cette auguste organisation ?

_ Lui oui, moi non.

_ Avez-vous participé sous la couverture de la fondation à des opérations visant à fournir des armes ou des équipements médicaux à l'Alliance sur Corellia?

_ Oui

_ L'accusation présente la pièce à conviction numéro six, un rapport de mission de la cellule locale détaillant une forte mobilisation impériale sur le site avant l'opération, puis l'arrestation de plusieurs de nos agents. Rommor Irius Cabb se trouvait-il sur les lieux AVANT le restes des membres de la Fondation?

_ Oui

_ L'accusé et vous avez réussi à vous échapper cette fois encore ?

_ Serais-je ici si ce n'était pas le cas ? Mes excuses... Oui.

_ Une dernière question, avez-vous déjà rencontré le général Lorn Irrin Cabb en tête à tête ?

Moira serrait les poings jusqu'à se meurtrir les mains, mais elle ne décolla pas son regard de son interlocuteur.

_ Oui

_ Mmm, un dîner en tête à tête dans votre somptueuse villa sur la plage de Kaadara, c'est bien ça ? Enfin, ça n'a plus d'importance ; l'accusation n'a plus de questions.

Fey'Lya s'assit, satisfait ; il avait enfin fait le lien entre les activités criminelles, la fortune et les actions de Cabb pour le renseignement impérial. Il observa avec grand intérêt la suite de l'interrogatoire du témoin, le déplaisir visible de Rommor Irius Cabb lui rendait confiance en l'issue du procès.

_ SALUTATIONS LADY CABB, POUVEZ-VOUS NOUS DIRE DANS QUELLES CIRCONSTANCE VOUS AVEZ RENCONTRE VOTRE MARI?

_ C'était à la Barrique, la cantina principale de Mos Atlas. Il est entré avec une de mes plus chères amies, et elle nous a présentés.

_ SOMME TOUTE, UN HEUREUX HASARD ; SAVIEZ VOUS ALORS QU'IL ETAIT UN OFFICIER IMPERIAL?

_ Certes pas

_ A QUELLE OCCASION ROMMOR VOUS A T IL REVELE SA VERITABLE IDENTITE?

_ Plus tard, bien plus tard... Chez moi, lors d'une conversation au coin du feu il me semble

_ DIRIEZ-VOUS QUE VOTRE MARI VOUS A CACHE CETTE PART DE SA VIE?

_ Non. Mais je ne vous apprend pas qu'il faut une bonne dose de confiance et d'amour pour vouloir partager les moments les plus douloureux de notre existence avec quelqu'un d'autre.

_ ROMMOR A T IL JAMAIS EPRIME DE LA XENOPHOBIE OU DE LA HAINE RACIALE ?

La bouche de Moira fit un grand o, elle était stupéfaite.

_ Jamais de la vie !

_ ROMMOR ET VOUS POSSEDEZ-VOUS OU AVEZ DEJA POSSEDE DES ESCALVES?

_ Je ne supporte pas l'esclavage, la notion même me rend malade.

_ VOTRE MARI VOUS A T IL FAIT PART DES RAISONS QUI MOTIVAIENT SON ENGAGEMENT MILITAIRE ET POLITIQUE?

_ Il espérait pouvoir aider à améliorer les choses tout en restant fidèle à son serment d'officier.

_ A PLUSIEURS OCCASIONS, VOTRE MARI N'A T IL PAS FERME LES YEUX SUR L'APPARTENANCE DE PERSONNES A L'ALLIANCE REBELLE?

_ Si. Assez souvent même.

_ VOTRE MARI VOUS A T IL RACONTE CE QUI S'EST DEROULE IL Y A BIENTOT DEUX ANS, LORSQU'IL A ETE "KIDNAPPE" PAR DES REBELLES SUR CHANDRILA?

_ Je sais juste qu'il devait rencontrer des membres de l'Alliance, mais qu'un problème est survenu lors de l'entrevue.

_ EN EFFET, UNE EMBUSCADE IMPERIALE DURANT LAQUELLE L'ACCUSE A SAUVE UN AGENT REBELLE ET L'A EXFILTRE EN LE PORTANT A TRAVERS LES BOIS... LA DEFENSE FAIT VALOIR LA PIECE A CONVICTION NUMERO SEPT, LE RAPPORT DE L'EMISSAIRE DE L'ALLIANCE DETAILLANT CES EVENEMENTS.

Le wookie avait enoncé ces paroles avec un sérieux quasi cérémonial, il tendit le bloc de données au président du tribunal puis revînt à son témoin.

_ LADY CABB, DIRIEZ VOUS QU'AUJOURD'HUI VOTRE MARI EST HOSTILE AU GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE L'ALLIANCE?

_ Non.

_ EST-IL EXACT QUE VOTRE MARI A OFFERT L'ASYLE POLITIQUE A TOUS SES ANCIENS SUBORDONNES ?

_ C'est exact.

_ QU'IL A MIS SES RESSOURCES PERSONNELLES A LEUR DISPOSITION AFIN DE LES REUNIR AVEC LEURS FAMILLES ?

_ C'est exact.

_ EN CONCLUERIEZ VOUS QUE ROMMOR ASSUME SES REPONSABILITES EN TANT QU'ANCIEN OFFICIER SUPERIEUR DE TOUS CES HOMMES ET FEMMES ?

_ Définitivement, oui.

_ CONNAISSANT LES CHARGES RETENUES CONTRE VOTRE MARI, LUI AURIEZ VOUS CONSEILLE DE SE PRESENTER A SON INITIATIVE DEVANT CETTE COUR?

La jeune femme se tourna vers son époux et lui sourit tendrement.

_ Non. C'est mon mari, le père de mes enfants, je l'aime et cela me fait beaucoup de mal qu'il ait à supporter cette nouvelle épreuve après tout ce qu'il a déjà enduré... et je ne parle même pas de cette aggression dont il a été victime. Toutefois, il a jugé qu'il était de son devoir de répondre aux accusations de ce tribunal, alors je le soutiens dans cette entreprise

_ MERCI LADY CABB, LA DEFENSE N'A PLUS DE QUESTIONS.

 

 

 

 

 

Dépeindre Cabb en père de famille responsable, éculé mais malheureusement efficace se dit Borsk Fey'Lya en serrant la mâchoire ; c'était le moment des conclusions, il devait l'emporter ! Cracken prit un moment pour digérer tous ces témoingages, puis il invita les parties à présenter la note finale de leur plaidoierie.

_ La parole est au ministère publique.

Il était prêt, c'était sa victoire, Borsk Fey'Lya était le champion d'un régime juste qui allait abattre la corruption en commençant par celle des Cabbs.

_ Merci votre honneur. Voici un homme qui toute sa vie a nagé dans les eaux troubles de l'espionnage, un homme qui ne répond de ses fautes qu'en lançant d'autres accusations ; mais un homme dont nous avons pourant su démontrer le rôle d'engrenage parfaitement huilé du broyeur impérial. Au final, peu importent ses motivations ; il y était, il a donné les ordres quand il n'a pas pressé lui-même la détente, et de nombreux gens en sont morts à Kathol, Mantooine, à bord du Minotaure, à Sepan... C'est un criminel, et aucun crime ne doit rester impuni. Il nous incombe, si nous voulons nous montrer dignes de notre combat et de tous les sacrifices faits en son nom, de condamner Rommor Irius Cabb.

Le bothan s'arrêta, la tête haute, toisant les autres rebelles comme lui.

 

 

_ Pour nos morts, il faut qu'il paye.

Le silence persista un moment, grave ; puis le bothan se rassit. C'était à Koshyyr de parler à présent, et il aurait fort à faire pour balayer les arguments qui parlaient à la fibre résistante des juges ; il s'avança, nerveux.

_ ADAR TALLON, JAN DODONNA, CRIX MADINE, MONA GILLIS... NOMBREUX SONT LES OFFICIERS IMPERIAUX QUI ONT AIDE L'ALLIANCE. EN TANT QUE TELS, ILS ONT DU OBEIR A DES ORDRES IMMORAUX ; MAIS ILS ONT AUSSI FAIT CE QU'ILS CROYAIENT JUSTE. SONT-ILS SUR LE BANC DES ACCUSES AVEC ROMMOR IRIUS CABB ? NON. ALORS POURQUOI JUGEONS-NOUS CET HOMME ? POUR NE PAS NOUS AVOIR REJOINTS A TEMPS ? SI NOUS LES SACRIFIONS SUR L'AUTEL DE LA VICTOIRE POUR ASSEOIR LA LEGITIMITE DE L'ALLIANCE, OU MEME POUR VENGER NOS MORTS, ALORS C'EST QUE NOUS NE SOMMES PAS SI DIFFERENTS DE L'EMPIRE QUE NOUS VOUDRIONS BIEN LE CROIRE.

Une plaidoirie giffle, le wookie l'avait énoncée froidement, traduit par son vocabulateur portable... S'appuyer sur le cas Madine était habile, même Fey'Lya devait l'admettre, il craignait bien que le procès ne se joue sur ce point précis ; il était malheureux que la défense ait pu conclure sur cette note.

_ Le tribunal remercie les parties, nous allons délibérer et nous rendrons notre verdict demain matin. La séance est levée.

La salle se vida lentement ; la nuit allait être longue et décider du destin de Rommor Irius Cabb.

 

 

Créé le samedi 1 mars 2008 à 19h20 par Guinch & mis à jour le mardi 11 mars 2008 à 18h19