Rommor Ep50

Le dîner était fastueux, le Tyran ne plaisantait pas lorsqu’il invitait des dignitaires impériaux à sa table ; le général de brigade Kraven était d’ailleurs dans les meilleurs dispositions avec les convives, les prises record de ses troupes lors des opérations de contrôle de l’astroport de Coronet l’avaient à la fois mis dans les petits papiers de sa hiérarchie, et probablement en fonds suite à la revente du matériel confisqué au marché noir.

 

_ Alors nous sommes bien d’accord messieurs?

 

A ce point, Kraven aurait dit amen à n’importe quoi ; mais Rommor savait qu’il fallait traiter la requête du Tyran avec minutie… Cela allait immobiliser au moins deux de ses vaisseaux, un luxe qu’il pouvait difficilement se permettre, surtout pour de bêtes mission de blocus et d’appui au sol.

 

_ Laissez-moi résumer la situation excellence ; vous souhaiteriez que l’Empire prenne en main la répression du mouvement indépendantiste des mondes jumeaux ?

_ Et bien il s’agit d’opérations à la fois coûteuses et impopulaires, deux facteurs dont l’Empire n’a cure… Dans le cadre de notre relation mutuellement avantageuse, je pensais que vous pourriez nous soulager de cet effort. Cela libérerai des ressources de Corsec que nous pourrions ensuite mettre à votre disposition.

 

Bien sûr, Rommor comptait beaucoup sur le réseau de renseignement et les vaisseaux de CORSEC pour obtenir un avantage décisif dans le duel qui l’opposerai à l’amiral Klein et sa treizième escadre.

 

_ Et bien si le général Kraven peut mobiliser des troupes, je ne vois pas d’objection à détacher temporairement deux de mes croiseurs pour l’assister dans cette mission au bénéfice des citoyens du secteur Corellien.

_ Pas de problème, mes gars n’attendent que ça, un peu d’exercice !

_ Général, Capitaine, votre aide est précieuse au peuple de Corellia.

 

On venait de servir les digestifs, les hommes trinquèrent ; la soirée se prolongea, quoi que Kraven du s’excuser à force de bonne chair et d’alcool ; il finit par laisser les deux hommes plus modérés en tête à tête. Ils attendaient tous deux cette occasion de se mesurer, Rommor prit un cigare et le fit rouler dans ses paumes.

 

_ Kraven est un brave homme.

_ Oui, en effet ; un homme selon mon cœur, clair et facile à contenter… Ce qui n’est pas vraiment votre cas, capitaine Cabb.

_ J’ai déjà à mon compte une fortune considérable, excellence.

_ Je sais, j’ai suivi votre conseil et « fait mes devoirs » ; outre votre fortune familiale, vous êtes un entrepreneur dynamique, et un des noms qui reviennent souvent dans les façades légales du Syndicat Tenloss.

_ J’aime à me diversifier, l’aventure militaire ne dure qu’un temps.

_ Exact, beaucoup de choses de la vie sont fugitives… Mais votre épouse est elle aussi bien dotée.

 

Rommor alluma son cigare, contemplant mentalement le plaisir « fugitif » qu’il pourrait connaître en l’enfonçant dans un des yeux de son interlocuteur ; ça où lui écraser le larynx d’un coup fulgurant du bout des doigts avant de contempler son agonie empreinte de stupéfaction. Son visage, lui, resta de marbre.

 

_ C’est elle aussi une personne aux talents divers.

_ Vous êtes un mari et un père comblé ; mais alors, qu’est-ce qui pourrait bien manquer à un homme tel que vous ?

_ Des amis, on a jamais assez de bons amis excellence.

_ Ah, qu’est-ce que des amis ne feraient pas l’un pour l’autre, n’est-ce pas ?

_ J’ai ouïe dire que Siennar corporation et Kuat propulsion soufflent quasiment tous les contrats militaires à la Corporation Technique Corellienne… Cela doit représenter de lourdes pertes. Un ami pourrait glisser un mot favorable dans la bonne oreille, et la tendance s’inverserait.

_ Je ne savais pas que vous aviez ce genre de connexions ; votre amitié n’a pas de prix Rommor, ou alors ?

_ Actions à prix « d’ami » de la CTC, facilités opérationnelles pour mes collègues du syndicat, et le moment venu…

_ Dites moi tout.

_ Votre soutient politique.

_ Alors les rumeurs sont fondées, moff Cabb ? Je dois vous dire qu’au sein du COMPORN, certaines personnes regrettent votre manque d’investissement politique.

_ Oh nous ne parlons pas de moi, mais de votre nouvel ami, le grand amiral Zaarin.

 

Le Tyran sourit sincèrement et, basculant dans son fauteuil, applaudit.

 

_ Bravo ! Jeune homme vous êtes vraiment redoutable. Si l’amiral Zaarin sait s’attacher le service d’hommes tel que vous, alors j’ai hâte de devenir son ami.

_ Alors nous sommes bien d’accord.

 

Rommor fit glisser le bloc de données avec l’ordre de transfert des actions sur la table basse, le Tyran y apposa sa signature en soupirant devant cette brusquerie.

 

_ Vous avez le chic pour mettre les gens devant le fait accompli capitaine Cabb, combien de temps resterez vous parmi nous déjà ?

_ Deux mois…

_ … Cela va être long…

_…A qui le dites vous !

Créé le mercredi 29 août 2007 à 20h05 par Guinch & mis à jour le mercredi 20 mars 2013 à 14h06