_ COMPAGNIE ! A VOS RANGS, FIXE !
Le lieutenant Ferenn entra, l’air pincé ; son bloc de données à la main ; il le posa sur le pupitre et rajusta son béret.
_ Messieurs, mesdames. Les seconde et troisième compagnies sont temporairement détachées à bord du Conquérant et du Chancelier pour une opération de maintient de l’ordre sur Talus et Tralus. Il s’agit d’une opération conjointe avec l’armée visant à réprimer des mouvements séditieux, le renseignement nous informe que des agents agitateurs de la rébellion seraient sur place, nous craignons une vague d’attentats. Nous sommes des unités fraîchement formées qui devons faire nos preuves, cette opération sans ennemi visible est délicate et au moindre faux pas la rébellion dressera la population contre nous. Vos sous-officiers sont expérimentés, suivez leurs consignes à la lettre. Pas de risques inutiles, le colonel Kern tiens à ce que chacun d’entre vous rentre à la maison sur ses deux pieds. Questions ?
Timrönn leva la main.
_ Si on ne combat pas mon lieutenant, qu’est-ce qu’on va faire une fois là-bas ?
Ca pouvait paraître une question incongrue, mais pas pour un bleu.
_ Patrouiller pour affirmer la présence impériale, procéder à des contrôles d’identité impromptus, assister les forces de l’ordre dans le contrôle des foules en cas d’émeute, dresser des points de contrôles pour organiser la fouille de véhicules. C’est aussi notre chance de donner une image positive de notre action au service de la population.
Seral harrangua ses troupes.
_ ENTENDU FUSPAS ? SI UNE VIEILLE DAME A SON MIGNON PETIT GURRCAT COINCE DANS UN ARBRE, VOUS ALLEZ CHERCHER LE GENTIL FELIN AVEC LE SOURIRE !
L’ambiance se détendit un peu, alors que les hommes et femmes de la troisième compagnie riaient en s’imaginant le fauve d’une cinquantaine de kilos leur sautant dans les bras. Le lieutenant les laissa se détendre, puis d’un geste ramena progressivement le silence.
_ Bien, vos chefs de section vous distribueront vos ordres de mission ; rassemblement sur le pont hangar pour embarquement à onze zéro zéro. Pour le seigneur, le clan et l’Empereur ; rompez les rangs !
Le Conquérant était un bien plus petit vaisseau que le Protecteur, l’accueil des renforts s’effectua dans l’ordre, la structure modulaire du croiseur avait été aménagée pour embarquer une division entière de l’armée avec un de leurs puissants blindés AT-AT, des AT-ST et une base préfabriquée.
_ Ces machins sont lents et moches !
Tim sourit en voyant que Nolan les attendait sur le pont.
_ Bienvenue à bord les rouges !
_ Salut Nolan.
_ Vous n’avez pas emmené un des Juggernauts du Protecteur avec vous ? Ca c’est du blindé rapide, pas une de ces horreurs à quatre pattes qui filent envie de vomir.
_ Non, on avait pas la place dans nos valises, mais Jash a ramené du ‘sky Corellien de contrebande, il l’a acheté à un des gars du bord, prise de guerre.
_ A la bonne heure ! Ce soir il y a une petite sauterie organisée au pool mécanique, y aura des spatio, des fuspa et même des gars de l’armée.
_ On en sera.
_ Les Mon Calamari, ces soi-disant pacifistes, arment leurs vaisseaux dégoûtants ! Les bothans, ces rats de l’espace, écoutent aux portes ! Et pendant ce temps, les Hutts, les Rodiens, les Trandoshans… La liste n’a pas de fin ; ils ruinent l’économie galactique et crachent sur l’ordre que NOUS tentons d’apporter à la Galaxie ! Alors je vous le demande, allons-nous les laisser faire ?
La diatribe du commissaire politique faisait mouche chez la plupart des hommes et femmes présents dans le pôle mécanique, beaucoup de l’alcool avait d’ailleurs été fourni en sous main par les bons soins du COMPORN. A côté de Timrönn, Jash Yorr réprima un bâillement, échangeant quelques propos à voix basse avec son ami.
_ Il me barbe avec ses conneries, je me tire.
_ Attends, il dit pas que des conneries ; tu sais les séparatistes c’étaient des non-humains… Comme la majorité de ces foutus Jedis.
_ Ouais et ils mangent tous les pissenlits par la racine, alors tu m’excuses si ça ne me passionne pas. Ma mère achetait des semences aux Ithoriens et j’ai jamais eu l’impression que ces braves types voulaient nous bouffer, surtout qu’ils sont herbivores.
_ Tu ne vois que ton petit coin de l’univers, dans la bordure c’est une autre histoire, tu peux me croire !
_ Sûr, vu que tu y as jamais mis les pieds Tim ; moi je vais pioncer.
_ Comme tu voudras.
Le commissaire appela un des membres de l’assistance, un officier de marine.
_ Et ces minorités qui forment des lobby font pression pour nous empêcher d’agir, ils ont déjà tenté de ruiner la carrière d’un de nos camarades ! Voici le lieutenant Varok, qui pour avoir tiré sur un vaisseau rebelle qui tentait de s’échapper, a été réprimandé ! Ces extraterrestres ont fait pression sur le Tyran de Corellia, qui lui-même a EXIGE du capitaine Cabb qu’il sévisse contre un de ses propres hommes ! Impensable ! Mais heureusement, le capitaine Cabb qui est un pur de l’Ordre Nouveau, n’a pris aucune mesure officielle, et aujourd’hui, nous allons nous occuper de ces séditieux sur Talus et Tralus ! Il est temps que justice soit faite ! Si ces créatures ne savent se comporter qu’en animaux, alors parquons les dans des camps comme nous l’avons fait des wookies ! Au moins, là, serviront-ils la communauté de tous leurs faibles moyens !
Le lendemain, Seral s’avança dans le coin de hangar où ses bérets rouges avaient posé leurs affaires.
_ Dann, Felton ; avec moi.
Sa voix était posée, ce qui était plutôt mauvais signe ; il prit les deux soldats à part dans un coin et leur montra un hologramme.
_ Vous voyez ce type ?
_ Oui mon adjudant, on dirait cet officier…
_ Peu importe qui il est, ou quel est son grade ; le commandant du détachement de fuspas du Conquérant a demandé un service au lieutenant, qui m’a demandé un service à son tour, et moi, je vous demande un service ; pigé ?
_ Oui mon adjudant.
_ Ce branleur de spationaute prend son quart en alterné, et il court sur le pont d’envol entre huit zéro zéro et huit zéro trente; vous allez devenir des amoureux du jogging jusqu’à ce que vous puissiez chopper ce mec entre quatre yeux et me le soigner aux petits oignons de Trabécie sans laisser de traces, est-ce que c’est clair ?
_ Mais c’est un officier, mon adjudant !
_ Et le commandant, comme le pacha, ne relèveront aucune plainte de sa part ; on doit juste lui faire passer le message, il s’est cru plus malin que le patron, et il a eu sacrement tort. Si on vous fait chier, j’ai tout un tas de gars qui pourront témoigner que vous étiez avec eux au moment des faits.
_ Hum, je sais que c’est pas tellement la question mon adjudant, mais pourquoi nous ?
_ Parce que j’aime bien vos pommes, non, je plaisante ; c’est parce que vous êtes mes deux meilleurs cogneurs. A ce propos, j’ai un truc pour toi Dann, ton second chevron, tu es caporal à présent.
_ Merci mon adjudant !
_ Allez foutez-moi le camp, vous avez vos ordres.
Le surlendemain, dans une coursive, Timrönn et Tessa se relayèrent pour faire le guet pendant que l’autre dérouillait l’officier tactique du Conquérant. Tabasser un officier impérial, ce n’était pas exactement ce à quoi pensait Timrönn Ushur Dann en s’engageant… Mais il allait vite oublier cet épisode devant le traumatisme des jours qui suivraient.