Rommor Ep52

Le bombardier TIE plongea, fendant les nuages avant de redresser brusquement ; les deux bombes soniques continuèrent avant de frapper l’immeuble où les insurgés s’étaient retranchés ; il y eut un grand flash lumineux et le bâtiment trembla avant de s’effondrer.

 

Au sol, dans un cri de victoire, les soldats impériaux sortirent de la tranchée où ils étaient terrés et se lancèrent à l’assaut de la position ennemie ; échangeant avec les insurgés des traits mortels de blaster.

 

Vu depuis le centre d’information de combat du croiseur Conquérant, le spectacle était beaucoup moins excitant, deux points bleus venaient de converger pour en remplacer un rouge ; Dex Calloon rêvait d’affrontements contre une vraie marine de guerre, de tailler en pièces des corvettes et des frégates rebelles, pas d’assister passivement au travail de l’armée tout en lançant de temps à autre ses chasseurs ou quelques tirs de turbolaser depuis l’orbite. Mais il avait merdé, et le pacha l’avait relégué à cette mission de seconde zone ; Cabb était exigeant, trop exigeant ; Dex avait grandi à la ferme, il n’avait pas comme son supérieur porté une arme au côté dès l’âge de douze ans. Comment le pacha voulait-il qu’un type comme lui réponde aux critères d’un Cabb ? Et tous les autres commandants de l’escadre ne pouvaient pas comprendre bien sûr, ils n’étaient pas de Chandrila. Lamar Benquist s’était porté volontaire pour assister le Conquérant avec son Chancelier, et pourtant il était en bons termes avec Cabb, il l’appelait même parfois par son prénom en privé ! Enfin… En tant que Corellien, qui sait ? Cette mission lui portait peut-être à cœur… mais Dex se foutait éperdument des indépendantistes de Talus et Tralus.

Cette fichue mission devait durer tout au plus trois semaines… De quoi devenir fou ; il fallait absolument que Dex Calloon trouve un moyen de briller, et de se racheter aux yeux du Pacha.

 

 

A des parsecs de là, la conférence holographique battait son plein entre les vaisseaux de la cinquante septième escadre.

 

_ Félicitations Devana, vous avez parfaitement dirigé le capitaine Dryll cette fois.

_ Merci monsieur.

 

Le capitaine du Rétiaire était froid, mais au moins elle obéissait aux ordres à la lettre depuis le petit avertissement que lui avait adressé Rommor ; dans la bataille contre les cuirassés de Klein, son interdicteur serait la pièce maîtresse du jeu. C’est grâce à elle que Rommor morcellerait la force de frappe ennemie pour pouvoir l’anéantir par groupes séparés ; si cela venait à rater, alors la force brute des massifs vaisseaux de Klein sonnerait le glas de la cinquante septième escadre.

Dryll regardait encore les données que son astrogateur venait de lui communiquer, c’était rare avec cet homme à l’humour tranchant, mais il semblait vraiment impressionné.

 

_ Je n’y avais simplement jamais pensé, mais c’est génial ! Quelle précision ! En utilisant les quatre gravitrons du Rétiaire nous pourrions facilement faire sortir d’hyperespace nos trois croiseurs d’intervention simultanément sur la cible ! Et avec tous les canons à ions des croiseurs concentrés sur un cuirassé, le Protecteur n’aura plus qu’à achever le travail avec ses turbolasers.

 

Même Loan était relativement enthousiaste.

 

_ Et avant même que Klein n’ait pu calculer un saut hyperspatial approximatif, nous serons partis à l’autre bout du système en ne laissant derrière nous que des débris spatiaux ! Capitaine cette idée est…

 

Rommor coupa le commandant du Rétiaire dans phrase, il n’allait pas se faire encenser pour le génie d’un autre.

 

_ Celle du commodore Thrawn, il l’a utilisée contre les mutins de l’amiral Harkov ; je ne fais que la ressortir du fond de ma casquette. Nous laisserons le Rétiaire seul à l’opposée du vecteur d’approche de Klein, avec le soutient supplémentaire de notre escadron de TIE Avengers. Klein devrait foncer avec sa force principale sur la cible stratégique la plus proche, je pense à la station de Centerpoint, mails il ne pourra pas résister à un Interdicteur isolé, une cible très facile ; alors il détachera un ou deux cuirassés pour le détruire. Nous n’aurons qu’à sauter avec un timing prédéterminé sur les coordonnées du Rétiaire, lequel nous sortira d’hyperespace avec ses gravitrons, nous positionnant en temps réel pour détruire ses agresseurs en les attaquant par leurs angles morts. Mais il ne faudra pas traîner, car en sortant d’hyperespace nous aurons nos boucliers déflecteurs baissés, si le combat s’enlise, les dégâts seront considérables.

 

Dryll comprenait, mais il se montra critique ; Rommor n’en attendait pas moins de lui, l’émulation était importante au sein d’un Etat Major.

 

_ Mais si Klein ne détache qu’un seul de ses cuirassés pour intercepter le Rétiaire? Il en a cinq, ça en laisserait donc quatre qui nous attendront bien gentiment, retranchés au cœur du système Corellien.

_ Mais cela retourne aussi le problème, nous deviendrons l’attaquant, avec l’initiative ; et je doute que Klein ait un plan de défense prévu pour cet exercice, pour lui, tout est déjà écrit.

_ Même à cinq contre quatre, les cuirassés nous écraserons, le Rétiaire ne dispose que de batteries de défense anti-chasseurs stellaires.

_ Vous mettez le doigt sur un point intéressant, les cuirassés ne disposent pas de systèmes de défense contre les chasseurs stellaires, ils se reposent uniquement sur leur escadron de chasseurs TIE pour cela.

_ Et alors ?

_ Et alors, en termes de chasseurs stellaires, nous alignons sept escadrons contre quatre pour Klein… Et je ne vous parle même pas du fait que deux de nos escadrons sont composés de TIE Intercepteurs et Avengers, largement supérieurs en combat rapproché. Nous allons croiser le T de leur ligne de défense, nous entraînerons ainsi les cuirassés à notre poursuite. Nous sommes plus rapides, Klein devra donc concentrer ses chasseurs sur le plus lent de nos vaisseaux ; le Rétiaire et nos escadrons d’intercepteurs couvriront notre vaisseau de queue… Ainsi, le reste de nos chasseurs et de nos bombardiers aura une voie royale ouverte pour torpiller les cuirassés.

 

Dryll sourit de toutes ses dents.

 

_ Avec votre permission capitaine, j’aimerai que le Rédempteur soit l’infortuné vaisseau par lequel l’amiral Klein connaîtra la défaite.

_ Avec le nom de votre bâtiment, cela sera très à propos Vorass.

_ Je l’espère !

_ Bien, assez discuté, il est grand temps de servir de cible aux chasseurs du lieutenant colonel Durnin, à plus tard.

 

Les projections d’un bleu fantomatiques disparurent et Rommor retourna retrouver sa passerelle… Le plan était bon, mais même avec un entraînement conséquent, on ne se trouvait jamais vraiment à l’abri d’un revers de fortune à la guerre. Il ne devrait pas se montrer trop confiant, sous-estimer Klein…

Il s’assit sur le fauteuil de commandement, toujours absorbé par ces pensées, quand il remarqua alors les regards de l’équipage de quart braqués sur lui ; ces mêmes regards s’évanouirent comme un vol de mynocks effrayés lorsqu’il redressa la tête. Ils commençaient à y croire, ils avaient vu la manœuvre du gravitron, et ils commençaient à croire… Où Rommor avait-il déjà vu ce genre de regards par le passé ? Oui, sur la passerelle du Diligeant, ou encore sur celle du Hérault lorsque le Commandant Thrawn y faisait son entrée… Une bouffée d’orgueil réchauffa la poitrine du jeune capitaine Cabb, pour une fois la peur avait cédé place au respect dans le regard de ses hommes, l’ombre de Vador allait peut-être enfin s’estomper.

Créé le mercredi 29 août 2007 à 20h29 par Guinch & mis à jour le lundi 3 septembre 2007 à 17h44