Rommor Ep36

(HRP : Et pour finir sur cette petite parenthèse, le récit du premier Cabb a s'être distingué militairement. Veuillez faire le rapport avec les annexes précédents concernant la façon dont le rôle des femmes est abordé dans le récit, j'ai beau être un vilain sudiste, je ne suis pas mysogine. Concernant l'intégration de la Force dans le récit, il faut faire la part entre la légende et la réalité, quand bien même, la tradition Cabb s'est dénaturée en quatre mille ans ; tout ce qui doit subsister de l'influence Sith sont des axiomes guerrier et la violence innée attachée à la lignée.)

"Fondant sur sa proie, le rapace ne peut savoir que ce serpent-là a du venin."
Therion de Mandalore, chronique de la vague de sang.

Thyrsus était dans sa courbe descendante, il allait bientôt dispenser ses bienfaits à d’autres de ses créations ; dans la salle d’eau aux faïences blanches et bleues, Ferñ Dren Cabb attirait les volutes fumantes parfumées par les feuilles d’arbre Kâ et s’en couvrait le visage. Un rayon de lumière orangée coupait l’atmosphère étouffante du bain comme une lame, et le frère commandant du monastère de Carin commençait à se détendre.

«Les océans de ton monde natal te manquent ils, oh mon époux?»

Ferñ sourit à deuxième femme, elle était douce et avait de l’esprit, ils étaient souvent sur la même longueur d’onde ; première femme et lui avaient été unis bien trop tôt pour pouvoir développer un rapport aussi harmonieux, d’ailleurs première femme avait rechignée à accompagner son époux sur Thyrsus Septimus bien que ce fut son devoir sacré.

Mais Ferñ ne s’en plaignait pas, il était bien ici, deuxième et troisième femme étaient des filles du désert, elles savaient le prix des choses ; ici tout ne poussait pas comme sur Thyrsus Prime, il fallait payer de soi-même.

«J’ai vu beaucoup d’océans, oh ma seconde épouse… Et aucun n’a su me retenir de rentrer chez nous.»

Oui, Thyrsus Septimus, plus que Thyrsus Prime même, était  «chez lui» ; il n’y avait de corps astral plus proche de Thyrsus, d’endroit où la foi était aussi vibrante.

«J’en suis heureuse, oh mon époux… Aucune étrangère ne saurait te masser les pieds comme je le fais de toute façon, preuve que j’ai épousé un homme sage.»

Il rit et posa sa main sur celle de son épouse, il ne passait pas autant de temps qu’il l’aurait voulu hors du monastère mais peu des frères d’aujourd’hui avaient comme lui l’expérience des croisades, certains membres du haut conseil partageaient ses craintes de voir le savoir militaire de l’ordre disparaître au profit de la contemplation qu’affectionnaient tant les Jedis… La foi devait se manifester tant dans les actes que dans les pensées.

«Ce soir j’irai mener le troupeau dans le pâturage lointain, je serai de retour à l’heure de gloire pour assister à l’office.»

l’homme pieux déposa un baiser sur le front de sa seconde épouse puis partit vers le bassin froid pour se rincer.

La nuit était tombée, fraîche ; c’était le moment où sous les étoiles, les créatures indignes de la gloire de Thyrsus sortaient pour se nourrir, preuve de sa miséricorde même envers les non méritants.

Ferñ avait abandonné sa cape de pourpre pour un simple burnous couleur sable, il se rappelait encore les jours où sur Gentis il avait couvert ses habits de boue et mené sa fratrie en plein milieu des lignes ennemies, la discrétion et l’humilité faisaient les grandes victoires.

Les bêtes avec leur museau préhensile allaient débusquer les pousses sous le sable alors qu’elles tentaient de sortir timidement pour trouver l’humidité. La viande de Zymok fumée avait un vrai goût, comme le thé ou les épices locales, tout sur Septimus était plus puissant, goûteux.

Le berger leva les yeux vers les étoiles d’un univers en paix, la rencontre de la vague sanglante avec les Jedis cent ans plus tôt avait été une bénédiction. Il avait été difficile d’admettre que Thyrsus ne fut pas le centre de toute chose, le pilier central de l’univers ; mais au moins les croisés n’avaient plus à partir au loin, ils pouvaient rester ici, contempler la mécanique céleste et soigner le cœur des hommes au lieu de le saigner.
La vague sanglante avait tout écrasé sur son passage, le feu et l’acier avaient fait couler le sang des infidèles, combien de mondes avaient ainsi été purifiés ? Bien trop… Les dernières croisades avaient établi dans le secteur la prédominance de la vraie foi, cela suffisait amplement car Thyrsus était miséricordieux avec les ignorants.

Une étoile filante traversa le ciel, la mâchoire de Ferñ se serra et il saisit ses macro-jumelles pour observer ce qu’il était sûr d’être un module de largage, sa friction avec l’atmosphère l’aurait fait passer pour quelque phénomène naturel devant des yeux non entraînés mais Ferñ avait lui-même ainsi pénétré bien des fois sur des mondes étrangers. Estimant son point de chute, le berger scella son Umük et partit à la rencontre de l’arrivant.

Ils étaient cinq, vêtus d’armures faites d’un alliage très pur et portant des couleurs qui devaient marquer des différences de caste entre eux, la façon dont deux d’entre eux levèrent un bras, poing fermé vers le nouvel arrivant confirma la nature belliqueuse de ces étrangers. Ferñ leva lentement la main, paume vers l’arrivant et descendit avec prudence de sa monture, d’un basic haché il salua les guerriers.

«La paix soit sur vous amis.»

Leur chef, aux armes rouges, fit signe à ses gardes qu’il avait quelque curiosité pour l’autochtone, on emmena fermement Ferñ devant lui.

«Qui est ton chef?»

Ferñ comprit rapidement mais estima qu’il fallait laisser leur chance à ces gens frustres, on leur avait bien laissé la leur après tout avant qu’ils ne trouvent la sagesse.

«Pas de chef, je suis berger ; venez sous ma tente et je vous dire tout ce que voulez savoir.»

Un hochement de tête et la compagnie se mit en route vers le campement ; Ferñ, prudent, avait caché les artefact technologiques comme les armes, les enterrant près des rochers. Ils prirent place sous la tente et en hôte prévenant, le berger présenta aux guerriers de l’eau, de l’huile et des épices. Leur chef enleva son casque, c’était une homme au visage carré et mangé de barbe, de nombreuses cicatrices traçaient des sillons pâles dans ce masque sévère aux yeux brillants.

«Tu vis bien l’ami, quel est ton nom?»

Ferñ devina au regard de son invité qu’il cherchait à l’estimer depuis quelques temps déjà.

«Je suis Ferñ ami, et toi qui es-tu?»

Des rires secouèrent l’assemblée de guerriers, leur chef les fit taire d’un geste et répondit amusé quoi qu’avec orgueil.

«Je suis Makkab, chef du clan Makkab et un seigneur parmi le peuple de Mandalore. Je ne prends mes ordres que du grand Mandalore lui-même et mes guerriers ont conquis plus de cent mondes!»

Cent mondes, l’idée elle-même semblait saugrenue au berger mais il se garda bien de le montrer, hochant la tête il parut admirer la force de Makkab et de ses gens.

«Et que fais-tu de tous ces mondes ami? Tu dois avoir beaucoup troupeaux assurément!»

Ils rirent encore, finalement tous les guerriers enlevèrent leurs casques et goûtèrent aux présents de leur hôte, Makkab  lui posa la main sur l’épaule et ses yeux se rétrécirent un peu.

«Tu es bien bâti pour un homme du désert Ferñ, tu pourrai devenir un des nôtres sais-tu?»

Le berger sourit, appréciant le compliment et commençant à comprendre, pour ne pas se briser, une armée de conquête devait assimiler les richesses des mondes qu’elle faisait tomber, et surtout recruter de la chair fraîche.

«Makkab m’honore, il a beaucoup de troupeaux mais Ferñ a déjà le sien à surveiller.»

L’air vraiment désolé que feint Ferñ évita d’offenser le guerrier qui devait être prompt à s’emporter, celui-ci avec la ruse d’un chef avança d’une voix détendue.

«Si ton troupeau devient l’un des miens, alors il n’y a plus de problème l’ami.»

Cela allait mal tourner mais il n’y avait rien à faire d’autre que placer sa foi en Thyrsus et l’imiter en étant très discret.

«Tout le monde peut avoir le soleil ou l’air, mais ils ne sont à personne, tu comprends Makkab?»

D’un geste vif que son armure ralentit un peu, Makkab saisit le berger par le cou, serrant à plaisir.

«Personne ne me dit ce que jeu peux ou ne peux pas prendre, petit berger. Si tu ne veux pas devenir l’un des nôtres alors tant pis pour toi, tu partagera le sort des faibles.»

Il lâcha le berger, le laissant suffoquer sur le sol et d’un geste de tête fit signe à ses guerriers.

«Ecartelez le pour qu’il profite bien de son soleil, brûlez ces loques et tuez les bêtes pour la viande. Signalez au clan qu’il est l’heure pour la moisson, ce monde est à nous.»

Ferñ fut roué de coups, on noua de la corde rêche à ses chevilles et ses poignets, lesquels furent écartés et attaché à des pieux plantés dans le sol ; les guerriers de Mandalore l’abandonnèrent à son sort pour qu’il meure dans le désert.

Partout sur la planète, de petits villages subirent les raids des gens du clan Makkab.

"Guerrier, tu as l’usage des armes ; comme le guérisseur a celui des baumes et des onguents. Méfies-toi de l’homme qui prétend ne rien savoir, celui-là maîtrise un ouvrage avec lequel nul ne veut commerce."
Therion de Mandalore, chronique de la vague de sang.

Une pousse grasse serrée dans son poing lorsque ses geôliers le quittèrent, Ferñ Dren Cabb la frotta contre la corde qui liait son poignet, rapidement celle-ci verdit et une odeurs fraîche et piquante se répandit, atténuant légèrement la douleur qui irradiait du corps endolori du berger.
Les bêtes du troupeau avaient été massacrées et emportées par les Mandalores, leur sang gâché sans aucune rite, il faudrait attendre pour que vienne la délivrance. Elle prit la forme d’un de ces esprits nocturnes au poil long et aux dents tranchantes, que l’odeur alléchante attira ; le rongeur se fit un devoir d’attaquer la corde mais finalement se lassa de ce frugal souper, s’emparant des restes de la pousse et disparaissant dans son trou.
C’était assez pour un homme dans la force de l’âge, après quelques minutes d’essais douloureux tant les cordes lui cisaillaient les chairs, Ferñ parvînt à se libérer un bras, il put respirer, se redresser céans et le reste ne prit pas plus longtemps.

Libre, il déterra ses affaires et prit la route du piton de Carin. Il chemina en tournant dans son esprit les mantras du cercle de la pierre, il devait oublier la douleur et surtout ne pas se diriger vers le village ou l’attendait deuxième femme… Pas plus que penser à ce que les barbares pouvaient bien lui avoir déjà fait.

Carin était un amas de rochers gigantesques, effondrés les uns sur les autres et recouvrant un labyrinthe de galeries. Il fallut deux jours au voyageur pour l’atteindre, il ne se ménagea pas et avançant au fond de la septième caverne trouva enfin la porte de métal.

«Ouvrez, frère portier.»

Le garde dans son armure et sa cape rouge apparut par une issue dérobée sur le côté.

«Thyrsus soit loué, nous ne vous attendions plus frère commandant ; le haut conseil a donné l’ordre de nous tenir ici pour observer l’ennemi.»

Ils pénétrèrent par la petite porte dans le monastère, il y régnait une saine agitation, les frères pratiquant les rites d’exercice comme ils le devaient ; rapidement un guérisseur vînt s’occuper des blessures du frère commandant, pendant que celui-ci se mettait au courant de la situation dans la salle de l’oracle. Les senseurs planétaires montraient une flotte important de vaisseaux de guerre en orbite de Thyrsus Septimus, ils avaient du prendre le soleil comme point de référence hyperspatial car ils n’avaient pas encore exploré le reste du système, voilà qui n’était guère prudent à moins d’être très sur de sa discrétion.

«Que savons-nous?»

Le frère prieur détailla les enregistrements vidéo de leurs unités de reconnaissance.

«Voyez, ces soldats se battent de façon individuelle, ils débarquent et se séparent pour couvrir un maximum de terrain ; ils sont très mobiles grâce à leurs réacteurs dorsaux et leur armure leur garantit une survivabilité accrue, elle intègre d’ailleurs des armes de guerre : armes à éclairs, micro missiles, lance-flammes, gaz de combat…»

Ils échangèrent un regard entendu.

«Que le haut conseil nous approuve ou pas, nous chanterons les lamentations demain à l’heure de la révélation.  Organisez quatre compagnies légères, je vais informer le frère supérieur Kelron de notre situation.»

Sans discussion le prieur disparut dans le dédale du monastère, il avait lui aussi le souvenir des derniers temps où le feu sacré avait été propagé hors du système sacré de Thyrsus. Ferñ revêtit son habit de brasier et alla s’agenouiller sur le transmetteur holographique.

«Thyrsus, tes enfants se tournent vers toi pour qu’en cette heure de doute et de souffrance tu leur donne le feu, tu leur donne la force, afin de repousser les ténèbres et étendre ta gloire. Entends nos lamentations car demain nous hurlerons à la mort, brûlerons les infidèles et répandrons leur sang en ton nom.  Frère commandant Cabb du monastère de Carin, terminé.»

La prière de croisade mettrait du temps à atteindre Thyrsus Prime, et les frères n’arriveraient à temps qu’en se mettant en route sur le champ… Quoi qu’il en soit, les gardes solaires de Septimus se lèveraient demain avec les premiers rayons de Thyrsus.[/lettre]

[lettre]"Avec le soleil, cent mille voix s’élevèrent, et comme si chaque pierre du désert en avait abrité un, les guerriers vêtus de pourpre apparurent."
Therion de Mandalore, chronique de la vague de sang.

La silhouette fantomatique apparut lentement au bout de la rue, le Mandalore se tourna prestement et décocha une roquette, elle explosa contre une pilier et souleva un énorme nuage de poussière.

«Ici Raider G-12, envoyez des renforts sur ma position! Ils sont partout!»

De l’autre côté de la rue, le même fantôme rouge apparut, glissant comme s’il volait au dessus du sol ; le guerrier voulut décoller pour quitter la rue mais un tir venant dans son dos mit son jetpack hors d’état, le projetant au sol, il se retourna et arrosa à l’aveuglette la zone derrière lui avec du gel inflammable pulvérisé, trop tard, il n’y avait plus personne.
Le soleil montant dans le ciel fit se détacher une ombre sur le sol, une grand silhouette se tenait à présent derrière le Mandalore à genoux, et elle tenait un étrange objet courbe dans les mains…

«Raider G-15 arrive sur zone!»

Dans le hurlement de son jetpack, les bras tendus, prêt à s’occuper des hostiles potentiels, le guerrier Mandalore rejoint la position de son camarade, il n’y avait plus dans la rue qu’une petite flaque de sang et un casque qui roulait, ballotté par le vent… Pas de corps et personne en vue, juste la tête de Raider G-12.

Les trois gardes solaires observaient le Mandalore dérouté depuis la cave d’une maison voisine, leurs capes réfrigérantes rendaient les senseurs thermiques de l’ennemi inutiles, d’ailleurs dans un environnement désertique il aurait mieux fait de se fier à son détecteur de mouvements.

Cela durait ainsi depuis l’aube, un chant avait débuté dans les villages et les voix avaient répondu, reconnaissant le signal du minaret. Trois par trois, les moines guerriers avaient embusqué les envahisseurs avec la patience du chasseur, leurrant ses sens, ses instruments, se drapant d’une peur mystique. L’effet de surprise était primordial, cela ne durerai pas et les gardes solaires le savaient.

En effet, en orbite la contre-attaque se préparait ; les patrouilles isolées avaient été rappelées et un bombardement en règle mettrait fin à l’inconvénient mineur que cette fichue planète représentait. Makkab à bord de son vaisseau amiral se réjouissait de la leçon qu’il allait donner à ces primitifs.

«Seigneur, navires en approche!»

Ils étaient là, comme surgis du néant avec le soleil dans leur dos.

«Comment sont-ils arrivés si près de nous sans que nous les détections?! Détruisez-les!»

Les radiations du lever de Thyrsus brouillaient les senseurs Mandaloriens, le minutage de l’attaque se montrait particulièrement précis. Les vaisseaux s’engagèrent et à leur surprise les Mandaloriens n’essuyèrent aucun tir, arrivées à courte portée, les arches rouges dévoilèrent sous leur blindage de proue en forme de marteau d’énormes bombardes ioniques, il n’y eut qu’un tir et les vaisseaux inconnus se ruèrent en avant à l’abordage du clan Makkab, ignorant le feu ennemi.

Et c’était là le propos de ces énormes coquilles blindées et peu armées, couvrir la distance qui les séparait de leur cible tout en encaissant le tir défensif ennemi, puis déverser leurs hordes de zélotes sanguinaires.

Défonçant la coque ennemi, les ombilicaux munis de grappins traversèrent le vide comme des serpents allant frapper. Dans les secteurs attaqués, les Mandalores se réunirent rapidement pour contrer l’adversaire, mais rien ne sortit des tubes que des voix sombres entonnant une litanie morbide, cela dura quelques secondes puis une lumière blanche jaillit alors que le feu se répandait, sortant des tubes pour enflammer l’oxygène des systèmes de survie Mandalore.

L’Enfer faisait rage à travers toute la flotte du clan Makkab, il fallut dépressuriser les secteurs incendiés, précipitant la majorité des défenseurs dans la vide, la place fut nette pour que l’envahisseur rouge pénètre sans résistance jusque dans certains secteurs vitaux des vaisseaux et ne les sabote. Certains de ces fous allaient jusqu’à se faire exploser eux-mêmes.

Puis subitement, un autre chant lugubre retentit et l’ennemi se replia aussi vite qu’il était arrivé… Les Mandalores ouvrirent le feu sur les arches qui se repliaient mais encore une fois, les radiations solaires brouillaient leur contrôle de tir. Ce qui choqua le plus Makkab dans le rapport initial d’engagement fut la disparition des cadavres, ils n’avaient laissé aucun cadavre derrière eux !

Furieux à l’idée de ce que ces fanatiques allaient faire des corps de ses gens, Makkab fit ce qu’aucun commandant sensé n’aurait fait : il ordonna la poursuite.

"Et quand résonnent les tambours de la guerre, alors les voici tels des charognards, toujours par deux ils vont : le maître et l’apprenti. Ni plus, ni moins.
Therion de Mandalore, chronique de la vague de sang.

Makkab était devenu fou, séparant sa flotte il avait poursuivi les arches des gardes solaires à travers tout le système de Thyrsus ; il avait ainsi appris que si Thyrsus Septimus ne semblait pas disposer de système de défense moderne, ce n’était guère le cas des autres corps célestes du secteur.
Les vaisseaux du clan avaient dès lors essuyés des tirs d’artillerie Turbolaser et leurs contingents de guerriers s’étaient rapidement retrouvés cloués au sol.
Une guerre morcelée faisait donc rage dans le système et Makkab devait constater qu’elle s’éternisait ; les gardes solaires saignaient les cadavres ainsi que tous les prisonniers ennemis qu’ils faisaient, puis il incinéraient leurs corps dans de grands feux de joie. De leurs côtés les Mandalores s’en prenaient à la population civile, incapables de prendre d’assaut les forteresses monastères ennemies.

La situation était sans issue, seuls quelques vaisseaux étaient encore opérationnels ; deux ans et demi de guerre réduisaient les effectifs de combattants actifs des deux camps à peau de chagrin, mais les autochtones pouvaient recruter et ce n’était pas le cas des Mandalores, du moins pas sans rapporter la situation au grand Mandalore lui-même. L’Orgueil de Makkab était grand, si bien que ce fut Mandalore qui envoya son scribe et compagnon Therion s’enquérir du retard que prenait l’avancée du flanc de sa croisade.
Therion était un combattant aguerri d’une soixantaine d’années et se passionnait pour l’étude de tous les adversaires qu’il rencontrait, dès le départ le récit du frustre Makkab le fascina, il proposa à celui-ci de l’aider à trouver une issue honorable à son problème sans rapporter la chose au grand Mandalore présentement. Makkab se rendit aux arguments du lieutenant de Mandalore et le laissa aller enquêter là où tout avait commencé.

Le Mandalore ne se cacha pas, il débarqua seul dans le désert de Thyrsus Septimus… Là-bas à quelques centaines de mètres, au sommet d’une dune, une silhouette solitaire vêtue de pourpre apparut. Dans la fournaise de l’après-midi ils marchèrent à la rencontre l’un de l’autre, Therion leva la main, paume ouverte et salua le garde solaire.

«La paix soit sur vous, ami.»

Ce dernier s’inclina légèrement et fit signe à son ennemi de le suivre, ils marchèrent alors que le vent soulevait des nuages de sable, tous les deux peu incommodés grâce à leurs armures, ils gagnèrent les rochers et s’installèrent à l’abri dans une niche qu’il formaient.

«Je suis Therion du clan Ordo, scribe du grand Mandalore.»

L’autre ne se décoiffa pas de son casque.

«Je suis une flamme, gardien et prolongement de la volonté de Thyrsus ; que veux-tu envahisseur?»

Le scribe expliqua qu’en vérité il aurait aimé rencontrer une autorité religieuse de la planète, le garde resta froid et le mit en garde.

«Je peux te mener jusqu’au frère commandant mais je ne peux te garantir qu’il ne te purifiera pas par l’acier et par le feu, il vous tient pour créatures très corrompues.»

La description suffit à exciter la curiosité du vieux guerrier, ayant survécu à des négociations avec les plus frustres des barbares galactiques, il se mit au défi de survivre à un fanatique religieux.

«Je me rends à toi et me mets à la merci de ton frère commandant, mènes-moi jusqu’à lui.»

Therion fut désarmé et chemina pendant trois jours dans le désert à la suite de la flamme qui le guidait, la rencontre le marqua quoi qu’elle fut brève. Ferñ Dren Cabb était un homme d’une cinquantaine d’années, aux cheveux poivre et sel, la peau burinée par le soleil.

«Il n’y aura nulle paix entre le clan Makkab et moi. La poussière retombera quand le dernier des leurs ou des nôtres sera mort.»

Therion put le comprendre, quel facétie le destin avait fait là, de mettre sous les traits d’un simple berger un chef de guerre face à un autre… Makkab avait raté l’épreuve que lui avait imposée son homologue, en tant qu’homme.

«Vous pourrez peut-être triompher de Makkab mais mon maître ne laissera pas notre honneur terni. La fureur des clans réunis vous frappera de plein fouet, et vous périrez comme vous avez vécus : par l’acier et par le feu.»

Cabb n’allait pas le tuer, il faisait la différence entre le clan Makkab et le clan Ordo, il fit ses adieux à l’émissaire, regrettant que ce ne fut lui qui ait posé le pied en premier sur Thyrsus Septimus.

«Votre peuple est très étrange Therion de Mandalore, vous venez brûler nos tentes, tuer nos troupeaux et violer nos femmes ; puis vous demandez la paix ou vous sentez offensés. Va dire à ton maître que pour sa chance la vague de sang s’est brisée il y a bien longtemps, il pourra venir nous achever comme des bêtes si telle est la définition qu’il a de l’honneur. Mais Makkab a tué deux de mes épouses, il est à moi et je l’offre en sacrifice à Thyrsus.»

Ils s’embrassèrent et Therion retourna à bord du vaisseau de Makkab, lui faisant état de son entrevue avec Ferñ Dren Cabb. Par amitié pour l’un comme pour l’autre, il jura de n’avertire le grand Mandalore que dans un an à compter de ce jour. Makkab, aux abois, décida qu’il devait en finir ; contre l’avis de Therion du clan Ordo, il fit appel aux services d’un seigneur Sith.

Darth An’shi et son apprentie Darth Armagana vinrent à la promesse de richesses ainsi que d’un service de la part du clan Makkab ; dans un vaisseau noir comme la nuit, ils arrivèrent dans le système de Thyrsus.

"Celui qui sème la trahison récoltera la vengeance."
Lorn Irrin Cabb, supplément à la chronique de la vague de sang.

Il fallut peu de temps aux Siths pour deviser un plan de bataille efficace à l’aide de leurs pouvoirs, ils étudièrent les pratiques religieuses des gardes solaires et leur façon de combattre. Ces adeptes du corps à corps combattaient surtout le jour, leur ardeur baissait avec l’astre solaire et leurs femmes ne prenaient jamais part aux combats; il fallait donc les attaquer de nuit, et surtout trouver une façon de pénétrer leurs forteresses monastères, ici entrait en jeu l’art de la duperie des Siths.

Makkab brûlait d’une haine toute particulière pour le berger qui l’avait ridiculisé, Darth An’shi envoya donc son apprentie avec un raid Mandalore, dans l’idée expresse de la faire capturer par l’ennemi.

Armagana était une femme d’une grande beauté, une guerrière habile et surtout un esprit d’une rare finesse ; comme tout Sith son ambition était trop grande pour se borner au rôle du disciple, elle avait donc son propre plan.

Les gardes solaires furent choqués que les Mandalores osent leur envoyer une femme, on la traita avec égard mais cette guerrière d’un nouveau genre intrigua le frère commandant du monastère de Carin dès son arrivée. Ils devisèrent souvent, et par bien des fois les gardes solaires profitèrent des conseils qu’elle formula à leur commandant… Le premier fut de surmonter ses tabous religieux et de profiter du couvert de la nuit pour combattre.

C’était là une grande hérésie, le haut conseil n’approuva pas et très vite le monastère de Carin se retrouva isolé. N’ayant plus à sa disposition qu’une poignée de guerriers, Ferñ Dren Cabb fut saisi d’un obscur pressentiment ; il fit appeler Armagana et lui exposa son trouble, il lui avoua qu’il soupçonnait qu’elle fut une sorte de sorcière à la façon des mystiques Jedis et qu’il avait encore une fois besoin de son conseil.
Armagana fut ravie de la situation, ses mots répondirent aux attentes du garde solaire de Thyrsus.

«J’ai en effet des pouvoirs qui te sont inconnus, je vois dans l’avenir et je puis te dire que si tu suis mes conseils à partir de ce jour, tu tuera Makkab et obtiendra vengeance de Mandalore.»

Il n’en fallait pas plus à un homme désespéré, quoi que pieux ; il plaça sa confiance en Armagana. Les gardes solaires étaient des guerriers doués et leurs pratiques religieuses les plaçaient très près d’un état de conscience de la Force, Armagana n’eut que peu à apprendre à son disciple pour qu’il devienne redoutable, à son tour il enseigna à ses frères et en très peu de temps la centaine de moines guerriers devînt une force mortelle et insaisissable.

La guerre se prolongea au delà du délai posé par Therion du clan Ordo, Makkab était dévoré par la haine, Darth An’shi signifia à son apprenti qu’elle devait agir dès maintenant ou en subir les conséquences.
Armagana ne voulait plus de l’écrasante tutelle du vieil An’shi mais elle le craignait à raison pour sa maîtrise du côté obscur de la Force ; à son tour elle connut la peur et se tourna vers Ferñ Dren Cabb.

«Mon maître va venir pour me reprendre et je ne veux plus de cet esclavage, tu es redoutable même pour moi, à nous deux nous pourrions le vaincre, c’est la condition que je pose pour t’offrir la vie de Makkab.»

Ferñ avait appris du temps passé aux côtés d’Armagana, et il l’estimait en tant que guerrière tout autant qu’il la désirait en tant que femme, après avoir passé toutes ces années dans la solitude. Il lui parla avec une grande passion et lui fit le serment d’affronter Darth An’shi à ses côtés quoi qu’il advienne ; ils scellèrent leur pacte en se connaissant comme des époux doivent se connaître, et ce fut le dernier pas sur le chemin qui devait les mener définitivement au côté obscur.

Armagana révéla les derniers secrets de son enseignement à Ferñ et la nuit convenue, elle ouvrit la porte à Makkab, An’shi et leurs guerriers. Ce fut le fameux dernier carré du pic de Carin, tous les frères y renièrent leur foi et confièrent leur destin aux mains de Ferñ Dren Cabb, leur seigneur.
Les murs furent couverts de sang, les défenseurs se battirent à un contre dix, il n’y fut fait aucun quartier ; Makkab n’eut pas droit à un duel, il fut odieusement massacré comme une des bêtes du troupeau que Cabb gardait autrefois. An’shi ne réalisa que trop tard que de nombreux initiés aux voies de la Force l’attendaient pour l’assassiner, il se défendit avec beaucoup d’adresse mais les sicaires sans pitié eurent finalement raison de lui, dans un rituel sauvage on profana son cadavre, dévorant son cœur et ses entrailles.

Au lever du jour, le pic de Carin n’était plus qu’une infâme boucherie, et l’armée des ombres de Ferñ Dren Cabb le sanguinaire avait disparue.

Le conflit dura sept ans de plus, pendant ces sept années les rumeurs concernant l’apparition de Cabb le sanguinaire et ses sicaires dans le secteur se multiplièrent ; le haut conseil des gardes solaires de Thyrsus déclara Cabb et ses disciples hérétiques, ordonnant qu’on les pourchasse et qu’on les purifies par l’acier et par le feu.
Finalement le reste des clans de Mandalore vînt exercer sa vengeance sur le système de Thyrsus, et ils ne laissèrent derrière eux aucune âme qui vive. Mais depuis le pont du vaisseau amiral, surplombant Thyrsus Prime ravagée par les flammes, Therion de Mandalore se doutait que quelque part dans l’obscurité de l’espace, une menace bien sombre guettait, attendant l’heure de sa revanche.

Les rites des gardes solaires de Thyrsus, tels que perpétués par le clan Cabb pendant trois mille deux cent ans, se sont dénaturés ; mails il arrivèrent néanmoins un jour sur Chandrila. Sept cent ans plus tard, depuis le pont d’un destroyer stellaire de classe impérial, un Cabb savourait la vue d’une misérable petite planète dévastée ayant pour nom Mandalore.

Moralité, ne dérobez jamais le troupeau d’un homme, dont la famille est capable d’attendre quatre mille ans pour tirer des vôtres sa vengeance ; les gens du clan des Cabb n’ont qu’une parole.

Créé le dimanche 3 juin 2007 à 0h41 par Guinch & mis à jour le mercredi 20 mars 2013 à 14h06