Rommor Ep63

 

_ Accusé levez-vous.

 

La salle choisie pour mener les auditions était un ancien salon privé, on avait ajouté à la hâte des tables et des chaises, tout le monde s’y trouvait au même niveau. Rommor avait entendu parler du général Airen Cracken, une des bêtes noires du renseignement impérial ; à l’époque où Alpha était encore en activité, la simple présomption d’une localisation positive sur cet homme, aurait déclenché l’envoi du commando pour une opération de nettoyage. En vrai, c’était un petit quinquagénaire tout ce qu’il y a de plus sympathique, bien que dans les circonstances, il ne fut pas vraiment souriant.

 

_ Rommor Irius Cabb, en votre qualité d’ex officier des forces armées impériales, vous êtes aujourd’hui présenté devant ce tribunal pour répondre des charges très graves de crimes de guerre, avez-vous bien compris les faits qui vous sont reprochés ?

_ Oui monsieur.

 

Rommor avait troqué l’uniforme pour un costume civil dans des tons clairs, sa meilleure défense restait les talents de couturière de Moira ; il lui avait aussi commandé la conception du nouvel uniforme des Forces de Défense Planétaires de Chandrila, qui remplacerait l’uniforme impérial sur leur planète. Pour l’instant, la volonté était de se montrer sous le jour d’un homme nouveau, père de famille et regardant vers l’avenir… Bref, pas l’ennemi d’hier.

 

Le fait que le défenseur de Rommor soit un wookie aidait pour son image ; Koshyyr avait insisté pour tenir ce rôle, dans un premier temps c’était un sage du peuple de Kashyyk tout a fait usé à l’exercice du droit, et dans un second, il considérait avoir une dette de vie envers l’humain Cabb.

 

_Bien, ce dossier est conséquent, et complexe… L’accusation et la défense ont produit leur liste de preuves et de témoins, nous commencerons les auditions dès cet après-midi. J’ai conscience que ce procès va attirer l’attention des médias, mais nous l’instruirons à huis clos, aucun d’entre vous ne doit quitter l’enceinte du palais avant son issue.

 

 

 

 

 

Moira vînt visiter son mari durant la pause de midi ; ils déjeunaient d’un plateau très quelconque sur un coin de tablette, assis sur les couchettes de sa cellule.

 

_ Ce n’est pas l’invitation à déjeuner la plus romantique que l’on puisse concevoir Trésor… Mais elle est originale, une cellule.

_ Pas de traitement de faveur, je suis le citoyen lambda.

_ Oui Lord Cabb, sûrement… On y croit tous.

_ Comment ça se passe là dehors ?

_ Pas trop mal, je n’aimerai pas vivre sur Coruscant mais au moins, Deseanna et Amyel passent du temps avec leur grand mère ; parfois c’est assez comique, je cite : « Dis mamie, pourquoi t’as mis papa en prison ? ».

_ Détention provisoire mon amour, je n’ai pas encore été reconnu coupable.

_ A part d’abandon de famille et d’actes d’héroïsme tordus et déraisonnés tout au long des deux années précédentes ?

_ Je compte bien tirer ma sentence familiale à vie.

_ Evite de tout faire pour l’écourter cette vie, et on en reparlera Trésor ; bon, je file, tu ne va pas tarder à repasser sur le grill.

_ Donne moi un baiser p’tite tête d’allumette.

 

Lady Cabb sourit malgré elle, et déposa un gros baiser sur les lèvres de son mari.

 

 

 

 

Borsk Fey’Lya se leva, jouant de son riche manteau blanc pour créer une effet de majesté ; il avait misé sur l’image de la pureté de sa cause. Ses yeux lavande et son pelage soigné lui donnaient indubitablement de la prestance, sa voix avec le petit feulement typique des bothans était probablement son seul défaut lorsqu’il s’exprimait en basic.

 

_ Honorés membres de ce tribunal, vous avez devant vous Rommor Irius Cabb ; cet individu est le parfait exemple de ce que nous avons combattu au sein de l’Alliance Rebelle. Car il n’est pas un simple officier, un fonctionnaire comme les autres, ou un soldat perdu au sein d’une guerre civile, comme il essaiera probablement de vous le faire croire… Non, cet homme est une pierre angulaire du système totalitaire de l’Empire, le fils d’un de ses architectes et bourreaux les plus infâmes. Il est de ces gens qui croient que leur idéal, s’ils en ont un, et plus souvent leur soif de pouvoir, justifient tous les sacrifices. Gentils êtres, je vais m’attacher à vous démontrer que cet individu a massacré d’innocents civils, assassiné des combattants de la liberté et s’est élevé dans la hiérarchie ainsi qu’enrichi en faisant couler de véritables rivières de sang.

 

Ce fut au tour du défenseur de Rommor de prendre la parole, Koshyyr ne portait rien, pas même d’écharpe attestant de son rang et de sa fonction ; en simple wookie, il s’avança, toisant chacun des juges longuement avant de prendre la parole, traduit par un droïd protocolaire des greffes.

 

_ TOUT EST DIT, ROMMOR IRIUS CABB EST COUPABLE… COUPABLE DES PECHES DE SON PERE, COUPABLE DES EXACTIONS DU SYSTEME QUI L’A ENFANTE ET EDUQUE, COUPABLE D’AVOIR A DE NOMBREUSES REPRISES ACCOMPLI CE QU’IL CROYAIT ETRE SON DEVOIR. BIEN SUR, IL N’ETAIT PAS UN SIMPLE SOLDAT, IL S’EN DEFEND ; IL ETAIT UNE FIGURE PUBLIQUE, UN COMMANDANT, UN HOMME QUI N’A NI LE DROIT A L’ERREUR, NI LE DROIT A LA FAIBLESSE ; SANS CESSE SURVEILLE, SANS CESSE PRIS COMME MODELE PAR SES SUBORDONNES, SANS CESSE SOUS PRESSION. JE NE VAIS PAS FAIRE DE DEMONSTRATION COMME LE CONSEILLER FEY'LYA, JE VAIS LAISSER PARLER LES FAITS, ET ILS VOUS DIRONT QUI EST CET HOMME ET COMMENT IL A TOUJOURS ASSUME LE POIDS DE SES REPONSABILITES, COMME AUJOURD’HUI EN SE PRESENTANT VOLONTAIREMENT DEVANT VOUS.

 

Sans faire étalage d’un orgueil disproportionné, Rommor garda la tête haute ; il n’était ni une victime, ni un coupable ; la passe d’armes entre Fey’Lya et Koshyyr avait été intense, le procès s’annonçait « passionnant ». Cracken jeta un coup d’œil au bloc de données devant lui, échangea un rapide regard avec les autres juges puis ordonna le début de la présentation des preuves et témoins.

 

_ La parole est à l’accusation.

 

Fey’Lya se leva, inclinant la tête en soumission… L’humilité avait quelque chose d’étrange sur le visage du canidé.

 

_ Merci votre honneur ; j’aimerai présenter la pièce à conviction numéro un, le dossier militaire de Rommor Irius Cabb.

 

Pas de surprise, le réseau Bothan était réputé, et même si la majorité des informations de l’amirauté avait été détruite lors de l’assaut, ils pouvaient avoir une copie datant un peu.

 

_ Entré à l’académie navale impériale à l’âge de seize ans, sorti troisième de sa promotion trois ans plus tard ; champion académique interarmes de tir au pistolet et poing impérial… Voilà qui démontre une motivation certaine. Première affectation à bord du croiseur Diligeant, puis affecté comme navigateur un an plus tard à bord du croiseur Vigilant. Condamné à la prison à vie pour mutinerie… Voilà un point intéressant que nous développerons un peu plus tard. Décédé au pénitencier militaire de Tarensk durant un accident de travaux miniers en apesanteur, l’accusé se porte plutôt bien pour un mort. Produisons à présent la pièce à conviction numéro deux, un autre dossier militaire, un peu plus récent, lui. Il diverge à l’accusation de mutinerie, effaçant cette dernière pour couvrir une période de plusieurs années d’une affectation « confidentielle » ; le capitaine Cabb est de retour il y quatre ans de cela, apparaissant comme en détachement de l’amirauté auprès du trône impérial, au service direct de l’Empereur !

 

Koshyyr objecta posément, mais avec la puissance de sa voix cela mit tout de suite un frein à l’envolée de Fey’Lya.

 

_ OBJECTION, L’ACCUSATION TIRE DES CONCLUSIONS HÂTIVES ; LE TRÔNE IMPERIAL ETAIT UNE ADMINISTRATION TRES ETENDUE, AVEC NOMBRE DE CABINETS ET AGENTS DE LIAISON, POUR AUTANT QUE L’ON SACHE, LE COMMODORE CABB AURAIT TRES BIEN PU ETRE UN SIMPLE COURRIER A L’EPOQUE.

 

Les juges ne se faisaient probablement aucune illusion sur le rôle de Rommor à cette époque, mais légalement, l’argument était raisonnable.

 

_ Conseiller Fey’Lya, veuillez vous en tenir aux preuves et ne pas élaborer de théories sans élément solide.

_ Certainement votre honneur, j’y viens… Notre simple courrier se retrouve, on ne sait comment, aux commandes du croiseur Glaive à Sepan, lieu tristement célèbre pour avoir été le tombeau du courageux amiral Harkov et de ses hommes ; le capitaine Cabb est cité pour bravoure pour avoir arrêté l’amiral Harkov dans sa fuite, les chiffres officiels du rapport de la commission d’enquête dénombrent 1322 victimes. Je pense que ces faits attestent que le capitaine Cabb n’était donc pas un simple courrier, mais bien un exécuteur.

 

Koshyyr conserva sa réserve, il aurait tout le loisir d’exploiter la pièce à conviction quand son tour serait venu, il ne devait pas paraître agressif aux yeux des juges, Fey’Lya devait passer pour l’être hargneux.

 

_ Suite à cet acte « héroïque », le capitaine Cabb prend, comme pour le Glaive, la place du commandant mort ; assumant le commandement du destroyer Protecteur, mais aussi d’une escadre attachée à ce dernier ; il s’agit de la fin de son détachement auprès du Trône, une récompense pour ses fidèles services en quelque sorte. A partir de là, l’incroyable ascension du capitaine Cabb se poursuit, l’amenant jusqu’au grade de commodore suite à ce qu’il ait traqué et exterminé les forces du grand amiral Zaarin qui étaient elles aussi entrées en rébellion contre l’Empereur… D’autres pièces amèneront d’ailleurs une lumière troublante sur ces événements. J’en ai terminé pour l’instant.

_ La parole est au défenseur.

 

Koshyyr resta assis, relisant négligemment le dossier ; puis il sembla prendre note d’une nouveauté quelconque et s’adressa à la cour, comme s’il posait une question.

 

_ Je lis dans le rapport de la commission d’enquête sur la bataille de Sepan, que le commandant des opérations lors de la traque de l’amiral Harkov était Dark Vador… Je lis ici qu’il a « relevé de ses fonctions » le précédent commandant du Glaive pour « manque de combativité face à l’ennemi », et par relevé de ses fonctions, j’entend exécuté sommairement… A la lumière de tels faits, je ne qualifierai pas le comportement du capitaine Cabb et de son équipage comme « héroïque », mais plutôt comme désespéré. Je ne commenterai pas plus loin cette pièce à conviction, concernant les événements liés au grand amiral Zaarin, je préfère appeler à la barre mon premier témoin ; j’appelle le capitaine Mona Gillis.

 

Le greffier à la porte fit entrer le témoin, un femme à la carrure solide, l’air sévère avec de longs cheveux roux attachés en queue de cheval ; elle portait l’uniforme de la flotte de l’Alliance. Ackbar ne dit rien, mais au léger roulement de ses yeux, on vit qu’il reconnaissait sa subordonnée.

 

_ Il est rappelé au témoin qu’il s’exprime sous serment, veuillez décliner vos noms et qualité.

_ Gillis, Mona ; capitaine de la corvette Insurgé, flotte de l’Alliance.

 

Koshyyr se leva pour s’adresser à la femme.

 

_ Capitaine Gillis, pouvez-vous nous dire quelles fonctions vous assumiez avant de rejoindre l’Alliance rebelle ?

_ J’étais l’officier en second du grand amiral Demetrius Zaarin.

_ Et avant cela, quelle était votre affectation ?

_ Second officier du croiseur Glaive.

_ Capitaine, pouvez-vous me dire dans quelles circonstances le capitaine Cabb a accédé au commandement du Glaive ?

_ Le seigneur Vador est monté à notre bord suite à ce que nous ayons failli à remplir les objectifs d’une mission, il a exécuté le capitaine Wassard et désigné le capitaine Cabb pour le remplacer.

_ A cette occasion, a t’il donné des consignes particulières au capitaine Cabb ?

_ Il lui a dit : l’Empereur compte sur vous capitaine Cabb, que ceci ne se reproduise pas.

_ Quelle était l’attitude du capitaine Cabb après cette nomination ?

_ Taciturne, épuisé ; il sortait à peine de l’infirmerie et ce contre l’avis des médecins.

_ A-t-il commenté le décès de son prédécesseur ?

_ Oui, il m’a exprimé ses regrets quant aux conditions de son arrivée à bord.

_ Lorsque le capitaine Cabb a engagé le Protecteur, pourquoi est-ce que l’équipage du Glaive l’a suivi ?

_ Il n’y avait pas de retour en arrière possible, c’était le combat ou l’exécution sommaire ; nous avons tous pensés que nous avions plus de chance de survie au combat.

_ La décision du capitaine Cabb était donc logique, pour ne pas dire raisonnable ?

_ C’est indiscutable sur le plan tactique.

_ Comment avez-vous rejoint le service du grand amiral Zaarin ?

_ Sur la recommandation du capitaine Cabb.

_ En dehors de l’estime professionnelle qu’il vous porte, y avait-il une raison particulière à ce que le capitaine Cabb vous recommande au service du grand amiral ?

_ Lors de notre intervention à Sepan, nous avons trouvé un disque que l’amiral Harkov voulait remettre à l’Alliance, il impliquait le grand amiral ; le capitaine m’a envoyé afin de prendre contact avec l’amiral et lui proposer notre aide.

_ Quel était le projet du grand amiral ?

_ Assassiner l’Empereur.

_ Quel rôle a joué le capitaine Cabb dans ce plan ?

_ Il a fourni les informations confidentielles sur le détail de la sécurité de l’Empereur, mis en relation notre faction avec l’Alliance et nous a prévenu de la contre-attaque loyaliste.

_ Pouvez vous nous dire dans quelles circonstances vous avez rejoint l’Alliance ?

_ Notre tentative a échoué, nous nous sommes retrouvés poursuivis par les forces de l’Empereur et il devenait clair que la situation était en défaveur du grand amiral Zaarin ; le commodore Cabb a permis à autant des nôtres que possible d’être exfiltrés par l’Alliance.

_ Merci capitaine, pas d’autres questions.

 

Fey’Lya n’avait plus l’air détendu qu’il arborait au début de sa démonstration, la mâchoire serrée et le regard dur, il se leva et entama le contre-interrogatoire.

 

_ Capitaine, quelque chose me choque dans votre récit ; il semblerait que quels que soient les revers de fortune de votre « faction » ou le nombre de morts dans ses équipages, le commodore Cabb s’en est toujours sorti, non ?… Voir même à son profit.

_ C’est un homme prudent et il…

_ Répondez simplement par oui ou par non.

_ Oui.

_ Il y a toujours entre lui et les actions pouvant le compromettre des gens de confiance, des gens comme vous.

_ Oui.

_ Est-il arrivé que le commodore Cabb fasse taire des gens susceptibles de trahir ses plans ?

_ Oui.

_ A la lumière de ces constatations, comment qualifieriez vous les méthodes du commodore Cabb ? Diriez vous qu’il est violent et manipulateur ?

_ Il utilise les méthodes qui…

_ Oui ou non capitaine ?

_ Oui.

_ Une dernière question, quelle est la nature de vos rapports avec le commodore Cabb ? Je veux dire, où vous êtes vous connus ?

_ Nous sommes issus de la même promotion de l’académie navale impériale.

_ Etiez vous proches, mêmes activités, mêmes amis ?

_ Oui.

_ On peut donc dire que le commodore Cabb est votre ami ?

Mona Gillis regarda l’homme assis derrière la table à côté du wookie, c’était une bonne question… Dommage que la réponse provoque l’inverse de ce qu’elle représentait.

_ Oui.

_ Pas d’autres questions.

Airen Cracken nota quelque chose sur son bloc de données et congédia Mona Gillis.

_ Le témoin peut se retirer, merci capitaine.

 

 

 

Le tribunal décida une interruption, Rommor se retira avec son défenseur dans une pièce adjacente pour discuter de leur stratégie.

 

_ Vous avez tranquillement retourné le Bothan comme une crêpe, il faut profiter que nous avons l’initiative et marquer des points, je crois qu’il faut appeler Jinto.

_ ETES VOUS SUR DE VOULOIR VOUS AVENTURER SUR CE TERRAIN ROMMOR ?

_ C’est le moment, après ce coup-là, tout le reste ne tiendra que du détail ; je pense que nous jouons l’issue du procès sur les deux prochains témoins.

_ J’AI PEUR QUE NOUS N’OUVRIONS LA UNE PORTE QUI POURRAIT BIEN MENER A VOTRE PERTE.

_ Elle ne restera pas fermée de toute façon, alors autant que ce soit nous qui l’ouvrions plutôt que Fey’Lya.

_ COMME VOUS VOUDREZ, MAIS JE CROIS VRAIMENT QUE NOUS DEVRIONS NOUS CONCENTRER SUR VOTRE DEFENSE PLUTOT QUE SUR CETTE VENGEANCE… CE QUE CES HOMMES VOUS ONT FAIT EST MONSTRUEUX, C’EST LE GENRE DE BLESSURES DIFFICILES A REVELER AU GRAND JOUR.

_ C’est une partie de l’homme que je suis, nous avons tous notre part d’ombre… J’ai accepté la mienne, c’était la seule façon de survivre dans les ténèbres.

_ NOUS ALLONS VOUS EN SORTIR, L’HONNEUR L’EXIGE.

 

Il était temps d’y retourner.

 

 

 

_ LA DEFENSE APPELLE LE GENERAL JINTO D’OMADA A LA BARRE.

 

Jinto avait fait un effort, enfilant l’uniforme réglementaire à la place de son éternelle tenue de camouflage ; il s’avança, l’air grave, cela ne lui ressemblait pas beaucoup. Cracken le salua d’un hochement de tête à peine perceptible, ils se connaissaient bien.

 

_ Veuillez décliner vos noms et qualité.

_ Jinto, commandant du camp Delta d’Omada, général des forces spéciales de l’Alliance.

 

Koshyyr se leva, il n’aimait vraiment pas ce qu’il allait faire ; après un grognement que le droïd greffier ne traduisit pas, il se lança.

 

_ GENERAL, OU AVEZ-VOUS CONNU ROMMOR IRIUS CABB ?

_ Au pénitencier militaire de Tarensk.

_ PARTAGIEZ VOUS LA MEME CELLULE ?

_ Non.

_ ALORS DANS QUELLES CONDITIONS VOUS ETES VOUS RENCONTRES ?

_ Dans le cadre d’un programme de sélection de l’Ubiqtorat.

_ QUE POUVEZ VOUS NOUS DIRE AU SUJET DE CE PROGRAMME ?

_ Pas grand chose, il s’agissait du programme Alpha, un groupe d’opérations spéciales formé de repris de justice condamnés à mort ou a perpétuité.

_ POURQUOI NE POUVEZ-VOUS PAS NOUS EN DIRE PLUS ?

_ Parce que je ne suis pas le mieux placé pour vous en parler, je n’y étais comme Rommor, qu’un opérateur.

_ QUI POURRAIT NOUS ECLAIRER SUR CE PROGRAMME ALPHA ?

_ Son concepteur et officier commandant, le général Crix Madine.

 

Borsk Fey’Lya s’étouffa d’indignation, Koshyyr se tourna alors vers les juges.

 

_ LA DEFENSE DEMANDE A CE QUE LE GENERAL MADINE SOIT CONVOQUE POUR REPONDRE A SES QUESTIONS.

_ C’est un outrage ! La connivence du témoin avec la défense est manifeste !

_ LE TEMOIN EST AU CONSEILLER FEY’LYA, LA DEFENSE N’A PLUS DE QUESTIONS.

 

Fey’Lya sauta sur ses pattes, bien décidé à démonter Jinto.

 

_ Général, quels liens vous unissent exactement à Romomr Irius Cabb ?

_ C’est un des rares types à qui je tournerai le dos sans m’inquiéter.

_ Vous êtes en quelque sorte des frère d’armes ?

_ On voyage sur le même chemin.

_ Répondez par oui ou par non.

_ Oui.

_ Une camaraderie ancienne, qui remonte au temps où vous combattiez pour l’Empire !

_ Non, à l’époque on ne pouvait pas se blairer, on a même essayer de s’entre-tuer plus d’une fois ; on est devenus des amis que bien plus tard.

La remarque fit sourire Leia Organa et Airen Cracken, au grand mécontentement de Fey’Lya.

_ Respectez ce tribunal, général ! J’imagine que comme le capitaine Gillis, vous avez une dette quelconque envers l’accusé, est-ce exact ?

_ Non.

_ Vous mentez ! Et j’en ai la preuve ! L’accusation fait valoir la pièce à conviction numéro trois, un scandoc intercepté par les services de renseignement de l’Alliance et ordonnant l’exécution de Jinto d’Omada par Alpha Red ! Général, dites donc à la cour qui était l’opérateur Red.

_ Rommor Irius Cabb.

_ Et il vous a laissé la vie sauve, n’est-ce pas ?

_ Oui.

_ Et vous osez prétendre que vous n’avez pas de dette envers lui ?

_Oui, je ne me sens pas de dette envers Rommor, il a fait ce qu’il pensait être juste pour rester sur le chemin, je ne lui ai rien demandé.

_ Arrêtez ce numéro du bon sauvage ! Cabb et vous êtes tombés d’accord pour vous attaquer au général Madine, votre rival pour le commandement des forces spéciales !

 

Koshyyr gronda, Fey’Lya dépassait vraiment les bornes ; Rommor avait eu raison, le bothan supportait très mal d’être mis en échec, mais il ne ferait probablement pas deux fois l’erreur de se laisser emporter.

 

_ OBJECTION ! L’ACCUSATION RECOMMENCE A EXPOSER DES THEORIES SANS LES ETAYER AVEC DES PREUVES, DE PLUS LES ACCUSATIONS PORTEES A L’ENCONTRE DU TEMOIN SONT EXTREMEMENT GRAVES.

 

Devant le regard des juges, le bothan rabattit ses oreilles en arrière et se calma.

 

_ Je vous prie de m’excuser général, mais avouez que votre témoignage tombe à point pour la défense.

_ On appelle pas un témoin s’il ne doit pas étayer votre cas ; jouez donc la vierge effarouchée, mais ce procès tombe à pic pour l’accusation, non ?

_ Je ne vous permet pas !

_ Vous venez juste de le faire.

 

Cracken mit fin à l’altercation, connaissant Jinto, il était à deux doigts de bondir de son siège pour ficher son poing dans la figure du bothan.

 

_ Ca suffit ! Le témoin est excusé. La séance est levée, je veux voir le défenseur et l’accusateur en privé.

 

Le premier round avait tourné au cirque, Cracken ne devait pas être aux anges ; surtout que la suite s’annonçait plutôt mal pour l’image de certains officiers supérieurs de l’Alliance, le centre focal du procès de déplaçait et le général se serait bien passé d’avoir ce bébé sur les bras.

 

Son influence était limitée mais il comptait bien l’exercer pour brider les facéties orchestrées par Cabb et les tirades inquisitrices de Fey’Lya. Lorsque tous, sauf Koshyyr et Borsk Fey’Lya se furent retirés ; l’habituellement affable Airen Cracken leur jeta un regard noir, bloquant toute déclaration préliminaire qu’il auraient pu faire.

 

_ Les juges de ce tribunal ne sont pas un public, mais bien une autorité ; je n’ose même pas imaginer ce à quoi cette première session aurait ressemblé si elle avait été ouverte au public. A partir de maintenant, et il n’y aura aucun autre avertissement de ma part, vous allez oublier l’esbroufe et le spectacle pour vous en tenir aux faits, aux déclarations des témoins et aux pièces à conviction. Nous jugeons Rommor Irius Cabb pour crimes de guerre, et jusqu’ici vous vous êtes seulement attachés à nous démontrer si c’est un brave type ou un salaud, les juges s’en fichent, ils étudieront les charges retenues contre lui, un point c’est tout. Vous avez fortement intérêt à revoir vos copies d’ici la prochaine session messieurs ; conseiller Fey’Lya, je veux ces « massacres de civils » que vous avez si passionnément évoqués dans votre préambule. Koshyyr, je suis d’accord pour faire appeler Madine à la barre, mais seulement si vous m’expliquez clairement ce que vous comptez en tirer. 

_ PAS EN PRESENCE DE L’ACCUSATION, IL S’AGIT D’UNE REVELATION STRICTEMENT CONFIDENTIELLE ENTRE MON CLIENT ET MOI.

_ Conseiller Fey’Lya, je crois que vous avez du pain sur la planche.

_ En effet, vous ne serez d’ailleurs pas déçu du résultat.

 

Le bothan sortit avec la ferme intention de faire donner l’artillerie lourde dès la session suivante, il avait été assez humilié lors de ce tour de chauffe. Satané wookie ! Koshyyr attendit patiemment puis expliqua ses intentions au président du tribunal.

 

_ CE TRIBUAL SERA INCAPABLE DE JUGER L’ACCUSE SANS CONNAITRE LES EVENEMENTS QUI ONT EU LIEU A LA FORTERESSE DE TARENSK.

_ Incapable ?

_ DES COMBATS A MORT, LA PRIVATION D’INDIVIDUALITE ET D’INTIMITE PHYSIQUE, ILS ONT FAIT DE CES HOMMES ET FEMMES DES BETES, DES MACHINES A TUER… ECRASE LEUR PERSONNALITE D’ORIGINE POUR EN CREER UNE NOUVELLE, ALLANT JUSQU'A LES MODIFIER PHYSIQUEMENT POUR EFFACER TOUTE TRACE DE CEUX QU’ILS ETAIENT AVANT.

_ Et vous dites que le général Madine est impliqué là-dedans ?

_ IL A CONCU CE PROGRAMME DE CONDITIONNEMENT.

_ Pas la peine de se demander pourquoi nos Specforces sont si performants s’ils ont été formés par un homme pareil, et vous dites que Jinto était des leurs ?

_ ON L’APPELLAIT GREEN, CABB ETAIT RED.

_ Je vois… Je pense que le tribunal doit en effet prendre connaissance de ces faits, mais le général Madine sera cité comme témoin, ce n’est en aucun cas son procès.

_ D’UN POINT DE VUE TOUT A FAIT PERSONNEL GENERAL, JE SUIS REVOLTE PAR CE QUE J’AI APPRIS ; SI NOUS JUGEONS UN HOMME COMME ROMMOR IRIUS CABB, CRIX MADINE DEVRAIT AUSSI REPONDRE DES ACTES DE BARBARIE QU’IL A COMMIS AU SERVICE DE L’EMPIRE.

_ La politique ne fait pas toujours bon ménage avec la morale Koshyyr, l’Alliance ne peut pas se permettre de voir un de ses héros compromis ; Alpha était un programme seulement connu de quelques uns, et il le restera après ce procès ; la mise en accusation de Madine n’est simplement pas une option. Si Cabb veut un affrontement à tout prix, alors il sera probablement sacrifié sur l’autel de notre nouveau régime ; vous devez le lui faire comprendre, c’est sa vie qui est en jeu, il n’y a rien d’autre à gagner avec ce procès.

_ J’AI ESSAYE, MAIS C’EST UN HOMME D’HONNEUR… MEIUX VAUT QU’IL LE LAVE EN PUBLIC QUE DANS LE SANG ; CAR IL N’HESITERA PAS A SE VENGER ET TRES FRANCHEMENT, JE NE LUI DONNERAI PAS TORT.

_ Si tout cela est vrai… Je ferai ce qui est en mon pouvoir pour ménager les différents intérêts en jeu, après tout, c’est à cela que sert la justice.

_ CHEZ LES WOOKIES, LA JUSTICE N’EST PAS UN COMPROMIS MAIS UN ACTE ABSOLU… LA TRAHISON APPELLE INMANQUABLEMENT LA VENGEANCE.

_ Nous ne sommes pas sur Kashyyk Koshyyr, je ferai de mon mieux d’humain.

_ JE VOUS EN SUIS RECONNAISSANT.

 

Le wookie s’inclina et quitta la salle, le plus dur restait à faire ; dans le crépuscule filtrant par les portes-fenêtres de la salle d’audience, la silhouette solitaire d’Airen Cracken laissait deviner le combat intérieur chez cet homme, partagé entre la raison d’Etat et la morale.

 

« Sommes nous si différents des impériaux après tout ? Par la Force, j’espère que oui. »

 

 

 

Lorsque Jinto d’Omada, accompagné d’un greffier du tribunal porteur de la citation à comparaître concernant le général Madine, arriva au quartier général des forces de l’Alliance, il était trop tard ; le général Rieekan haussa un sourcil, surpris et répondit à son collègue.

 

_ Madine ? Il vient de recevoir un ordre de mission urgent, il a pris un transport militaire il y a une demi-heure… En partance pour les colonies extérieures je crois.

 

Fey’Lya l’avait prévenu, et ils venaient ainsi de retarder la comparution de Madine d’au moins deux semaines ; le bothan avait repris l’initiative et la prochaine bordée qu’il allait tirer serait dévastatrice ; laissant à Rieekan le soin de faire transmettre la citation, Jinto retourna avertir ses amis que le prochain round allait être dur à tenir.

 

Rommor était calme, les bras croisés sur la poitrine, il était adossé debout au mur du fond de la cellule ; Jinto n’aimait pas l’étincelle qu’il voyait danser au fond de son regard.

 

_ Rom’ , Fey’Lya a bien joué son coup… Il gagne du temps pour présenter un truc qui te démolira avant que Koshyyr et toi ayez pu créer un coussin pour amortir ta chute avec l’histoire de Tarensk.

_ Pour l’instant il n’a rien, pour me griller il devrait sortir un joker et il lui faudra du temps pour rameuter des témoins ou des éléments.

_ Il a deux semaines pour te faire la nique, et il a un réseau de renseignement très étendu.

_ On doit forcer le retour de Madine.

_ Oh, et tu comptes faire comment, il va traîner des quatre fers pour s’assurer que tu passes au trou.

_ Il a bien été cité à comparaître non ?

_ Oui, évidemment, et après ?

_ On peut donc légalement l’y contraindre.

_ Aille… J’ai comme l’impression que je sais ce que tu va me demander.

_ Rien qui ne te compromette Jinto, tu as encore des contacts à la ligue des chasseurs de primes ?

_ Quelques uns.

_ J’offre un quart de million pour qu’on me ramène Madine vivant, ici, dans la semaine.

_ Un quart de million, t’es cinglé ? Ca va devenir le désert de Tatooïne, tout le monde tirera dans tous les sens !

_ Alors je monte à un demi million, je pense que c’est assez pour m’assurer qu’une seule personne saisira l’offre avant tout le monde.

_ Fett ? On ne saît même pas s’il est encore en vie depuis le carton du commandant Skywalker chez Jabba.

_ Avec un demi million, et pour chopper un membre de l’Alliance, je crois qu’on sera rapidement fixés.

_ Comme tu voudra, si tu es prêt à y mettre cinq cent kilo crédits.

_ Avec ce bothan c'est la guerre Jinto, tous les coups sont permis.

 

Rommor Irius Cabb ne croyait pas si bien dire...

 

 

Créé le lundi 1 octobre 2007 à 21h01 par Guinch & mis à jour le mardi 2 octobre 2007 à 23h50